Une chaleur de fournaise s'étant abattue sur l'ile, nous sortions le moins possible la journée des bungalows du Club Med de Cargèse.
Un jour nous sommes partis de bon matin pour visiter la Haute Corse que nous connaissions déjà, mais nous avions décidés d'approfondir un peu plus cette région nommée "la Castagniccia". Arrivés à destination après nous êtres arrêtés à Corté pour déjeuner dans une auberge, de charcuterie régionale et de fromage, nous reprimes notre chemin pour Vescovato. Partout la campagne est verdoyante. Partout l'eau surgit des roches, claire, parfois rouge, quand elle coule sur des terres ferrugineuses, mais redevient limpide sitôt qu'on la recueuille dans un gobelet, les dernières pentes gravies nous arrivons à Vescovato. Ce village se dresse telle une forteresse grise. Au milieu une fontaine où la source coule à profusion. L 'eau coule partout dans cette région. Les maisons bâties tout autour sur des rochers, se serrent les unes contre les autres. Nous traversons la place, afin de nous rendre au rez-de-chaussée d'une des premières maisons du village. C'est une auberge, hôtel restaurant, nous pénétrons dans une pièce sombre et fraiche qui nous ragaillardit. Nous prenons une chambre, simple, propre et où la fraicheur nous promet une bonne nuit de sommeil.
Après nous être rafraichis et reposés 2 bonnes heures, nous sortons pour une promenade. Le vert des paysages a quelque chose d' anglais. Les paysans s'occupent de leurs jardins potagers, montent des murets de pierres sèches, nettoient les sources, coupent du bois. Nous rencontrons un homme portant son fusil à l'épaule, un chasseur. Venant d'un petit torrent coulant en contre-bas, un pêcheur arbhorre fièrement une douzaines de truites sombres et tachetées de points rouges. Elles sont un plaisir pour l'oeil et un régal pour le palais. Nous les avons mangées le soir venu à l'auberge. Le sous-bois regorge de baies, de fraises des bois au printemps nous renseigne une jeune fille à qui nous demandons le chemin d'un site à visiter.
Nous rentrons le soir vers 19 h fourbus, rouges, mais heureux. Nous montons dans notre chambre et après une bonne douche salvatrice, nous nous étalons de tout notre long et nous endormons profondément. Le ronflement de turbine nucléaire d'André me réveille. Le soleil est bas à l'horizon. je réveille André nous passons un coup d'eau sur le visage et descendons dîner.
Notre table que nous avions eu la sagesse de réserver avant la promenade, est plaçée près de la haute cheminée en pierre où 2 hommes peuvent se tenir debout. La préparation de la soupe corse se fait là. Pour l'heure, des troncs d'arbres à moitié consumés restent encore du dernier hiver. Au-dessus de l'âtre des bouquets de laurier et de palme tressée encadrent les gravures de personnages corses connus de tous mais pas de nous bien sûr. Nous dinons sans nous lasser de saucisson de sanglier, de lonzo, de figatelli grillés, puis les fameuses et délicieuses truites tachetées du torrent voisin. L'auberge est pleine. Des touristes bien sûr mais aussi des corses à l'accent si particulier, chantant, trainant, ne prononçant jamais les voyelles de fin des mots. J'adore infiniment. Mon André à les yeux qui brillent, le petit vin blanc corse fruité y étant pour quelquechose, mais pas que, l'ambiance, la chaleur des regards, la profonde gentillesse de ces gens accueillants.
Quand les corses ont bien mangés, un groupe d'hommes à la voix puissante prennent place près du comptoir et commence à interptéter des chants polyphoniques d'une infinie tristesse. La mélancolie m'envahit et je ne peux retenir mes larmes.
Puis l'un deux dit, en frappant sur une table :" écoutez-moi, j'ai une histoire à vous raconter.
L'histoire de Zi' Nininu et ses figuiers
Extrait censuré puisé dans le roman Voyage de Jean-Jacques en Corse ou Jours heureux à Vescovato par Jeanne-Hélène Sampiéri. - Toulon : les Presses du Midi, 2004 |
Nous avons tous applaudis. Cette histoire était certainement vraie et j'avais eu la bonne idée de prendre des notes dans mon calepin que j'ai toujours sur moi, ce qui fait que je peux vous la conter. Une idée me vint alors en montant dans notre chambre. Récolter des histoires vraies ou semi-réelles auprès de gens assez âgés pour se les rappeler et me les conter.
Je m'arrête là pour le moment, je vais commencer à préparer le déjeuner dominical.
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