Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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    Un réveillon à la neige (réédition)

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    Un réveillon à la neige (réédition) Empty Un réveillon à la neige (réédition)

    Message par Wapiti Sam 31 Déc - 19:52

    Les ancien(ne)s du Livistan, vous vous souvenez ? clindnoel

    Il était une fois…
    des Wap.
    Des Wap, soeurette et frérot, qui avaient un rêve.
    Un rêve de réveillon, là-haut dans la montagne, sous la neige, au coin d’un bon feu dans un refuge…
    Un rêve de soirée entre randonneurs, dans le calme feutré d’une montagne alpine qui leur offrirait en cadeau de nouvelle année un coucher de soleil aux couleurs de bonbons acidulés…

    Et cette année-là, le rêve était à portée de mains !
    Des mains de voyageurs, de randonneurs qui s’étaient tendues pour leur offrir ce réveillon de rêve. "Nous avons réservé un refuge, il reste de la place, venez ! Nous pouvons aussi prolonger quelques jours…"
    L’invitation est tentante… acceptée : les Wap en seront !
    Wapata le frérot, le cœur sur la main pense immédiatement à proposer ce bon plan à un étrange voyageur guillaumesque… Pour sûr qu’il vient le bonhomme !

    Veille de Saint Sylvestre, voilà le francilien rendu au Wap’chalet. Les sacs à dos -monstrueux !- sont prêts, les yeux brillent d’impatience…



    Jour J.

    Le réveil sonne dans la nuit qui s’éternise. Il n’est pourtant pas si tôt.

    Le temps n’est pas au beau ce jour-là, le chargement de la voiture n’oublie pas les incontournables chaînes… qu’en bons savoyards les Wap n’ont encore jamais utilisées ! Ce sera peut-être une première… encore une.

    Une heure trente de route, finalement « noire » et sans obstacle, et c’est la rencontre avec le groupe chez le loueur d’arva incontournables. Pour beaucoup, c’est la découverte avec ces petits boîtiers au bip salvateur en cas d’avalanche. Un petit stage d’arva il y a une quinzaine d’années ? C’est bien Wapiti, cela te donne le droit d’être privilégiée et de charger en plus sur ton sac la pelle et la sonde, compagnons indispensables de l’arva, pour peu qu’on sache s’en servir… Ô quelle joie, merci, merci !

    Un saut de roues plus loin, le parking. Déchargement impressionnant. On enfile, on chausse, on bourre, on serre les sangles, on clippe, on boucle, on bâte… Bon sang, que de baudets bien chargés ces treize là !!



    13. Auraient-ils dû voir en ce chiffre un signe précurseur de la suite ? Pas superstitieux pour deux sous, ils n’y ont même pas prêté attention…

    En fait, ils ne forment pas encore vraiment un groupe de 13, mais plutôt 4 petits groupes qui ne se connaissent pas, qui partiront de façon échelonnée, marcheront chacun à leur rythme et se retrouveront –peut-être !- en haut…

    Il y a Jimmy et ses 3 compères, jeunesse en skis de randonnées, premiers partis, bien partis, jamais rattrapés. La clé du refuge leur a été confiée, bonne idée, ils ont pu chauffer les lieux avant l’arrivée du gros de la troupe.

    Il y a Wap, partis en deuxième position ; ils avaient prévenu, très lucides sur leur rythme de marche, leur état de forme, le poids des sacs, la présence dans leur sillage d’un Guillaume parisien novice en raquettes… ils avaient prévenu qu’ils seraient dépassés très vite par tous et qu’il ne faudrait pas les attendre. Ils avaient raison les bougres…

    Il y a Lolo, Ricou, Deb, le trio de raquetteurs qui ont eu vite fait de rattraper les Wap, ont quand-même eu l’occasion de partager la brève pause déjeuner avec eux, avant de les laisser irrémédiablement derrière.

    Enfin, parties en bonnes dernières, il y a Karine et ses deux copines. A ski, elles auront tôt fait de rattraper les raquetteurs, et de filer vers les hauteurs promises. Mais Karine, en grande organisatrice, s’inquiètera, ralentira, attendra… Elle devait le sentir au fond d’elle, il fallait attendre un peu…


    .../...


