Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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    Fragments d'Irlande ( 1980 )

    geob
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    Fragments d'Irlande ( 1980 ) Empty Fragments d'Irlande ( 1980 )

    Message par geob Lun 22 Nov - 16:46

    Lorsqu'ils sont revenus d'Irlande, ils nous ont dit à quel point ils avaient été emballés par les Bed and Breafast, les paysages, les filles aux yeux verts, les pubs où la Guiness coulait à flots, et aussi par la pluie qui était plutôt une caresse qu'un inconvénient touristique. Avaient-ils assisté à des courses de lévriers? leur ai-je demandé. Non, il y a mieux a faire en Irlande ont-ils affirmé. Et Cork ? Cork ! Passez votre chemin, il n' y a rien à voir !

    CYNODROMES
    Un beau jour du mois de mai, nous avons débarqué en Irlande avec un ami qui conduisait sa propre voiture. Dès le premier soir, nous découvrîmes l'ambiance d'un petit cynodrome de campagne, entouré par des gens chaleureux, des mômes qui "faisaient le papier" en notant les informations contenues dans le programme, en observant la présentation des 6 partants et, une fois le pronostic établi, ils couraient aux guichets minimum 20 cents. Les gros parieurs, des billets plein les mains, s'empressaient aux autres guichets.

    Personnellement, ce fut en Italie où je vis pour la première fois une course de lévriers. Jusqu'à la deuxième guerre mondiale, il s'en déroulait même dans la région parisienne - j'ai entendu parler du cynodrome de Courbevoie.
    Un Irlandais nous a expliqué le fonctionnement des paris : six partants pour chaque course, seuls comptent les deux premières places ; on peut donc jouer gagnant (1er), placé (1er ou 2 ieme, pas d'importance), gagnant/placé (on touche gagant et placé), ce qui rapporte le plus c'est le couplé uniquement gagnant, c'est à dire qu'il faut avoir les deux premiers dans l'ordre d'arrivée, ainsi, au cynodrome de Galway, j'ai eu le plaisir de gagner 3 livres 50 en misant 20 cents...une grosse cote !

    Vraiment, j'ai apprecié ce spectacle à l'échelle humaine, son côté familial, les guichetières qui devenaient adorables lorsque je leur faisais part de ma nationalité, et puis toujours ces poulbots d'Irlande, d'un sérieux confondant, professionnels jusqu'à se coiffer d'une casquette en tweed, visière bien inclinée sur le nez ; ils se dressaient sur la pointe des pieds pour pouvoir déposer leurs pièces aux guichets des paris. Que de bons souvenirs ! Surtout cette belle soirée, dans un des deux cynodromes de Dublin, où nous avons assisté à la victoire de Squeeze the Blue dans la "Guiness Cup" devant pas moins de 4000 spectateurs. Il a gagné avec trois longueurs d'avance, quel champion ! Je revois la fierté, la joie tranquille de la famille propriétaire. Tout de même, je suis surpris de n'avoir jamais oublié le nom de ce lévrier : Squeeze the Blue !

    UN PUB, UNE VILLE
    Je me souviens d'un dimanche après midi, sur les hauteurs de Cork, un quartier où il n'y avait rien à voir sauf l'essentiel : la rencontre des êtres humains. Nous avons poussé la porte d'un pub...oh le monde ! A ne pouvoir se caser sur la moindre banquette ! Pourtant, toute une famile nous fit signe de venir nous assoir près d'elle. Ils se sont serrés les uns contre les autres pour nous dégager deux places.

    C'etait un après midi où même le soleil s'invitait dans les coeurs.

    En buvant des pintes, en échangeant quelques mots avec nos voisins, nous nous sommes impregnés du moindre détail de cette ambiance populaire : les heures glissaient sur nous sans que nous nous en rendions compte, comme si nous étions des habitués de ce lieu, des Irlandais parmi les Irlandais. Un enfant s'approcha de notre table. Le chef de famille nous présenta son fils qui, sans demander son reste, s'empara du verre de son paternel et trempa ses lèvres dans la mousse pour boire une gorgée, puis s'en retourna vers sa partie de fléchettes.

    Une petite route de campagne qui longe la baie de Kinsale. Un pub, unique. Deux types en chemises blanches, pantalons noirs, adossés au parapet, les jambes allongées sur le sol, dégustaient leurs bières devant ce somptueux panorama. Je suis allé vite prendre ma pinte, et me suis installé face à la mer. Tout était en osmose ! Une adéquation parfaite de la bière, du soleil et de l'air si limpide. Donnez-moi encore des baies de Kinsale, des mers étales où dansent des myriades d'étoiles solaires, et je dégusterai toutes les bières que vous voudrez !
    Et si on reprenait une Murphy ?

