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"— LA LOIRE DES POÈTES —
Joachim du Bellay à Liré :
Loyre fameux, qui ta petite source
Enfles de maintz gros fleuves et ruysseaux,
Et qui de loing coules tes cleres eaux
En l'Ocean d'une assez vive course :
Ton chef royal hardiment bien hault pousse
Et apparoy entre tous les plus beaux
Comme un thaureau sur les menuz troupeaux
Quoy que le Pau envieux s'en courrousse.
*
O de qui la vive course
Prent sa bienheureuse source
D'une argentine fontaine,
Qui d'une fuyte loingtaine
Te rens au seing fluctueux
De l'Occean monstrueux,
Loyre, hausse ton chef ores
Bien haut, et bien haut encores,
Et jete ton oeil divin
Sur ce païs angevin,
Le plus heureux, et fertile
Qu'autre, où ton onde distile.
Bien d'autres Dieux que toy, Pere,
Daignent aymer ce repaire
A qui le Ciel feut donneur
De toute grace, et bonheur. […]
Quant à moy, tant que ma Lyre
Voudra les chansons elire
Que je lui commanderay,
Mon Anjou je chanteray.
Une chanson de mariniers :
De Nantes, Ancenis et Oudon,
On voit nos belles flottes.
Surtout quand le vent nous est bon,
Cela nous ravigote.
La toue, à la berne, en avant,
Les balises nous dirigeant.
Chantons la Loire et sa marine,
Sur terre il n’est rien de pareil.
En route au lever du soleil,
Chantons la Loire et sa marine.
De Saint-Florent aux Ponts-de-Cé,
Une grande distance,
Saumur, Chapelle-Blanche et Chouzé,
Le plus beau pays de France,
Aussi la ville de Tours,
Amboise et ses alentours.
Dans les villes et les bourgs,
Nivernaises, Nantaises,
Accourez dans vos fins atours
Vers les Orléanaises,
Toutes les belles de sur l’eau,
Du pays bas au pays haut.
Venez, belles marinières,
Venez, ô doux objets charmants,
De toute la rivière,
L’amour aux bateaux vous attend.
René-Guy Cadou à Rochefort
Un peu en aval d'Angers, à Rochefort-sur-Loire, en 1941, se groupent autour du pharmacien-poète Jean Bouthier, Marcel Béalu, Maurice Fombeure, Michel Manoll, Luc Bérimont, Jean Rousselot, René-Guy Cadou pour affirmer «les pleins pouvoirs de la poésie et l'absolue liberté du poète». Leur terroir, c'est Béhuard, La Haie-Longue, Saint-Aubinde- Luigné.
Juillet comme un beau soir dans un jardin sablé
L'auberge la fumée des quinquets de la gare
On n'a pas rétabli les deux ponts sur la Loire
Mais on a bien gardé celui de la mémoire
Et tu marches là-bas parmi les oseraies
Traînant derrière toi ton unique village
Ses faces de buveurs ses chevaux son clocher
L'ardoise du poète et l'absinthe sauvage
Qui nous attend sur le comptoir de l'amitié
Te souviens-tu de la maison et du passeur
En cotte bleue et qui fumait des cigarettes
Mouillées Te souviens-tu de Behuard cette cloche
Qui nous battait le coeur comme une aile brisée
Le bruit vague de l'eau la collégiale rose
D'un ciel qui se mourait de son immensité
Nous chantons sur la route et déjà se dessinent
Les bocaux jaune et vert de ta maison hantée
Emmène-moi dans la vallée vers la demeure
De Marie-Cécile en Saint-Aubin-de-Luigné
Que j'y retrouve et que j'y boive ma jeunesse
Fraîche et joyeuse comme un décor du Douanier
Pascal Quignard à Oudon
«En juillet 1976, je m’installai dans la muette, près d’Oudon. J’avais le désir d’entendre de nouveau les cris de sarcelles sur la Loire. Loire que je revois, immense, plus belle que la Seine ou le Tibre, sorte de Gange immense dans la lumière si étrange qui lui est propre. Vaste fleuve, vaste lumière grenue et prodigieusement dorée. Et qui éblouit un peu : immense dô me, dans l’hiver qui avait précédé, attaché au sol par les sablières et les petits saules des rives. Et dans la brume du matin je voyais les enfants qui couraient — avec des gaules sur l’épaule — et qui partaient pêcher sur les épis.» (Le Salon du Wurtemberg) "
Lilie