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    Un réveillon à la neige (réédition) Empty Re: Un réveillon à la neige (réédition)

    Message par Wapiti Sam 31 Déc - 20:00

    Un peu avant midi, c’est le départ du parking pour les Wap.

    La montée vers le refuge est annoncée en 3-4 heures. Aucune difficulté technique, mais 800 mètres de dénivelée, tout en longueur sur un peu plus de 7 km. Guillaume as-tu à ce moment là conscience de ce que cela représente ? … C’est traverser Paris à pied de l’Arc de Triomphe à la Gare de Lyon, et monter trois fois de suite au troisième étage de la Tour Eiffel, par les escaliers bien sûr… Non, Guillaume n’en a absolument aucune idée.

    Wapiti par contre fait le compte : surpoids adipeux + fatigue classique de cette période + sac lourds, trop lourds + manque d’entraînement + rythme naturellement lent en montagne… 4 heures est un minimum utopique. 5 heures paraît être une estimation plus raisonnable. Arrivée prévisible à la nuit. Probablement à la frontale… sous la neige.

    Parce que à cette altitude, c’est une journée de neige. Pas de tempête, juste des averses de neige plus ou moins denses. En partance pour tutoyer les nuages qui pourraient prendre un malin plaisir à nous envelopper, là-haut, sur les hauteurs. Heureusement, pas de souci pour suivre le chemin : c’est sur sa première moitié une bonne route non déneigée… et une trentaine de chasseurs alpins est passée là quelques jours plus tôt, nous traçant une sente évidente plus haut, après. Même à la frontale et dans les nuages on devrait s’en sortir… encore faut-il arriver jusque là.


    Un peu avant midi, donc, c’est le départ.
    Raquettes aux pieds, arva branchés et testés. Wapata fait bip-bip. Guillaume fait bip-bip. Wapiti chef de cordée reçoit clair tous les bip-bip. Jusque là, tout va bien.
    Guillaume découvre qu’il n’y a rien de sorcier à marcher ainsi armés. L’a encore tout son humour, le gars, bien emmitouflé dans sa doudoune canadienne.

    On avance. Lentement mais avec confiance. Même si forcément sous la charge les jambes peinent, les épaules et le dos se tendent, les cerveaux travaillent. On pense au rêve qui se concrétise, on focalise sur les muscles qui tirent, on admire le paysage enneigé, on essaie de penser à des choses drôles pour tenter de dissiper les angoisses qui percent, on s’imagine déjà là-haut à humer le doux fumet des diots-polenta, à se délecter des toasts, les yeux aussi pétillants que les bulles dans les verres, les pieds libérés de leur chaussures-prisons, on évalue la part d’inutile qui n’aurait pas dû prendre place dans le sac, on repense à d’autres récits de chalet sous la neige… Il y a un wap-cerveau particulièrement qui oscille en permanence entre déguster ce rêve qui se réalise dans cet univers de vallon forestier de blanc vêtu, et calculer le rapport vitesse-avancement-distance-temps estimé… Elle a la carte dans la poche, elle l’a déplie régulièrement, elle se repère facilement, elle sait exactement où ils sont et ce qu’il reste à parcourir. Jusqu’ici, tout va lentement, mais tout va bien.

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    Il est 13h bien passées, mais elle a insisté pour qu’on attende encore un peu avant de faire la pause. Bon calcul : un hameau de maisons de pierres, de bois et de lauzes, un avant-toit dégagé et abrité, le coin est très accueillant pour s’arrêter combler les estomacs, reposer les corps, alléger –si peu !– les sacs. D’ailleurs, Lolo, Ricou et Deb viennent de s’y installer aussi.

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    La pause est brève. Les minutes qui passent sont des minutes qui refroidissent, et surtout des minutes de lumière, à défaut de soleil, qui s’envolent. Il reste moins de 4 heures de jour. On reboucle, on rechausse, on rebâte, on repart. Jusqu’ici, tout va bien.

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    Message par Skyrgamur Dim 1 Jan - 0:25

    Bon, et la suite, tu ne vas pas les laisser se les geler toute la nuit quand même ? langue


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    Message par Wapiti Dim 1 Jan - 9:41

    un réveillon DANS la neige

    A peine une heure que nous avons redémarré que la première alerte sonne.

