Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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imanachnuelohim
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    Tranches de vie asiatiques

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    Tranches de vie asiatiques Empty Tranches de vie asiatiques

    Message par Lostdo Jeu 28 Jan - 12:10

    Koh Mak

    Enlisé à Trat, je suis, sur la côte du Golfe de Thaïlande, par de fortes chaleurs, déjà, en ce début de février.
    Rien grand’chose à voir, que le ballet incessant, dès le jour levé, de nuages d’hirondelles et martinets, fondant sur la ville et sa quantité phénoménale de mouches, moustiques, et cafards en tous genres.
    Aussi, je m’en vais,
    dans les îles.
    Un chapelet qui s’offre à moi, et se perd dans le golfe : je choisis la moins touristique, une des plus éloignées, un caillou de 17*4 kms, posée verte, comme un miracle,
    sur les eaux bleues que l’on sait.
    Deux heures trente de hors-bord ( 2 moteurs de 250CV chacun, quand même): fraîcheur inespérée en cette phase du jour, et qui hache en noir et flash les visions fugaces de minuscules îlots, semés dans les eaux turquoises, comme dans les pages des magazines…
    Au bout de l’estacade de bois brut, une île paradisiaque, un peu comme Tahiti offerte aux premiers voyageurs.
    J’ai trouvé un bungalow, sur la plage même, sous les cocotiers, dont la chute des fruits représente le plus gros facteur de risque sur l’île, après bien sûr, les accidents de moto.
    Me suis installé, ai mangé des fruits de mer, seul, dans un resto tout proche, ai bu de la bière, avant le bain de minuit, à 20H, cocasse : si seul..
    Ai donc bu de la bière, à nouveau.

    Le lendemain, très tôt, ai loué une moto, et me suis perdu le mieux possible, sur des chemins qui tous, au bout d’un temps, fleurtent avec la mer, étale et suprêmement indifférente.
    J’ai vu les villages de pêcheurs du Nord, qui vivent mieux d’ailleurs de la récolte du caoutchouc, que de la mer..
    Restes de mangroves, mangées de sacs plastiques qui défient le temps avec leurs slogans thaïs, qu’heureusement, je ne sais lire.
    Siestes avant l’heure, de femmes et d’enfants, dans leurs hamacs, et qui à peine relèvent la tête, au son de mon passage.
    Soleils et malaria, cahutes,
    le long d’une piste de moto.
    De retour vers la civilisation de la côte Sud, je cède aux reviviscences organiques du soir, de la fraîcheur retombée, inespérée : manger et boire, au frais.
    Mais aussi,
    résonner, infiniment, aux angoisses îliennes, celles nées du regard aux abois de ceux condamnés par l’omniprésence de l’eau, à espérer, d’ailleurs lointains, au-délà des mers, d’illusoires rédemptions.
    Etre insulaire vous condamne à l’extraversion, alors que l’étang autour duquel vous oeuvrez, tout l’été, vous ramène sans cesse aux racines de vous-même, votre attention sans cesse ramenée à ce point central, hypnotique, :
    vous.
    Me redécouvre désespérément continental.
    Aussi, aies-je essayé, le lendemain, des balades volontairement terriennes.
    Mais, sans semonces aucunes, chaque chemin de latérite, ombré de Teaks ou d’Hévéas, vous ramène à la mer, par frondes d’échappées visuelles, ou d’odeurs marines, et de ses envahissements solaires,
    pressentis.
    Les plus improbables des découvertes,
    fussent-elles même de chambres d’hôtes secrètes, égrenées le long de petites plages si perdues, et si francaises, qu’il ne faut plus s’y battre pour y penser anglais, et qui, langoureuses,
    face à des îlots sauvegardés, ralentissent le temps, au point que nombre s’y enchaînent,
    ne vous font grâce de ce simple constat :
    pour vivre heureux, ici,
    vous faut accepter le diktat
    de l’horizon marin.



    Je me suis sauvé, dès la première navette maritime,
    du lendemain.
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    imanachnuelohim


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    Message par imanachnuelohim Jeu 28 Jan - 23:54

    Tiens tiens ? serait un bon endroit pour un Koh lanta à la mode écologique.
    Avec le peuple de notre village,on pourrait faire ce jeu télévisé et organiser des défis style "celui qui ramassera le plus de sac en plastique" ou "faire le tour de l'île en vélo le plus rapidement possible" pour être le gagnant..
    Mais gagner quoi ? Un autre voyage pour faire ....la même chose !! NON ?