    L'AMERICAINE.
    Je me demande si ce n'est pas a Kinsale où nous avons dormi l'unique fois dans une auberge de jeunesse. Une expérience que nous n'avons pas renouvelé puique les B and B étaient suffisamment agréables par rapport à cette nuitée de caserne que nous venions de vivre. La chef de caserne, une dame énervée. Alors que nous lui demandions nos cartes, elle nous offrit un balai et nous intima l'ordre de balayer ! Nettoyer avant que de partir, c'est le réglement ! L'Americaine et son ami que nous devions déposer dans une prochaine ville se mirent aussi au travail, avec un enthousiame qui compensa l'absence du nôtre, et avancèrent ainsi notre depart.

    Sur la route, confortablement installée sur les sièges arrières avec son copain qui, lui, ne parlait pas un mot de francais, l'Américaine semblait soulagée d'etre en notre compagnie, de parler notre langue.
    Mademoisele étudiait la littérature de son pays, ce qui m'a mis en joie. Quand je me suis informé si elle avait apprecié "Walden, ou la vie dans les bois" de H.Thoreau, j'ai mis le pavillon de la littérature en berne : elle ne connaissait pas, ce n'était pas dans son programme ! J'ai cru qu'elle plaisantait. En fait, non ! J'ai fini par me fendre de deux trois mots sur l'influence de Thoreau pour le mouvement hippie des années 60, le refus de vivre dans un cadre imposé, le rôle de la nature, et surtout la désobeissance civile. J'ai aussi ajouté qu'un soir de noël, plutôt que de réveillonner en famille, j'ai préferé rester dans les "bois de Walden". Cela l'a abasourdi !

    Ensuite, nous avons abordé d'autres sujets.

    Lorsque nous atteignîmes la ville où nous devions les déposer, l'étudiante fut desappointée ; son copain, lui, fut ragaillardi à l'idée de ne plus nous voir. Nous échangeâmes nos derniers mots devant la voiture, puis, comme le yankee s'impatientait, ele s'est jetée dans nos bras, nous embrassa comme si elle partait vers l'enfer, et l'autre, qui râlait, la tirait par la manche de son blouson en disant des ok ! ok !
    Nous les avons regardé partir. Comme nous l'avions parié, ele s'est retournée pour nous adresser un dernier grand salut.
    ( Mon incomprehension devant son ignorance de Thoreau n'avait pas lieu d'être. Je m'en suis rendu compte des années plus tard en lisant le sociologue américain, Christopher Lasch, dans son livre intitulé : "La révolte des élites". Il analyse, decortique l'éducation, l'université américaine : on en reste pantois ! A lire aussi "le complexe de Narcisse" Ces deux livres se lisent avec un crayon dans la main tant l'envie nous prend de souligner des passages)







    Dernière édition par geob le Mer 24 Nov - 15:55, édité 1 fois
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    Message par geob Mar 23 Nov - 15:47

    PLUIE, TOURBE.
    Il pleut. Quand il pleut en Irlande, on ouvre pas son parapluie, on ouvre ses narines afin de respirer au maximum l'air iodé, les embruns. Et puis on ouvre aussi ses yeux....Je me souviens plus du nom de ce port, dans la péninsule de Dingle, mais je vois toujours les façades pastelles des maisons qui s'alignaient devant le quai, je vois toujours cette fée Morgane que nous avons croisé, emmitouflée dans son gros pull blanc ; son visage de rousse aux yeux verts affichait un air un peu moqueur devant mon admiration, déjà nostalgique, pour une belle inconnue que je ne reverrai jamais ("...dont les yeux/charmants paysages/font paraître court le chemin..." Antoine Pol).
    Tourbières, l'odeur de la tourbe quand elle brûle, un paysan qui nous arrête, nous salue en soulevant sa casquette de tweed, nous demande d'où l'on vient....ah la France ! Des chaises que l'on sort par la fenêtre de la chambre du B and B. : nous nous installons face au soleil qui se couche sur la lande déserte, notre hôtesse nous appelle pour nous offrir le thé, accompagné de délicieux scones qu'elle vient de sortir de son four...la presqu'île d'Aran, une autre Irlande, hors du temps, mais demain nous devons reprendre la route.
    Le Connemara, ou l'Irlande occupée par les Anglais ?