    Aïe ! Guillaume nous fait le coup de la crampe. Fallait bien qu’il se fasse remarquer ! Voilà un moment qu’il était bien trop silencieux le gars ! C’est pas dans son style d’arrêter de déconner, d’arrêter de parler…
    Allez, un cacheton dopant – le deuxième du jour, à croire qu’il est déjà accro -, une goulée d’eau glacée, quelques étirements… et c’est reparti. Ouf ! On l’a échappé belle ! … Mais pour combien de temps ?

    Bifurcation. Ruitor ou Archeboc ? Pour nous, c’est à gauche. Ruitor annoncé à 2 heures… temps de marche estival. Déjà plus de 2h30 que nous nous traînons. Le temps semble s’étirer sans fin. Seul le clair de jour ne sera pas sans fin…

    On s’enfonce dans la gorge, toujours sur la route, après avoir dépassé les maisons du deuxième hameau. La ouate céleste se rapproche, les flocons se font plus denses. A la question parisienne récurrente depuis le départ, « C’est encore loin ? », le « oui » a cédé la place à un coup de menton, un haussement d’épaules, un clin d’œil qui ne présagent rien de bon.

    On baisse la tête, on appuie sur les bâtons, on s’applique à marcher sans s’essouffler, ne pas perdre la vie qui est en nous…

    Ordre avait été donné de rester sur la route, mais la sente militaire et les traces récentes partent sur le sentier de randonnée… Après moult hésitations, un choix, peut-être le mauvais. Sous le couvert des arbres, immédiatement le pourcentage de pente s’accentue fermement, les virages en lacets se succèdent. Mettre un pied devant l’autre. Encore. Toujours. Pas trop vite. Sans s’arrêter. A chaque pas, une centaine de kilos à monter quelques centimètres plus haut. Wapiti en rythme de croisière, lent mais régulier ; cela lui a toujours assuré la lanterne rouge. Pas aujourd’hui. Quelques mètres derrière, le Guillaume n’arrive pas à suivre, souffle, souffre, en silence, mauvais signe. Plus loin encore, Wapata traîne, ce n’est pas son style.

    Retour sur la route. Cette fois, on y restera. Cette petite escapade en sentier risque de nous coûter cher dans les heures qui viennent. Sur la carte, c’est évident : c’est la portion la plus pentue. Le goulet d’étranglement, le « coup de cul » avant d’atteindre les alpages, hauts plateaux dégagés et moins pentus. Et nous atteignons à peine la moitié du kilométrage total… L’évidence est là : on finira à la frontale, pas moins d’une heure de marche dans la nuit s’annonce. Heureusement, il ne fait pas si froid que prévu. Pour l’instant.


    15h. Et v’là’t’y pas que le Guillaume, il nous refait le coup de la panne !
    Mais cette fois-ci, on ne rigole plus du tout. La tétanie musculaire est totale. Les deux cuissots cisaillés, dans l’incapacité de mettre un pied devant l’autre. Et pourtant, on lui fera encore faire une dizaine de pas, titubant, grimaçant, dans un râle, pour rejoindre le bas-côté dégagé où il pourrait s’asseoir. Il s’effondre à genou. Il est cuit, complètement. Et en panique, de surcroît. Nouvelle évidence, nouvelle décision, cette fois sans tergiversation et sans appel : on n’ira pas plus haut. Fin du rêve. En montagne, il y a comme cela des instants où tout est limpide, ou les choix s’imposent d’eux-mêmes et n’en sont pas.

    Le Wap’cerveau fonctionne très vite à ce moment-là, je vous le dis, moi !

    Laisser un blessé redescendre seul et passer la nuit au milieu de nulle part ? Impossible. Jamais. L’idée ne m’effleure même pas l’esprit. D’autant plus, un parisien qui ne connaît la montagne qu’en carte postale ou en voiture !! Mais quelle idée de l’avoir emmené avec nous, celui-là !!