    _________________
    Il n'y a pas d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,de celui qui a changé 20 fois la forme de sa pensée et de sa vie
    mamina
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    Tranches de vie asiatiques Empty Re: Tranches de vie asiatiques

    Message par mamina Ven 29 Jan - 9:09

    Est-ce à dire que tout ce qui te ramène à toi vous ramène sans cesse aux racines de vous-même, votre
    attention sans cesse ramenée à ce point central, hypnotique, :vous
    te perturbe à ce point !

    Au point de quitter une ile paradisiaque !

    Et pourtant c'est vrai : les plus grands voyageurs sont ceux qui vivent sur une ile... mais peut-être pas uniquement pour les mêmes raisons que toi !

    Ton écriture m'enchante...


    Dolma
    Dolma


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    Tranches de vie asiatiques Empty Re: Tranches de vie asiatiques

    Message par Dolma Ven 29 Jan - 13:08

    Mots torturés
    Silence
    Mots hachés
    Absence
    Mots gribouillés
    Présence
    Mots imagés
    Absence
    Mots jetés
    Silence

    Mal à l'aise
    Jeux d'esprit
    Jeux d'écriture
    Mal à être...

    Dolma
    geob
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    Message par geob Ven 29 Jan - 15:08

    Un style pas commun !
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    Tranches de vie asiatiques Empty réponse à Dolma

    Message par Lostdo Dim 31 Jan - 13:07

    Toute écriture est le reflet des joies et souffrances d'être...
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    Tranches de vie asiatiques Empty Tourist..a

    Message par Lostdo Sam 13 Fév - 13:50

    A chiang's house, les moustiques et les destins disparates se fréquentent, forcés, à la nuit tombée, sous le patio-restaurant, éclairé chiche.
    Il y a cette anglaise distinguée, la soixantaine bien faite, toujours maquée de ce gars, genre italien ténébreux, aux cheveux blancs permanantés. Ils ne se parlent pas, ce que leurs regards croisés, du reste, soulignent à l'écoeurement.
    Ce soir, une vieille amie la retrouve et après lui avoir bandé les yeux de ses mains, elles minaudent en british pointu leurs émotions. Mais l'autre la laisse bien vite, le temps de donner congé au jeune thaï qui l'accompagne, et qui sans un mot a amené son bagage. L'entrevue n'est pas aussi discrète que la femme l'eût voulu: le jeune thaï fait l'obtus. Ils s'en vont plus loin, à l'abri des regards.
    Le vieux beau ténébreux, lui, n'a pas moufté.
    Il y a le vieil italien cachalot échoué, qui picole dès 9H du mat, et qui, jamais, ne quitte la guesthouse. Il est réveillé ce soir par la visite d'un compatriote plus jeune qui le tire, quelques instants de ses monologues stériles.
    Il y a cette Bosniaque-hertzégovine, vêtue de vêtements chamarrés et brillants des morceaux de miroirs que leur mode indienne y a laissé; il y a 20 ans sans doute. Un mec la cornaque, toujours présent, toujours silencieux. Chauve, barbichu, au long de leurs entretiens récapitulatifs, elle a l'air égarée, puis fini par le suivre, paisible.
    Hier, elle m'a fait du pied: le mec observait à quelques mètres, imperturbable. Réfrigérant.
    Bon, une bosniaque avec son psy, en balade, pourquoi pas?....
    Il y a enfin ma voisine, 20 ans, allemande, blanche comme un cachet d'aspirine, qui dort jusque 1h de l'apm. En fait, elle passe la soirée et la nuit dans l'annexe de la guesthouse, ou musiqueux locaux revisitent Jimi Hendrickx, à coup de joints, paraît-il fort bons.
    Et se paie des amours exotiques à bon compte.

    Bon, j'écris cela et il est 19H30, mon souper expédié: le temps de rejoindre ma chambre et ce roman policier de troisième main, dont l'intrigue, si elle suffirait à m'abstraire de la banalité de ma vie à Mettet, n'arrive pas à gommer, ici, l'étrangeté absolue de ces lieux
    Qui me ravit.
    NB: quelques jours après, les touristes jeunes du nouvel-an font place à d'autres vieux débris comme moi. Un couple, néerlandais ou allemand, s'impose.
    Un giton les accompagne, un beau thaï, costaud et pas ambigu. Lui et le mec du couple s'embrassent au bord de la piscine: la femme regarde, soumise...

