Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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    Chacun a un bouzou

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    Chacun a un bouzou Empty Chacun a un bouzou

    Message par Invité Lun 16 Sep - 11:44

    «L'oie se regarde le foie, l'écrivain, c'est le nombril.»

    Et voilà, maintenant je comprends mieux ma difficulté à terminer, euh, à vrai dire à commencer mon bouquin.
    Chaque fois, j'ai mon intrigue bien ficelée au bout des doigts et tout s'échappe et s'arrête en cale sèche à la troisième page. Deux mille mots les beaux jours fructueux, deux lignes les autres et le reste du temps, mon écran fait la pucelle. Vierge.

    C'est compréhensible, j'invente une histoire, mes personnages n'ont aucune crédibilité parce que je ne connais rien d'eux. Alors, je m'essouffle tout de suite.
    La semaine dernière par exemple j'avais commencé l'histoire d'un éboueur. Simplement parce que les camions des ordures, celui des cochonneries usuelles, suivi de celui du plastique puis de celui du verre, m'horripile à l'aube tous les jours. Je n'avais qu'à pas habiter une rue pleine de restaurants, mais j'avais pas trop le choix.
    Donc je parlais d'un éboueur qui se lève avant l'aube. Ca va pas loin et ce qui aurait été bien c'est que je rencontre un éboueur, que je connaisse vraiment son job. Pour ça, il faudrait que je sorte de dessous ma couette et que je descende de mon quatrième étage sans ascenseur par l'escalier qui pue l'oignon froid et la pisse de chat et que j'interpelle un des deux éboueurs.
    C'est pas mon genre. Et d'un, je suis timide et de deux je suis flemmarde et de trois, frileuse. Non, c'est mieux de râler chaque matin contre les camions et contre ma page d'écran vide avec sa barre clignotante qui attend stupidement que je la fasse avancer.

    Mais là, avec la petite phrase choc que j'ai lu sur internet, c'est simplissime. Je vais faire mon roman en deux temps trois mouvements.
    Je vais parler de mon nombril.
    Ca va marcher, j'en suis certaine et les éditeurs vont se battre. Un truc à la Annie Ernaux, pas plus de cent pages, elle se fatigue pas celle-là et je vois pas pourquoi je m'échinerais plus.
    Le bouquin pile comme les gens ont besoin, style Delerm et sa gorgée de bière avec l'épaisseur d'Ernaux. L'épaisseur du bouquin s'entend. Pas de pathos à gerber, il y en a assez, pas de réflexions métaphysicopoliticoéconomicoreligicoalgecosonacotra, rien de tout ça.
    Du nombril léger et tout rond.
    Un petit bouzou comme on disait dans ma famille.

    Si je fais un cent pages et que je ne glande pas tous les jours, que j'écris deux pages jours et que je considère qu'une page sur mon libreOffice fait deux pages papier alors ça me fait, voyons voir, je vais prendre la calculette, ça ira plus vite.
    Mais où l'ai-je fichu cette calculette, bon, laisse tomber, à la louche en un mois, c'est plié.
    Et encore je suis large, ça me laisse le temps de dormir, de voir les copines, de tapoter sur femmecherchefemme , d'en ferrer une pour boire un pot et pas plus sans affinités, de traîner sur mon petit forum et tiens, mais oui, bien sûr, j'ai une idée, je vais leur mettre mes pages. Si je lis des commentaires, ca roule et s'il n'y en a aucun, ça ne veut rien dire.
    Il y a deux tondus trois pelés ça fait pas référence sur mes milliers de lecteurs potentiels.

    J'aime bien perdre mon temps à lire toutes les fadaises par toujours fadaises d'ailleurs ; il y en a un qui s'appelle Lahaut, qui ne lit jamais les textes longs, il fait exprès d'irriter les gens avec son machisme et moi, ça me fait rire. Une autre c'est Wapiti, elle habite en Savoie ou en Haute-Savoie je ne sais plus mais quoiqu'il en soit, elle habite là-haut et c'est elle qui se chamaille souvent avec Lahaut. On voit aussi une qui est écrivaine, une vraie parce qu'elle a publié un livre que j'ai pas acheté parce qu'il est trop cher et qui raconte super bien la Bretagne sur le forum et une, c'est Lilie qui a vécu en Irlande et qui est une randonneuse et aussi une qui grimpe sur les murs et qui est copine avec Wapiti et un, qui a un pseudonyme d'oiseau et qui écrit toujours avec des polices taille maxi et en couleur et une qui adore l'Islande et une que j'aime beaucoup mais qui ne se connecte plus du tout et je regrette, c'est une grand-mère et elle est pleine de douceur et elle vit dans les Pyrénées. Ca fait pas grand monde mais ça ronronne gentiment. Ah mais c'est vrai, j'ai oublié un intellectuel, un vieux, qui s'appelle Géob et le frère de la modératrice qui fait de la plongée.