    Laisser les deux hommes sur place et prendre le parti de monter seule à la fête, puisque malgré la difficulté, le physique semble résister et le mental est là ? Non. Impossible aussi. Le savoyard n’a pas plus d’expérience de situation de survie en montagne que le parisien. Tout au plus quelques idées et principes en tête ; encore faut-il les convertir en bonnes décisions…

    On est trois. Partis à trois, reviendrons à trois. C’est le chiffre minimal en montagne, le chiffre magique : un blessé, un qui reste pour rassurer et sécuriser, un qui part chercher du secours.

    Pas de concertation, juste des évidences : avant tout, prévenir les autres de ne pas nous attendre, de ne pas s’inquiéter pour nous. Ensuite, évaluer l’état du « blessé » et les modalités de mise à l’abri. Les contraintes sont claires : à peine 2 heures de clarté devant nous, près de 3 heures de montée pour venir jusque là, autant pour atteindre le refuge, pas de réseau téléphonique à ce point précis. La situation n’est pas critique : ce ne sont que des crampes, nous sommes tous trois bien habillés avec des épaisseurs en sus dans les sacs, bien chargés de victuailles, un thermos de thé bouillant, sacs de couchage et couvertures de survie, frontales, de quoi faire du feu, avec les chalets rencontrés à l’aller en secours. Notre survie n’est pas en question, même s’il faudra veiller à respecter quelques règles de prudence face au froid, même si la perspective d’une nuit glaciale dehors à 1600 mètres d’altitude en pleine période hivernale n’est pas réjouissante. Pff ! Vous parlez d’un réveillon !!

    OK. Pour l’instant il est ‘out’ le parigot, y’a rien à en faire que d’attendre qu’il récupère un peu. Le frérot est physiquement bien cuit aussi semble-t-il. Le téléphone ne passe pas ici. La vallée s’élargit quelques virages au-dessus, je peux espérer capter plus haut. Je dégage le sac, j’attrape le téléphone, c’est parti, je grimpe ! Enfin… sur la route, à mon rythme raisonnable –pas la peine de m'exploser non plus !–, mais sans le sac, j’ai l’impression de voler, presque. Un virage, deux, trois… toujours pas de réseau. Le terrain se dégage, des maisons apparaissent. Je dois ! Il faut ! Il faut absolument prévenir les autres. Mais comment faire si ça ne passe pas ??? Là, ça mouline dans les neurones – dix mille fois plus vite que les gambettes ! -, mais cette fois sans réelle solution…

    Un réveillon à la neige (réédition) 5.panne_en_for%C3%AAt


    Et le miracle se produit : Visuel ! Karine, inquiète de nous savoir derrière, de ne pas pouvoir nous joindre –ha ! il n’y a pas que moi qui n’avait pas de réseau !– avait ralenti, avait fait une longue pause, attendait… au moins pour nous apercevoir…

    Jonction. Soulagement. Bla-bla, bla-bla, bla-bla. Elle reprend la direction des sommets, pas moins inquiète sur notre perspective nocturne, mais sûrement libérée de l’incertitude précédente. Je prends la direction opposée pour rejoindre mes deux compères qui doivent se geler, arrêtés depuis un quart d’heure dans ce coup de blizzard enneigé qui vient de nous tomber dessus. Y’a pas, va vraiment falloir se mettre à l’abri si on veut pas attraper la mort cette nuit !
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    Message par Wapiti Dim 1 Jan - 9:48

    Je retrouve un peu plus bas mes deux compères. Le savoyard a joué à la perfection son rôle de Saint Bernard pour remettre sur pied le parisien. Il est debout sur ses deux pattes. Ils ont tous deux meilleure mine. Distribution de cachetons dopants à tous, pour compléter les soins.

    C’est pas le tout cela, mais on a une course contre la montre à mener maintenant : se mettre à l’abri pour la nuit. L’objectif annoncé officiellement : rejoindre les hameaux traversés à l’aller et y trouver un abri, une cave, un recoin abrité non fermé ou salle dont Wapata est prêt à défoncer la porte… In’ch Allah !