    Qu'est-ce que je fous ici?
    Je vais repartir chez Pon, sous les étoiles.
    Elle, me fait taire, quand il s'agit de s'aimer: "Bla, bla, bla", dit-elle, un doigt sur ma bouche.
    Et me traîne vers son lit, en silence.
    Rideau, étoiles, criquets et grenouilles.....


    Dernière édition par Lostdo le Dim 14 Fév - 2:56, édité 1 fois
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    Tranches de vie asiatiques Empty Re: Tranches de vie asiatiques

    Message par Dolma Sam 13 Fév - 15:26

    "Et me traîne vers son lit, en silence, par le fond de devant du pantalon."

    quelle classe Tranches de vie asiatiques 36218

    Dolma
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    Tranches de vie asiatiques Empty Re: Tranches de vie asiatiques

    Message par geob Sam 13 Fév - 15:56

    Le vieil italien cachalot echoue promene son enveloppe humaine entre sa chambre et le patio restaurant. Quand il passe, il veut que cela s'entende : clac clac clac font ses tongs. Pour les sourds, il reste son odeur, une odeur aigre de vetements impregnes d'une sueur ancienne, accumulee au cours de ses perigrinations sommaires. Parfois, il s'arme d'un d'un cahier et d'un stylo...bon dieu ! C'est peut etre un ecrivain, un genie meconnu?

    - Monsieur Chiang, il y a des fourmis dans ma chambre.
    - J'arrive.
    Il arrive, le patron de la Chian'House, avec une bombe dans la main. La colonne de fourmis rouge offre un spectacle qu'il a deja vu. Il vaporise tout le long comme s'il donnait un coup de pinceau pour effacer d'un trait une incongruite trop voyante.
    Il me conseille d'attendre cinq minutes.
    Cin minutes plus tard, je reviens dans la chambre : le carnage ! On dirait un tas de semoule brune au pied de la table.
    - Monsieur Chiang ! Un balai !
    Et muni d'un balai, je repousse rapidement hors de ma chambre quelques centaines de fourmis rouges trepassees.

    Une belle armoire, toute neuve. C'est rare dans une chambre de guest house. J'ouvre la porte de droite...qui se deboite legerement. Pour refermer, je dois exercer une pression de bas en haut. Sous cette porte, deux tiroirs. Pour ouvrir le premier tiroir, je dois ouvrir la...porte...parce qu'elle coince le tiroir, et quand je le referme, je peux fermer la porte en exercant une pression de bas en haut. Compris? Monsieur Chiaaang ! Oh non ! Je l'ai deja embete pour les wc qui, lorsque je tirais la chasse, refusait d'arreter de gaspiller de l'eau. Bon, il m'a changer une piece et, pour l'instant, ca fonctionne. Et si je lui demandais de changer les charnieres de la porte de l'armoire?...





    Qui va doucement, va longtemps Tranches de vie asiatiques 14
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    Tranches de vie asiatiques Empty La piscine de Chian's house