    L'IRLANDE OCCUPEE PAR LES ANGLAIS
    Lorsque nous avons franchi la ligne de démarcation, nous avons roulé sur quelques klm sans croiser quiconque ou quoi que se soit, appréciant cette tranquillite relative alors que nous roulions dans le no-man'sland.
    Nous vîmes au loin un pont qui enjambait la route, une silhouette sur la gauche, une tâche rouge, La distance s'amenuisant, la silhouette est vite devenue un parachutiste britannique, le doigt sur la gâchette de son arme plaquée sur la poitrine ; de sa main libre, il nous a fait signe de ralentir et de nous garer à gauche du pilier où se nichait un petit local ! Les portes ouvertes nous laissaient voir un bureau, des photos d'individus placardées sur un mur -genre "affiche rouge", ou wanted-, sans doute des membres de l'I.R.A. recherchés.
    Un sous-officier est sorti du local pour vérifier nos papiers, le coffre de la voiture, et il a même passé le "miroir" sous le châssis.
    Lorsqu'ils nous ont laissé partir, notre enthousiasme pour notre ballade Irlandaise s'était quelque peu refroidi. Bon sang, pourquoi ne pas avoir bifurqué vers le Connemara ?

    1)DERRY
    La première image de Derry (surtout pas Londonderry) m'est resté à jamais gravée dans ma mémoire : une Land Rover militaire avec une mitrailleuse sur le toit, un soldat, dont on voyait le buste, prêt a tirer.
    Bienvenue a Derry !
    A Derry, je ne me souviens plus du B. and B. où nous avons dormi... le trou noir ! En revanche, comment oublier ce lieu mythique de la résistance contre l'armée britannique, ce quartier catholique où l'IRA Provisoire était come un poisson dans l'eau, je veux parler du Bogside dont le nom était inscrit sur la partie centrale d'une sorte d'arche, comme une marque de défi, qui symbolisait l'entrée de tous les dangers pour les occupants britanniques et leurs collaborateurs protestants.
    Lorsque nous sommes arrivés à pied devant cette arche, quatre soldats sortaient du Bogside, très nerveux, ils n'arrêtaient pas de regarder derrière eux ; tout à coup, ils se sont mis à courir comme des lapins pour regagner leur cantonnement, distant environ d'une centaine de mètres. Ah ils nous ont bien fait rire ces fiers guerriers, si prompts à tirer sur des gens désarmés !
    Oui, bon, mais...est-ce une bonne idée d'aller "visiter" le Bogside ?

    2)Le Bogside
    Premières impressions du Bogside : gris, personne dans les rues, pas de magasins, tristesse...le sentiment d'être dans un ghetto. Au bout de cinq minutes, nous apercevons une patrouille en action. Elle remonte le trottoir sur lequel nous nous trouvons. Les quatre "bérets rouges" emploie la technique dite du "pas de Belfast" : les deux premiers regardent devant eux, les yeux sans cesse en mouvement comme le faisceau d'un radar, l'un des deux placé derrière marche à reculons, observe surtout les toits, puis, quand il n'en peut mais, il reprend la marche normale tandis que son proche collègue le relais dans cette position inconfortable.
    Au moment de nous croiser, je n'en suis pas sûr, mais je crois que nous sommes descendus du trottoir, avec une furieuse envie d'être couleur passe-muraille. A voir les visages des quatres hommes, il est évident que patrouiller dans le Bogside ne ressemble pas à une partie de plaisir. Ce n'est pas le moment de leur crier "English go home !"





    Dernière édition par geob le Mer 24 Nov - 16:03, édité 1 fois
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    Fragments d'Irlande ( 1980 ) Empty Re: Fragments d'Irlande ( 1980 )

    Message par Wapiti Mar 23 Nov - 16:13

    Haaa, cette Irlande !
    L'Irlande de 1980, celle de 2004, celle de 2010...
    L'Irlande de Lilie, l'Irlande de Geob...
    Tant de raisons d'en avoir envie, tant de couleurs à découvrir...

    C'est un peu comme l'Ecosse de Mamina, et celle de Dolma...
    Ces bouts d'îles qui magnétisent...

    Décidément, il faudra ! Un jour...