    En tout cas, je le constate, ma nature, c'est l'optimisme comme Pangloss mais pas candide du moins pas complètement.

    …/...
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    Message par Invité Mar 17 Sep - 9:25



    J'ai été dérangée par Julie juste quand je m'installais à mon clavier.

    Julie, c'est une super copine mais elle a le don de débarquer quand il faut pas. Avant-hier j'étais dans mon bain et je rasais mes jambes. Elle a sonné puis toqué à la porte, c'est toujours comme ça qu'elle fait. J'ai tellement sursauté, concentrée sur mon rasage, que j'ai entaillé la peau fine du tibia. Je suis sortie du bain et j'ai laissé sur la moquette couleur gris Fnac, des paquets de mousse rose à cause du sang qui dégoulinait. Ca saigne beaucoup et longtemps une coupure de rasoir, même en mettant du papier cabinet dessus. Après, quand enfin c'est sec, j'enlève le papier cabinet qui est devenu tout dur et, rebelote, ça resaigne. Bref.

    Aujourd'hui, elle est venue en larmes. C'est souvent, remarque. Elle s'est fait larguer par son copain. Pas de quoi pleurer, elle ne le connaît que depuis une semaine. Mais c'est Julie, elle s'enflamme plus vite que l'allume gaz. C'est vrai elle a pas de chances avec les hommes faut dire qu'elle est aussi sexy qu'une plâtrée de rognon sauce madère.
    Pourtant, elle est douce, tellement douce Julie, elle veut tellement qu'on l'aime, elle ne sait pas dire fermement non, alors, elle accepte tout même ce qui la gêne et même de se faire du mal. Ca me peine.

    On a bu le café, elle a séché ses larmes. Je n'ai qu'à l'écouter raconter sa mésaventure et, direct, elle se calme.
    Je lui ai parlé de mon projet et elle dit:

    «Tu vises quel lectorat»?
    «Mais tous les gens qui lisent le français et même les autres parce que t'imagines bien que mon livre sera traduit dans au moins quinze langues. Regarde, j'ai bien lu un polar islandais. D'ailleurs, il faut s'accrocher avec les noms et les prénoms. T'as Boas avec un accent sur le o et Smari avec un accent sur le a et, pour ceux là, c'est simple à prononcer même si tu te doutes bien que l'accent change la donne. Et il y a des prénoms féminins affreux à l'oreille comme Kolbrun ou comme Hugrun ou Urou.
    Donc, tu vois, Julie, les lecteurs seront en nombre ».

    Julie semble sceptique, je n'en ai cure.
    Si l'on n'a pas foi en soi, on n'avance pas dans la vie.
    La vie c'est une divine comédie et c'est pour ça que je suis devenue comédienne. Intermittente du spectacle actuellement.

    Hola, je m'aperçois que je n'ai pas encore commencer à parler de mon nombril.

    …/...
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    Message par Wapiti Jeu 19 Sep - 7:55

    Bon, alors, ton nombril, y dit quoi ?
    C'est pas que, mais j'aimerais connaitre la suite moi...


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    Message par Lilie Jeu 19 Sep - 11:05

    Idem. J'ai lu, silencieuse, me délectant déjà de la suite le matin suivant. Pis rien, le matin suivant.

    M'rde alors! Y dit quoi ton bouzou Pondychette?!


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    Message par Invité Jeu 19 Sep - 15:03



    Mais c'est quoi le nombril ?
    Une cicatrice jolie ou vilaine mais une cicatrice quand même.
    Crac, coupé de la mère, sectionné bien proprement, un cordon crapouillot et ensanglanté qui reliait à monde sauvage secret et sans douleur.
    Un bouzou c'est l'origine d'un intérieur antérieur bien confortable. Moi, c'est mon père qui l'a tranché. Il paraît qu'il était fier, j'en suis, sans raison, bien contente.
    Ma mère, elle, elle voulait un garçon et un seul. La maternité, ça déforme, ça fait les seins mous, le ventre mou, des vergetures et surtout un gniard qui gueule même la nuit.

    L'instinct, elle l'a pas eu, il est arrivé après. Quand ? Il me semble bien que j'attends encore.
    « T'étais tellement moche, c'est à se demander comment t'as pu devenir ce que tu es » et de rajouter avec un soupçon de fiel dans la voix, pas du miel, du fiel « m'étonne pas que tu préfères les filles vu que je voulais un garçon ». Ca c'est la meilleure.

    Ma mère ce qu'elle préfère encore maintenant, c'est planer. Son whisky et un joint le soir devant la télé un rite réglé comme du papier musique. Ca lui permet de regarder les mêmes films plusieurs fois car elle s'endort bouche ouverte avec un petit sifflement d'asthmatique. Mon père, il hausse les épaules et affirme qu'elle ne fait de mal à personne. Pourtant ce n'est pas mon prénom Personne.