    Message par Lostdo Dim 14 Fév - 6:22

    On peut suivre l'humeur de monsieur Chian, à l'état de sa piscine.
    Ce jour, elle est émeraude, comme les eaux mortes des atolls du sud. Aussi, lorsqu'on le salue, au petit matin, il vous répond. Contraint, mais il éructe quelques mots.
    Un beau matin, l'eau avait pris une couleur verdâtre. Monsieur Chiang fut à son chevet, multipliant les nettoyages sous-marin, et les adjonctions chimiques.
    L'eau avait un petit problème, mais rien de grave, avait-il fait savoir, péremptoire.
    Inutile de lui adresser la parole: la piscine fut désertée de ses idolâtres, qui y collectent, indolents, les souvenirs à venir de leur Thaïlande.
    Au matin suivant, la piscine montra une coloration franchement verte, un vert profond et soutenu. Une complication sur la difficulté initiale, faut croire.
    Mister Chian posa un panneau interdisant l'accès, bien inutile: pas un résident n'eût été assez fou pour risquer ne fut-ce qu'un pied dans ce remugle donnant la pleine mesure de sa créativité tropicale.
    Affairé, le visage fermé, le patron n'y fut pour personne: il fallu remettre à plus tard ses interventions urgentes dans les canalisations délicates, l'installation électriques et tous ces petits tracas domestiques.
    Une pompe entrepris à sourds grondements, le renouvellement partiel de l'eau: cette opération bruyante, menée de nuit troubla le sommeil de tous, mais personne n'osa s'en plaindre.
    Le lendemain matin, je fus le premier à admirer les reflets jaune vifs qui éclaircissaient les couleurs marécageuses. Le mélange irisé aux rayons matinaux était du plus bel effet, admiré à distance respectueuse, cela va sans le dire.
    Dans le patio-restaurant, ouvert à tous vents, Monsieur Chian dormait dans un fauteuil, au chevet de son enfant atteint, en somme, d'une nouvelle complication, sur la complication.
    Je battis prudemment en retraite.
    Au fil des jours suivants, la piscine repris étape par étape sa coloration standard, et Mister Chian sa très relative bonhommie.
    Sans atteindre les dimensions tragiques de Brazil, les complications se résorbèrent, ou s'annulèrent l'une l'autre.
    Les rires et conversations réoccupèrent le patio. Comme après un orage, la tension s'évapora, et chacun retrouva l'innocence de ses occupations. Pour bon nombre, la priorité revint d'acquérir ce bronzage bon teint, qui le distinguera des futurs arrivants, pâles comme les neiges du nord.
    Ainsi coulèrent à nouveau les heures lézardées des corps tout au long de la piscine.
    Pour ma part, je m'en fiche assez: m'en vais à moto.


    Dernière édition par Lostdo le Mer 17 Fév - 6:46, édité 1 fois
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    Tranches de vie asiatiques Empty Re: Tranches de vie asiatiques

    Message par Wapiti Dim 14 Fév - 9:27

    Tes instantanés asiatiques truculents,
    balancés du bout d'une plume désopilante,
    sont un véritable régal, Lostdo !
    sourire

    Il ne faudra pas m'en vouloir si un jour je les joins tous bout à bout dans la même discussion, pour une bonne digestion forumesque. Leur âme délicieuse n'en sera point abîmée, promis


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    Tranches de vie asiatiques Empty Tranche de vie: 2

    Message par Lostdo Mer 17 Fév - 10:33

    Au cours des jours que j'ouvre à Pha Soert, Pon (Poonw) s'impose à moi, sans frictions, comme le fil des heures tropicales.
    Je suis arrivé ce matin de la ville et de ses relatives urgences.
    Pon n'est pas chez elle, mais à son petit salon de massage ouvert il y a quelques jours, 400 mètres plus loin, le long des piscines d'eaux thermales où nous aimons venir, le soir tombé, noyés des volutes de vapeurs, dans la fraîcheur qui s'installe.
    Cela me pesait, cette inaction forcée, plongé dans une eau sulfureuse à 40°C. Mais la troublante présence du corps de Pon, tout vêtu, à la mode thaï, et qui m'impose d'avoir à barboter, en short, puis me savonne du bas en haut, sans que je puisse la toucher (quelqu'un pourrait venir, qu'elle connaît forcément, dans ce village de son enfance).
    Je m'y fais simplement, et conscent, désormais, à ces heures étranges pleines de rituels pressentis.
    Ce jour donc, elle est occupée avec une cliente. D'un sourire, puis d'un signe de tête, me montre l'embrasure de la pièce close, ou elle range son matériel, le soir. Y pend un trousseau de clés..
    Un signe: c'est pour toi.
    En silence, je retourne à la maison, saluer le chien qui s'est attaché à moi, disposer mes maigres effets, et goûté assez à la totale vacuité des heures à venir, prendre la machette et le sécateur, et deux heures durant coltiner, dans la bananeraie, mes rêves aux réalités tropicales.
    Solitudes bénies.
    L'après-midi touche à sa fin. Je rejoins Pon, qui a rangé son matériel, et nous allons au resto voisin. On blague léger, autant que nos anglais, et elle ponctue ses petites blagues du rituel Ben Tétê, qui la faire rire tant.
    Le soir va tomber.
    De retour à sa maison, les gestes immuables: cuire le riz du chien, égréner le maïs pour les poules et poulets étiques. Pon est dans sa tâche, et je suis fasciné de ses bouddhistes ferveurs tranquilles.
    De rares mots volètent légers, tandis que l'orchestre symphonique de crapauds, criquets, grenouilles (et autres que je ne sais pas), accorde leurs instruments.
    Lire mon roman, tranquille à la lumière chiche que Pon tolère, ne me dit rien.
    Et la distraire de ses tâches de mes dires stressés et vains d'occidental, ne recueille qu'un "bla, bla-bla!" définitif.
    Aussi, je l'assiste, aspirant soupirant.
    De retour des sources, la nuit tombée, sous le porche, nos propos deviendront plus graves: sa vie, la mienne, en contre-points: mais d'avant.
    Sous le concert à pleine mesure, les mots s'éteignent alors que l'aurore des étoiles occupe seule le ciel, et que nos mains se cherchent.
    Plus tard, contempler son visage asiatique, qui tient dans le creux d'une main, et répondre à ses baisers lents, graves, mais goulus comme nos corps sevrés.
    La nuit sera ardente. A ce corps juvénile souple du jour, tentera patiemment de répondre celui, massif, de mes raideurs accumulées..
    Massages, éclairs de lune dans ses yeux mi-clos, flamboiement des plaisirs d'instants éternels,
    Ici, et maintenant.
    Me faut écrire aussi
    les gravités d'aurores,
    ces instants à guetter
    le soleil levant,
    sur ses étangs fumants.
    "Here comes the sun",
    et nos ferveurs
    tranquilles.
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    Tranches de vie asiatiques Empty Re: Tranches de vie asiatiques