    _________________
    "Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." F. Mauriac
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    Message par geob Mer 24 Nov - 15:44

    3)Pubs dans le Bogside
    Il pleut. Quand il pleut sur le Bogside, ce n'est pas comme dans la verte Erin : on regrette de ne pas avoir un parapluie ! On est vite frigorifié ! Et puis c'est triste, sauf pour quelques enfants qui jouent dans les flaques d'eau. Eux, ils rigolent ! Le ciel semble recouvert d'une plaque de plomb, cela accentue cette impression de pauvreté qui règne ici. Qu'on ne vienne pas nous parler de défense de particularismes, de guerre de religions, non, c'est une guerre d'un groupe humain contre un autre groupe humain, et l'un refuse à l'autre l'accès à une vie plus décente, plus confortable, parce qu'il tient à ses privilèges de la colonisation britannique.
    Besoin de s'alcooliser, on pousse la porte d'un pub...brouhaha des conversations, rires...la porte entièrement ouverte, tout le monde nous voit et...plus rien ! Silence instantané ! Tous les regards sont braqués sur nous, l'inquiétude se lit sur tous les visages, les gens restent figés comme dans un arrêt sur image. Interloqués, un peu inquiets nous aussi maintenant, nous nous avançons vers le bar derrière lequel le barman, crispé, cache ses mains sous le comptoir. Je ne sais pourquoi, l'angoisse peut être, j'ai dit bonjour en français. Et cela suffit pour détendre l'atmosphère ! La salle entière semble pousser un soupir de soulagement, les conversations, les rires reprennent. Vous êtes Français, nous dit le barman en prenant déjà deux verres.
    Le barman de ce pub nous explique : vous êtes ici deux inconnus, c'est la première fois que l'on vous voit ; plusieurs fois des inconnus sont entrés dans les pubs du quartier, mais ce n'était pas pour consommer, non, c'était pour jeter une bombe, ou tirer dans le tas. La prochaine fois, dîtes tout de suite bonjour en français !
    Nous l'avons écouté, et ça c'est révélé efficace.
    Nous étions dans le Bogside en mai 1980, quelques années après le "Bloody Sunday" !

    4)Belfast
    Que dire de Belfast ? On finit par s'habituer à tout ! Ainsi, en garant la voiture dans un parking proche du centre ville fermé à la circulation, on voit des militaires britanniques arriver en trombe, boucler le secteur, et que je te contrôle l'identité, les papiers de la voiture...oui, on finit par ne plus y faire attention. Puis, pour accéder au centre ville, nous passons entre des grilles, faut lever les bras, se faire palper et fouiller les sacs à dos des fois que l'on cacherait une arme. Le centre de Belfast, vide de voitures, comme nettoyé ! Pourtant des bombes continuent d'exploser !
    Mais où dormir à Belfast ?
    Nous entrons dans une librairie. Une petite brune sympathique, en veste de tweed, nous remarque. Tu connais un B.and B. dans le quartier catholique ? Elle éclate de rire, elle est protestante ! Elle nous indique une adresse, de l'autre côté du fleuve, une dame reçoit des étudiants dans sa grande maison, elle aura certainement une chambre à louer. Comme la curiosité est l'essence du voyageur, nous nous présentons devant une maison qui ressemble à celle de "Amytiville", un film d'angoisse de ces années 80, qui raconte l'histoire d'une maison hantée. Ici, on est chez les protestants, dans un quartier bourgeois...c'est le pouvoir économique.
    Trois coups de marteau sur la porte. Nous commençons à être bien trempé par cette pluie fine qui semble ne vouloir jamais s'arrêter. Alors, ça vient ? On gèle ! Quand la porte s'ouvre enfin, et lorsque nous découvrons cette femme, le premier mot qui me vient a l'esprit c'est : austère ! Elle est grande, elle porte un fichu sur ses épaules, un haut chignon de cheveux blancs, son visage n'esquisse pas le moindre soupçon d'un sourire de bienvenue. Je me vois, dans un flash, repartir dare dare vers la voiture garée plus loin, mais elle ouvre entièrement la porte et nous invite à entrer.
    Elle nous précède et nous conduit dans notre chambre, au premier étage, par un escalier en bois, large, magnifique. Elle nous laisse nous installer, se retire en précisant que si nous avons besoin de quelque chose... il ne fallait pas hésiter !
    Je crois que c'est le silence qui règne dans cette maison qui nous déstabilise. Alors, nous jetons en vrac nos vêtements mouilles sur nos lits respectifs, nous revêtons des secs, et nous repartons aussitôt à la rencontre de Belfast.
    Nous revenons vers les 16 h. Nous constatons que nos vêtements humides sont soigneusement disposés sur deux chaises, devant un radiateur électrique !
    On frappe à notre porte. La dame nous invite a boire le thé dans le salon, en bas, en compagnie d'un étudiant qui loue une chambre.
    Le salon, avec sa grande table en bois massif, verni, respire le passé, le confort cossu d'avant le formica et le bois aggloméré, les chaises au design diabolique et les baies vitrées. Nous saluons l'étudiant. La dame entre avec son service à thé en porcelaine -la classe, the touch of class !- puis nous laisse.
    A un moment donné, l'étudiant nous demande ce que nous pensons de la situation en Ulster. La conversation prend vite un tour critique : c'est un admirateur de Ian Pesley, ce pasteur fanatique, révulsé par l'idée de réunification de l'Irlande. Attirée par l'éclat de nos voix, la dame vient nous demander si tout va bien. Avec le recul, je me dis que nous étions gonflés. Après tout, nous n'étions pas chez nous - n'empêche, aujourd'hui encore, je lève mon verre a l'Irlande qui doit être unie !
    Le lendemain matin, dans sa petite cuisine, la dame s'affaira pour nous rendre son petit déjeuner inoubliable, et il le fut. Oui, tout était parfait dans cette maison, sans ostentation, encore une fois avec beaucoup de classe. En partant, mous la remerciâmes chaleureusement pour son accueil. Un léger, un doux sourire se dessina sur son visage.
    Cette dame qui nous avait impressionné de prime abord, réservée, d'une dignité incomparable, était d'une gentillesse telle que c'est la seule image que je veux garder de Belfast.