    « T'es pas le nombril du monde ou arrête de tourner autour de ton nombril », ce sont deux petites phrases qui tournoient comme une ombre légère derrière mes paupières closes et faut pas que je m'étonne d'avoir retenu celle lu sur internet.
    Nombril, je rajoute deux l et un e et ça donne nom brille. Depuis que je suis en âge de comprendre les mensonges des adultes, depuis que j'ai compris que toute seule je pouvais colorer mes jours, je brille et je lustre mon existence comme une peau de chamois lustre une carrosserie.
    Les feux de la rampe, il n'y a que ça d'excitant.

    Quand je suis née, ma mère n'avait pas d'idées pour mon prénom. Elle a laissé mon père décider.
    Mon père il est grec, il s'appelle Icarios, alors, pour lui, ce fut naturel de m'appeler Pénélope.

    …/...
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    Message par geob Jeu 19 Sep - 16:23

    qu'elle est aussi sexy qu'une plâtrée de rognon sauce madère

    Une pique virulente amoureusement mitonnée !!!

    A part ça, jeune fille, continue car c'est très agréable à lire. Et le style est... inimitable !!!
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    Message par bardak Jeu 19 Sep - 22:32

    Comme d'habiture Pondy, j'ai un énorme plaisir à te lire... rêveur 

    Je n'en dirais pas plus, j'me vois pas analogiser ce que tu racontes. C'est juste tellement bon de lire...

    J'ai hâte que tu continues... c'est comme une histoire, une vraie, comme un de ces contes qu'on raconte aux mômes, les vrais pas ceux edulcorés version disney, tendres et terribles à la fois... ces histoires qui terrifient, cruelles et dures mais dont on attend la suite avec impatience, j'ai mis ma tête dans mes mains, allongée sur mon lit, j'ai les jambes repliées derrière moi qui ballotent dans le vide.... et j'ai hâte de t'écouter rêveur rêveur rêveur


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    Message par Invité Lun 23 Sep - 15:41



    Je suis complètement excitée, demain je vais à Paris.
    Melun-Combs la Ville-Paris Gare de Lyon, et je métrotte jusqu'au théatre et c'est moi qui remporte le rôle.
    Je veux être Ismène, je veux être Ismène, c'est ma rengaine.
    C'est la sœur d'Antigone en plus belle qu'elle.
    C'est une pièce d'Anouilh, l'allégorie de la Résistance ou finalement Créon c'est Pétain.
    Je sais que ce n'est pas Le Grand Rôle mais j'en ai tellement marre de l'intermittence que si je l'emporte, j'en ai pour beaucoup de mois à bosser.
    Je répète depuis des jours et des jours mes trois tirades. Julie fait Antigone et à la fin, Ismène lui dit :
    « "Antigone, pardon ! Antigone, tu vois, je viens, j'ai du courage. J'irai maintenant avec toi ... Si vous la faites mourir, il faudra me faire mourir avec elle ! ... Je ne peux pas vivre si tu meurs, je ne veux pas rester sans toi !" .
    Julie, elle me dit que là, ça va pas, que je fais faux-derche. Mais justement Ismène, c'est une faux derche.
    Bref, je veux le rôle et je l'aurais.

    En attendant, j'ai super mal au nombril.
    J'ai fais faire un piercing il y a déjà une semaine. J'ai l'anneau médical et après je mettrais une banane avec un zirconium. Le perceur avait un local et des instruments vachement propres mais mon bouzou est plein de petits dépôts blancs et autour c'est tout rouge. Ça a un peu une odeur de vomi. Je crois que c'est normal, le corps, il réagit toujours quand on l'agresse.
    Ca aura de la gueule quand j'aurais une nouvelle copine mais vu comme c'est parti, c'est pas pour demain et j'aurais eu le temps de cicatriser.

    Melun, c'est pas Paris, pour les rencontres, c'est moins évident, mais c'est moins cher.
    J'habite rue du miroir dans le quartier Saint-Aspais. C'est une chouette rue avec du boucan nuit et jour, pour dormir, c'est coton mais pour faire la fête c'est presque aussi bien que Paris.
    L'été, l'odeur de bouffe s'infiltre jusque dans mon lit, parce que je suis au-dessus du Mayland, un restaurant qui a une terrasse sous mes fenêtres.
    12 euros le menu, je n'y mange donc jamais. Je me contente de renifler comme un chien à l'arrêt.
    En plus, je ne tiens pas à être une tour, salade, yaourt ça suffit. D'accord je me lâche sur les mars, et la crème chocolat Mont-Blanc, mais c'est pour ma concentration.