    Message par Invité Mer 24 Fév - 14:12

    Y'a pas à dire, c'est bien écrit, c'est exotique et tout et tout mais...

    Ca me fait comme un caramel mou qui fait sauter un plombage...

    Dom.
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    Tranches de vie asiatiques Empty A Pondy

    Message par Lostdo Jeu 25 Fév - 7:38

    Désolé que ce texte vous fasse cet effet délétère...
    Ne peut me dédire: c'est comme cela que je l'ai vécu.
    Suis-je donc innocent, naïf...
    Mais aussi, votre réflexion est la preuve (le fallait-il encore?) qu'on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments....
    J'en tiendrai compte à l'avenir: de bons sentiments, oui, mais comme la Comtesse de Ségur: avec un zeste de sadisme, et mieux encore, des douleurs secrètes, à explorer en surface, comme la langue sur une dent douloureuse.....
    Promis.
    Quand j'en aurai.


    Dernière édition par Lostdo le Ven 26 Fév - 13:15, édité 1 fois
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    Tranches de vie asiatiques Empty Re: Tranches de vie asiatiques

    Message par Wapiti Jeu 25 Fév - 10:31

    Lostdo, ne t'inquiète pas trop pour les dents gâtés de Dame Pondy. Ce n'est que petite faiblesse connue, et détail qu'elle peut soigner au Pondyspensaire. Tranches de vie asiatiques 626800 (Pondy : Tranches de vie asiatiques 63621 )
    Moi, j'en redemande, du Lostdo exotique et moelleux à souhait. Tranches de vie asiatiques 863782


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    Tranches de vie asiatiques Empty Re: Tranches de vie asiatiques

    Message par Lostdo Ven 26 Fév - 13:22

    Merci Wapiti.
    "Il est des soutiens qui apaisent, quand la Tentation du Silence point"
    (Anonyme, XVII°S).
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    Tranches de vie asiatiques Empty Re: Tranches de vie asiatiques

    Message par Wapiti Ven 26 Fév - 13:25

    Lostdo a écrit:"Il est des soutiens qui apaisent, quand la Tentation du Silence point"
    (Anonyme, XVII°S).
    Tranches de vie asiatiques 542953
    Je ne connaissais pas, mais :
    ce pourrait être la devise de plusieurs plumes du Village !


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    Tranches de vie asiatiques Empty Re: Tranches de vie asiatiques

    Message par Invité Ven 26 Fév - 17:06

    Lostdo, te fâche pas, tu sais fort bien que ton écriture est remarquable et j’ai simplement relevé le seul texte que j’aimais moins. Là est mon erreur.

    T’sais quoi ? J’m’amuse planquée derrière mon écran, c’est si facile d’être vache.
    Mais chuis qui hein ? J’vais te dire, une infirmière lassée du métier, une boulangère qui a jamais exercé, une gribouilleuse qui va jamais au bout de ses projets et même de ceux que l’on fait pour elle.

    Alors, tu vois ? Pas de quoi prendre ombrage quand ça vient d’une inconnue qui s’amuse à grincer des dents lors que dans la vie elle est lisse comme un galet sans aspérité ni surprise.