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    Message par Invité Mer 24 Nov - 18:33

    Très, très intéressant.
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    Fragments d'Irlande ( 1980 ) Empty Re: Fragments d'Irlande ( 1980 )

    Message par geob Ven 26 Nov - 11:07


    RETOUR EN IRLANDE
    Quel plaisir de revenir dans la verte Erin ! La dernière semaine, nous la vécûmes en fonction des réunions de courses de lévriers que nous trouvions, au hasard de notre route ; cela nous permit de vivre de magnifiques journées campagnardes, après avoir séjourné trois jours à Dublin, et parié trois soirs dans alternativement ses deux cynodromes, visité l'usine de Guiness où nous avons dégusté une blonde...que nous n'avons jamais vue en vente par la suite, et poussé, en toute tranquillité, la porte d'innombrables pubs - mais plus de Murphy à boire !

    Squeeze the blue
    Ton Irlande, c'est bien fini ! m'avait dit un camarade en contingences sociales. Si tu y retournes, tu seras bien déçu. D'abord, nous, les Français, nous sommes très mal vus, on nous considère comme des chapardeurs potentiels ! La vie est devenue très chère, il y a trop de touristes.

    Je ne retournerai pas en Irlande. A quoi bon refaire un voyage sur un passé révolu ? Chercher des souvenirs, des lieux, ne peut qu'amener déceptions et le ridicule d'affirmer que c'était mieux avant. Aujourd'hui, trente ans plus tard, les Irlandais doivent payer la note due à l'impéritie - la complicité avide aussi - de leur personnel politique qui a lâché la bride aux banquiers rapaces, et ces derniers, comme partout, s'en sont donné à coeur joie !

    J'ai entendu, dernièrement sur France Inter, que déjà des Irlandais reprennent ce chemin qu'ils ne connaissent que trop : le chemin de l'exil ! C'est vraiment cher payé cette entrée dans l'Union Européenne, mais je ne me risquerai pas à écrire que les Irlandais regrettent l'année 1980 alors que leur pays était considéré comme l'ultime terre d'Europe. Vivent-ils, malgré tout, une vie plus confortable ? En tous cas, je suis sûr qu'ils se sont normalisés avec cette manne illusoire qui leur a fait croire au destin d'un pays béni des dieux.

    L'Irlande se passera donc d'une nouvelle visite de ma part, après tout Squeeze the blue ne gagnera plus la Guiness Cup !




    Dernière édition par geob le Sam 27 Nov - 15:12, édité 1 fois
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    Fragments d'Irlande ( 1980 ) Empty Re: Fragments d'Irlande ( 1980 )

    Message par Dolma Ven 26 Nov - 12:17

    Et puis quand on va en Irlande on ne peut pas jouer à cloche-pied d'une ile-caillou à l'autre, comme en Ecosse l'enchanteresse, alors c'est même pas drôle l'Irlande Fragments d'Irlande ( 1980 ) 863782 !!!


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