    L’incertitude : comment vont évoluer les muscles parisiens dans les minutes et heures à venir ? Quel rythme pourra-t-il soutenir ? Quelle distance pourrons-nous parcourir ?…

    La route, et que la route. Au rythme du parisien, quel qu’il soit. Au nombre de pauses nécessaires, quelles qu’elles soient. Impossible de le soulager de son sac, nous avons déjà assez de mal à porter nos propres charges. Ces mêmes charges qui nous sauveront peut-être la vie cette nuit… Cette nuit, dans quel trou de neige, de pierres ou de bois allons-nous la passer ? Tout en avançant, lentement, on se fait des films, forcément. L’inventaire du sac est réconfortant, l’humidité ambiante et la température qui baissera encore dès la nuit, beaucoup moins. Insidieusement certaines pensées s’envolent vers ce refuge et ce réveillon rêvé inaccessibles. Que l’on aimerait être avec les autres, plus haut, sur le plateau, avec les sommets en ligne de mire ! C’est le silence dans les rangs. Chacun rumine de son côté. Il y en a un qui, au-delà de la difficulté physique, est habité d’un sentiment immense de culpabilité : il leur a volé leur réveillon ! Il ne se le pardonne pas. Et pourtant, le couac physique, chacun de nous trois aurait pu l’avoir, si peu entraînés et en forme étions-nous, tout savoyard que nous sommes. Le dimanche précédent, Wapata calait après 1h30 de marche au dénivelé quasi-nul, panne de jus… Wapiti se ressent de douleurs au tendon d’Achille depuis quelques temps, la sciatique n’est jamais loin… Les crampes, nos corps engraissés et fatigués pouvaient très bien les déclencher aussi. Cela aurait pu lui arriver à lui, à elle. Ils n’ont rien à pardonner, ils ne lui en veulent pas, ce n’est pas sa faute. Juste une mauvaise blague jouée par le destin. Mektoub.

    D’hectomètres en hectomètres, la descente se passe tranquillement. La magie de la mécanique humaine : fessiers, adducteurs, droits, tenseurs, extenseurs, vastes, jambiers, jumeaux et autres ne sont pas sollicités de la même manière en descente et en montée… Sans pour autant se sentir décontracté, le Guillaume arrive donc à marcher, et même à un rythme correct. Son humour revient. Sauvés !

    Un réveillon à la neige (réédition) 7.sourire_revenu


    Nous rejoignons les premières maisons en une petite heure. Non, Wapata, ne démolis pas une porte ! Du reste, elles sont tellement belles et solides, en bon bois d’ici avec leurs charnières énormes, j’émets comme un doute… tu n’es pas Obélix, tout de même !! Il nous reste une heure de jour. Le profil de la « course » est modifié : si nous continuons à marcher à ce rythme, sans alerte médicale majeure, nous pouvons rejoindre, même de nuit, le parking, la voiture, la civilisation… Et d’ici là, plusieurs hameaux à traverser, donc d’autres solutions de repli possibles…

    Un réveillon à la neige (réédition) 6.retour_au_hameau




    Finalement, un réveillon… SANS neige !

    Et c’est ainsi qu’à la tombée de la nuit, après 2 heures de descente, un total de 5 heures de marche, nous atteindrons la civilisation, les villages vivants aux lumières comme des lampions dans le clair-obscur, le parking avec la voiture sagement stationnée, prête à recueillir nos corps fatigués pour les redescendre plus bas.

    Un petit détour chez le loueur d’arva pour rendre le matériel et plonger quelques dizaines de minutes dans une ambiance de station de ski en habits de réveillon, entre skieurs rentrant de leur journée sportive et fêtards entamant les préliminaires d’une soirée qui s’annonce arrosée… La vendeuse se fait pharmacienne et recommande une ‘tite mousse comme meilleur remède musculaire, il n’en fallait pas tant pour que les deux zoms foncent vers le premier bar ! Il y en a un qui a, comme qui dirait, retrouvé tout son bagou, le coquin !!