    Dom.
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    Tranches de vie asiatiques Empty Un soir, une moto

    Message par Lostdo Sam 26 Fév - 5:15

    22 février, 34°C
    Chiang Raï
    Après une journée de pistes, de ferveurs-frayeurs, j'ai espéré le soir, il descend, le voici.
    A 18 H, la fraîcheur renaît, timide, m'emporte dans son sillage. Je rejoins le marché de nuit pour un verre de vin et avancer dans la lecture de ce roman, qui, pas plus que les autres, depuis que je suis en Asie, ne me fait rêver. Et puis le repas du soir, vite avalé.
    Le moment que je préfère : rejoindre mon pavillon de banlieue, dans la circulation du soir.
    D'abord, s'insérer dans le flux de l'artère commerçante, et tourner à droite dans la rue des guesthouses et des bars. La fraîcheur du soir me fait la route belle. Voici les belles de nuit, en fourreau corps à corps, court aussi, soulignant les chaussures à talon aiguille, qui leur font le mollet citadin...
    La Grande Horloge est là, avec ses entrelacs improbables... Ne pas oublier de guetter à droite la trouée salvatrice, dans la circulation.
    Les égouts aérés distillent leurs remugles, à nul autres pareils, mêlés aux senteurs improbables des multiples gargotes qui avec le soir tombé, feront leurs affaires de quelques chalands perdus là.
    Aux abords du marché de jour (qui du reste ne se clôture vraiment que tard dans la nuit), l'authentique marché thaï, où chacun achète son repas du soir, le flux des motos s'entremêle comme la congestion de globules rouges dans un capillaire... Aussi chaotique et fluide: suffit de se laisser aller....
    L'occasion aussi de regarder, du coin de l'œil, toutes ces ados parfaites, parfois cinquantenaires, qui conduisent, téléphonent, voire rectifient l'agencement de leur chevelure moirée, au fil des feux rouges.
    En Asie, on vit à moto.
    Et quand, dans les méandres des ruelles du marché, aux odeurs et aux rythmes fluides, se mêlent les échos de conversations nasales et gutturales, tandis qu'au loin le Chedi d'un temple s'impose aux néons, alors, alors, vous souriez tranquille, au cœur du maëlstrom.
    Fin de trajet du solitaire voyageur, illuminé à nouveau: abandonné, là, ce soir encore, il est rentré
    à la maison.
    Lostdo
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    Tranches de vie asiatiques Empty Arbre-à-palabres

    Message par Lostdo Sam 26 Fév - 5:23

    Les arbres à palabres.

