Ma première lecture des aphorismes de Karl Kraus remontent à... ouh là ! Du coup, j'ai eu envie de me revigorer l'esprit en ouvrant cette nouvelle édition :
Karl Kraus / Aphorismes - dires et contre-dires / Bibliothèque Rivages.(2011)
(texte original paru en 1924)...
"Qu'est-ce qu'un dépravé ? Quelqu'un qui a encore de l'esprit là ou d'autres n'ont plus qu'un corps."
"Aucune barrière ne pousse plus à la transgression que la barrière de l'âge."
"Le christianisme a enrichi le banquet érotique du hors-d’œuvre de la curiosité et l'a gâté par le dessert du repentir."
"La solitude serait un état idéal si l'on pouvait choisir les gens à éviter."
"Le monde est une prison où il est préférable de choisir une cellule individuelle."
"Rien n'est plus étroit de cœur que le chauvinisme ou le racisme. Pour moi tous les hommes sont pareils, il y a partout des imbéciles et j'ai pour tous le même mépris. Mais aucun préjugé mesquin !"
(Cioran a sans doute lu les aphorismes de Karl Kraus, ou du moins devait-il en connaître quelques uns)
"J'ai entendu un Allemand éméché lancer à une jeune fille qui obliquait dans une petite rue, ces mots humoristiquement déclamés : "Voilà qu'elle y va, la sale pute !" On ne peut s'attendre à ce que soit promulguée une loi autorisant à abattre les Allemands qui, d'une seule parole, ont pourtant fait la preuve de leur inutilité sur terre."
***********
( Karl Kraus, le Viennois qui torpillait les idées reçues, qui brisait le cercle des pensées conformistes, ne portait pas les Allemands dans son cœur -il en avait aussi pour ses compatriotes, comme Thomas Bernhard plus tard. Mais sa férocité, loin de l'aveugler, rendait sa lucidité encore plus coupante, implacable. Il y a quelques jours, j'ai lu à la FNAC un de ses textes intitulé : "Je n'ai aucune idée sur Hitler" Il a écrit cela durant les six premiers mois de la prise du pouvoir en Allemagne par Hitler. Pour aller au plus vite, je dirais que l'analyse de Kraus montre tout. Déjà ! De l'ouverture des premiers camps de concentration, de la mise en troupeau hébété du peuple allemand, jusqu'à l’obsession de la race avec la chasse aux juifs, et d'ailleurs aussi le rôle effarant de quelques juifs, parmi l'élite, qui soutenait le régime. (1) Bref, on ne pouvait pas ignorer, dès 1933, ce qui allait advenir de l'Europe, et se rendre à Munich, de la part de nos hommes politiques de l'époque alors qu'ils n'ignoraient rien de la finalité du régime nazi, fut un acte d'une immense lâcheté !)
1) Hannah Arendt a, elle aussi, écrit des propos similaires dans sa relation du procès Eichmann en Israël. Ça a beaucoup choqué le pays !
Allez, un dernier, pour cette fois-ci :
"Comme il n'est pas permis d'avoir chez soi des animaux sauvages et que les animaux domestiques ne me procurent aucun plaisir, je préfère rester célibataire."
Karl Kraus / Aphorismes - dires et contre-dires / Bibliothèque Rivages.(2011)
(texte original paru en 1924)...
"Qu'est-ce qu'un dépravé ? Quelqu'un qui a encore de l'esprit là ou d'autres n'ont plus qu'un corps."
"Aucune barrière ne pousse plus à la transgression que la barrière de l'âge."
"Le christianisme a enrichi le banquet érotique du hors-d’œuvre de la curiosité et l'a gâté par le dessert du repentir."
"La solitude serait un état idéal si l'on pouvait choisir les gens à éviter."
"Le monde est une prison où il est préférable de choisir une cellule individuelle."
"Rien n'est plus étroit de cœur que le chauvinisme ou le racisme. Pour moi tous les hommes sont pareils, il y a partout des imbéciles et j'ai pour tous le même mépris. Mais aucun préjugé mesquin !"
(Cioran a sans doute lu les aphorismes de Karl Kraus, ou du moins devait-il en connaître quelques uns)
"J'ai entendu un Allemand éméché lancer à une jeune fille qui obliquait dans une petite rue, ces mots humoristiquement déclamés : "Voilà qu'elle y va, la sale pute !" On ne peut s'attendre à ce que soit promulguée une loi autorisant à abattre les Allemands qui, d'une seule parole, ont pourtant fait la preuve de leur inutilité sur terre."
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( Karl Kraus, le Viennois qui torpillait les idées reçues, qui brisait le cercle des pensées conformistes, ne portait pas les Allemands dans son cœur -il en avait aussi pour ses compatriotes, comme Thomas Bernhard plus tard. Mais sa férocité, loin de l'aveugler, rendait sa lucidité encore plus coupante, implacable. Il y a quelques jours, j'ai lu à la FNAC un de ses textes intitulé : "Je n'ai aucune idée sur Hitler" Il a écrit cela durant les six premiers mois de la prise du pouvoir en Allemagne par Hitler. Pour aller au plus vite, je dirais que l'analyse de Kraus montre tout. Déjà ! De l'ouverture des premiers camps de concentration, de la mise en troupeau hébété du peuple allemand, jusqu'à l’obsession de la race avec la chasse aux juifs, et d'ailleurs aussi le rôle effarant de quelques juifs, parmi l'élite, qui soutenait le régime. (1) Bref, on ne pouvait pas ignorer, dès 1933, ce qui allait advenir de l'Europe, et se rendre à Munich, de la part de nos hommes politiques de l'époque alors qu'ils n'ignoraient rien de la finalité du régime nazi, fut un acte d'une immense lâcheté !)
1) Hannah Arendt a, elle aussi, écrit des propos similaires dans sa relation du procès Eichmann en Israël. Ça a beaucoup choqué le pays !
Allez, un dernier, pour cette fois-ci :
"Comme il n'est pas permis d'avoir chez soi des animaux sauvages et que les animaux domestiques ne me procurent aucun plaisir, je préfère rester célibataire."