    Un réveillon à la neige (réédition) 2f1fe9a72f7854a60864139b4fab944f


    Route sinueuse, enneigée et glissante, puis mouillée, longue, dans la nuit noire percée de nombreux phares aveuglants –mais qu’ont-ils tous à être sur les routes, ils devraient être en train de festoyer !–… Wapata résiste à l’endormissement général pour nous ramener au Wap’Chalet, sous la pluie. 20 heures. Wap’chalet surchauffé, bons bains bouillants et salés, diots-polenta dans la marmite, dans les assiettes, dans les estomacs, difficile éveil devant un petit écran aux programmes soporifiques, corps moulus, paroles et cerveaux en mode économie. Wapata sombre avant minuit, Wapiti et Guillaume résisteront juste le temps de se souhaiter une bonne année, même pas de branche de gui pour l’occasion, avant de plonger dans les bras de Morphée. Nul ne sait qui a le plus ronflé, aucun n’a entendu les autres.

    Une Saint-Sylvestre peu ordinaire… un réveillon beaucoup plus ordinaire !




    Dernière édition par Wapiti le Dim 1 Jan - 10:16, édité 1 fois


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    Message par Skyrgamur Dim 1 Jan - 10:08

    Encore quelques heures de marche et vous l'auriez eu votre réveillon sur les sommets (mais dans un igloo).
    Sage décision que de renoncer. Ne jamais oublier que la nature est plus forte que les pôv z'humains.


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    Message par Invité Dim 1 Jan - 11:04

    Wapiti a écrit:
    Wapata sombre avant minuit, Wapiti et Guillaume résisteront juste le temps de se souhaiter une bonne année, même pas de branche de gui pour l’occasion,...

    Dommage triste, j'aurais pu t'envoyer quelques branches par courrier clin d'oeil.
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    Message par Wapiti Dim 1 Jan - 11:09

    rire Merci Flores
    (mais c'était il y a 4 ans de cela, déjà ! et nous n'avions pas besoin de gui au Wapchalet puisque nous étions censés fêter la nouvelle année en refuge... rêveur )


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    Message par Wapata Dim 1 Jan - 13:17

    voici la même histoire vue par Wapata :

    L’hirondelle, le Choucas et le Pigeon
    Ou ce qui aurait pu être la Fable cachée de Sieur de La Fontaine

    Dame Hirondelle invita Sieur Choucas à festoyer pour le solstice d'hiver dans un nid d'alpage.
    Ce dernier, fort généreux, envoya un émissaire à son ami citadin afin qu'il se joigne à eux.
    Maître Pigeon, sur son lampadaire perché, fut heureux de recevoir l'abeille messagère.
    - "Dis à ton maitre que je suis fort aise qu'il ai pensé à moi pour cette soirée et que je n'y manquerais pour rien au monde"
    - "Messire, mon Maitre insiste pour que vous comprenez bien qu'il y a plus de 5h de vol avec le portage du sac avant de rejoindre les festivités"
    - "J'entends bien et j'en prends bonne note. Ceci n'est point un problème. Dis lui aussi que j'arriverai la veille afin que nous finissions la route ensemble."
    - "Bien Messire, je m'envole de cette aile lui donner votre réponse."

    Le jour venu, nos trois compères se retrouvèrent comme prévu au point de rendez-vous et de départ pour les cimes.
    Ils furent rejoints par d'autres aventuriers sous la direction de Mademoiselle Mésange.
    Vers la fin de la matinée, le départ fut donné et les aventuriers firent un décollage tranquille afin d'économiser leur force et d'être sûr d'arriver au
    bout.

    Après quelques heures de vol et à mi-chemin, Maître Pigeon s'écroula éreinté.
    Dame Hirondelle en ses voyages avait beaucoup appris et su que ce n’était pas la peine de continuer.
    Elle décida, en accord avec Sieur Choucas, de faire demi-tour après une halte salvatrice pour le citadin.
    Après avoir prévenu Mademoiselle Mésange, les compagnons commencèrent le chemin du retour.
    La soirée s'acheva dans la convivialité du nid de Sieur Choucas.

    Maître Pigeon eût les yeux plus gros que le ventre.


    Note de l'auteur: satanés parisiens qui viennent à la montagne non entrainés en se croyant aussi fort que les indigènes ! Un réveillon à la neige (réédition) 1735701038





    février 2008


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    Message par Skyrgamur Dim 1 Jan - 14:55

    Ben dis donc Wapata, quel talent bravo top ! bravo top !


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