    Au coeur des plus noires de mes aubes, j'ai toujours eu droit au réconfort d'un arbre à palabres, même s'il m'a fallu souvent le chercher dans les villes étrangères.
    Je viens de trouver l'un de ceux de Chiang Raï: il est sis près du bazar de nuit, et j'y vais souvent, au crépuscule qui s'annonce, y retrouver les mêmes pépiements affairés de toute la gent ailée, pépiements qui commentent jour après jour, les inquiétudes ataviques nées d' un soleil mourant.
    Cet arbre est élu sans doute pour son exposition particulière aux points cardinaux, mais pas seulement.
    Un arbre à palabres est rarement bien situé pour saluer le jour naissant et s'offusquer du finissant. Pourtant, quand il est élu dans un de ces rôles, il l'est aussi pour l'autre.
    D'autres critères de sélection sont donc à l'oeuvre, et que je ne connais pas, évidemment.
    Sans doute la qualité du couvert intervient-elle: l'arbre doit être touffu et branchu pour offrir suffisamment d'assises à si grande et turbulente foule. C'est un critère que j'ai pu observer. Evidemment, la question du couvert est sans objet en hiver nordique, ou en saison sèche tropicale. Mais dans ce dernier cas, certains arbres gardent leurs feuilles plus longtemps, et ils me semblent alors avantagés, comme le sont aussi nos charmes et tilleuls de ville, densément branchus.
    Un autre critère est la tranquillité. Un arbre moins bien exposé à l'Est ou Ouest, mais en situation moins passante (véhicules mais aussi piétons) semble également avantagé.
    La vacarme issu d'un arbre à palabres est véritablement impressionnant et je m'étonne n'avoir jamais rien lu à ce sujet. La première fois que je me suis interrogé à ce sujet, fut une aube hivernale, le long d'une avenue bordée d'arbres de plus ou moins quatre mètres de haut, à Namur. Ma librairie des achats matinaux se trouve sise face à l'un de ces arbres, ni en début, ni en fin d'avenue. C'est le vacarme qui m'a fait questionner le libraire, qui s'y était aussi intéressé. Il m'a dit avoir parcouru certains matins l'avenue, pour constater que seul "son" arbre bruissait ainsi des bruits d'une intense vie ailée. Il ne savait pas pourquoi. Simplement l'heure: approximativement au lever et coucher de soleil, surtout s'il est alors apparent.
    Au fil de rêveries paresseuses, à l'occasion de déambulations insomniaques, l'évidence s'est imposée à moi.
    N'ayant guère de mémoire, les oiseaux, jours après jours sont réellement catastrophés du coucher de soleil, et tout aussi sincèrement ravis de saluer la chance inespéré d'un soleil levant.
    Leur petite existence est donc rythmée de leurs hommages et peines sincères au fil du rythme circadien.
    Amèrement, je pensais par devers moi, que notre mémoire nous privait ainsi des urgences vitales propres à nous faire vénérer, jour après jour, le fait d'être vivant.
    Je n'ai compris que récemment que l'arbre à palabres avait changé progressivement l'ordre de mes valeurs et priorités.
    Si je ne puis m'astreindre à la rigueur monacale, qui en simplifiant, finit par nous gratifier des mêmes émerveillements existenciels tous simples, à tout le moins je pouvais privilégier une écriture d'instants magiques, inattendus, inespérés, plutôt que la pauvre littérature qui nous narre par le menu 90 pages de noirceur, pour parfois, quelques pages d'espérances policées, corsetées par le contexte social ou historique. Attendues, quoi.

    En voyage, je deviens consterné des littératures opportunistes, au raz des contingences policières ou autres. Peu me chaut les dérives de tel ou tel destin
    particulier.
    Je me suis aperçu au contraire, que ce qui préservait la fraîcheur de mes perceptions, ce qui me sauvait des envasements tropicaux, où la vie, les femmes et le temps étaient si faciles, et doux jusqu'à l'écoeurement, c'était mon appétit sans borne de joies et d'émerveillements solaires qui vous brassent, comme marées le bois flotté de nos rivages. Et vous laissent éperdus, au seuil d'une existence à chaque fois définitivement bouleversée.
    En littérature, j'ai besoin maintenant des mêmes joies solaires, d'hymnes à la vie, de pardons oublieux, et de consciences aigües du miracle de chaque matin.
    Parce que rien d'autre n'a vraiment d'importance.
    Et que je ne sais trouver ces émerveillements dans les petites choses du quotidien, à la Luis-Mazure qui, un peu comme Proust et ses dissections de madeleines, sauve son jour, d'un reflet du soleil sur la table en formica de son arrière-cuisine, où du spectacle des ébats matinaux utiles de ses chats dans leur bac à sciure.
    Les madeleines de Proust ont eu le mérite, au moins, de nourrir des digressions parfois passionnantes.
    Mais enfin, force m'est de constater que les petits bonheurs à la Luis-Mazure séduisent majoritairement des femmes. A la session d'ouverture académique qu'elle animait, toutes mes collègues féminines sont restées, et quasi tous les hommes étaient sortis après un quart d'heure. (A l'exception notable de collègues masculins, fermiers et terriens dans l'âme).
    Que faut-il en déduire?
    Qu'ontologiquement, les hommes restent en chasse de tout élément leur permettant de facto de participer, chasseur et chassé, à cette panspermie d'émergence de la vie, et que les femmes, dès lors que leur quotidien est assuré paisible, cultivent les petites joies simples et terre-à-terre?
    Je n'ai pas envie de répondre.
    J'ai envie, au crépuscule de ma vie active, de vous faire partager mes éblouissements, et rien qu'eux.
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    Message par Wapiti Lun 28 Fév - 14:09

    Toujours agréable de lire tes chroniques d'Asie, Lostdo. top !


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    Message par imanachnuelohim Lun 28 Fév - 19:29

    Lostdo a écrit:Les arbres ..........., et rien qu'eux.

    Eh ben ,ils en auraient à raconter ,des palabres !!! Peut être ces arbres auraient-ils aussi....tes états d'âme :?bl:


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