Place de la République.
Boulevard du Temple, je marche vers la place de la république. Sur la gauche, garées le long du trottoir, une longue file de fourgons blancs de la police nationale. Il y a pas mal de policiers sortis de leurs transports, ils arborent tous un gilet pare-balles et ils sont lourdement armés. Ouh là ! Poutine peut se pointer, il saura à qui il a faire, non mais des fois ! Enfin, je trouve plus intéressant la fresque murale d'un immeuble.
Place de la république. Où sont passés les drapeaux jaune et bleu? C'est quoi ce drapeau? Mince ! La Tunisie !
Solidaires? Peut être, mais ils ne sont pas là pour l'Ukraine, ils refusent la dictature en Tunisie, tout simplement, il est vrai que leur président a pris tous ses aises avec la Constitution tunisienne.
Ah tiens, deux drapeaux ukrainiens !
Bon, je contourne le monument et je vois un rassemblement, plus restreint, environ une vingtaine de personnes dont l'une d'entre elles lit un texte.
Bien sûr, je ne comprends pas car c'est de l'arabe, alors je me renseigne auprès d'une dame un peu en retrait : c'est une réunion de soutien pour un journaliste emprisonné au Maroc ! Je ne sais pas si les médias vont relater la présence de ces militants marocains et tunisiens. Je vois un attroupement plus conséquent, l'arrière une tribune, bon, ça va être le lieu des grands discours sur la guerre, à l'est de notre vie confortable. Ben non, cette fois-ci c'est le féminisme, la lutte des femmes sur les lieux de travail, d'ailleurs sur la scène on entend ces dames africaines, employées dans un hôtel, qui racontent comment elles ont fait plier le groupe Accor et obtenu, enfin, des salaires décents.
Je reviens sur mes pas, près de la bouche du métro République. Et cette fois, l'Ukraine prend le dessus, s'installe sur la place de la République. Il y a du monde, et de plus en plus, ils surgissent sans discontinuer du métro. Un excité distribue des tracts contre la guerre et met sur le même plan Biden et Poutine ; il n'intéresse personne et se heurte à une indifférence polie, hormis quelques commentaires par ci par là, mais à deux ou trois mètres de lui. Une dame, genre institutrice à la retraite, a portant essayé de le raisonner en lui prenant le bras. Me touchez pas, a-t-il hurlé.
Surtout ne pas rester planté au milieu de la foule, alors je bouge. Tiens, un individu ceint d'une écharpe tricolore, je ne le reconnais pas. Les pancartes sont prêtes...
...pas mal de gens arborent plutôt un écusson "Jadot 2022" - c'est bien le lieu, c'est bien le moment, de l'autre côté de la place des militants du parti socialiste distribue des tee-shirts avec l'emblématique "rose au poing", et au pied de la statue des ukrainiennes vendent des tee-shirts de circonstance.
Cette foule solidaire de l'Ukraine, visiblement, ne venait pas banlieue. Bon, je ne vais pas jeter l'opprobre sur les bobos, après tout, ils ont eu le mérite tout de même de ne pas être indifférent. Pour faire de la sociologie du café du commerce, je me hasarde à dire que les gens qui se mobilisent pour des évènements semblables sont informés, ouverts sur le monde, et ont un niveau de vie correct.
Au bout d'une trentaine de minutes, je me suis extirpé de la foule, je ne voulais pas entendre les discours de Jadot ou Hidalgo et partir en cortège sur les boulevards...
Maadadayo !