    Si j'ai le rôle, il me faudra ranger mon idée de roman pour un moment.

    …/...






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    Message par Invité Lun 23 Sep - 16:03

    bardak, t'es vraiment sympa parce que côté hauteur littéraire, ben, comment dire, ça vole en radada comme les montgolfières quand elles sont au ras des chaumes.

    Ce qui m'intrigue, c'est ta position :
    "j'ai mis ma tête dans mes mains, allongée sur mon lit, j'ai les jambes repliées derrière moi qui ballotent dans le vide.... "

    C'est du yoga ? Comment tes jambes repliées (ça j'ai compris) peuvent elles ballotter dans le vide.
    Ca me fait rire.
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    Message par bardak Mar 24 Sep - 0:09

    Mais si c'est facile...
    Je suis allongée sur le ventre. J'ai le menton planté au creux des mains et les jambes repliées que je balance d'avant en arrière... comme un môme qui regarde la télé...

    Bon maintenant faut continuer parce que j'ai repris la position (sauf que les mains sont sur le clavier)... rêveur rêveur rêveur 


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    Message par Wapiti Mar 24 Sep - 7:42

    Peu importe la hauteur de quoi que ce soit, je suis comme Bardak, les jambes dans le vide du haut (c'est peut-être pas du yoga, mais ça fait beaucoup de bien), le menton dans le creux des mains, captivée...
    rêveur rêveur rêveur


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    Message par Invité Mar 24 Sep - 11:38



    Mega smile aujourd'hui, l'audition s'est bien déroulée mais je n'ai pas eu le rôle. Je ne serai pas Ismène, c'est Sophie Dumerle qui a emporté la partie.
    Pourtant, j'ai le cœur qui frétille parce que Sophie Dumerle était avec moi au cours Florent. Nous n'étions ni copines, ni amies mais hier à Paris, nous avons passé l'après-midi ensemble et de café en thé, le soir est arrivé et j'ai repris le RER.
    Sophie est belle, gironde et ferme, parfaite pour le rôle.
    Je ne suis quand même pas une conne prétentieuse et il faut savoir être bonne joueuse.

    Lorsque je pense à elle, ça me palpite, une accélération brutale des battements de mon cœur comme lorsque je tombe amoureuse. Reste zen me dis-je, reprends l'histoire de ton bouzou parce que, à ce rythme, t'es pas prête de boucler ton bouquin.
    Je suis allée la chercher sur facebook et lui ai envoyé une invitation tout à l'heure.

    J' adore traîner sur Facebook où j'ai une quantité d'amis que je n'ai jamais vu.
    265 et je n'en connais qu'une poignée qui, d'ailleurs, sont des copines ou copains, mais pas des amis.
    Je like modérément .
    On n'aime plus, on like, parce que en anglais, aimer c'est moins aimer qu'en français et ça n'a pas grande importance. Je trouve quand même énervant de ne pas avoir un bouton-j'aime pas-.

    Parfois, je ne like pas et je fous un commentaire bien cinglant. L'autre, il efface et m'éjecte de ses amis, c'est tordant.
    Et puis, je préfère nettement le tweet c'est le summum pour rigoler. Ceci étant je ne suis pas du tout une hipster, c'est pas mon style, je suis une comédienne en attente de rôle point barre. Non, point virgule parce que, en plus, je suis libre.

    La liberté n'est pas de faire ce que l'on veut, mais de vouloir ce que l'on fait. C'est un type, vigneron dans le minervois qui a écrit ça sur une de ses cuvées. Le type, il a presque l'âge de mon grand-père.
    Comme quoi, les vieux ne disent pas que des conneries.
    .../...
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    Message par Invité Mer 25 Sep - 9:02

    Mon grand-père est un vieux extra. Il était soldat avant d'être vieux.

    Ce n'est pas un grand bavard, et quand j'étais petite, je lui demandais combien de gens il avait tué, il devenait blanc et partait dans son bureau en claudiquant encore plus que d'habitude.
    Il m'emmenait souvent dans les rues de Melun.
    Mon grand-père aime arpenter les trottoirs encore maintenant.
    Il déteste la boue et la pluie et sa détestation est violente au point que jamais je ne suis allée à la campagne avec lui.

    Il était soldat parce qu'il avait raté son bac et que son père lui avait dit de se débrouiller pour trouver sa subsistance. Lui, il a trouvé l'annonce de recrutement dans le journal.

    Il y a trois ans, il s'est mis à l'ordinateur. Il a écrit son histoire et me l'a envoyé par pdf.
    J'aimerais bien la copier-coller ici mais c'est tellement émouvant que je ne me sens pas le droit de le faire et de surcroît ça ferait de l'eau entre les touches du clavier.

    Je copie-colle simplement quelques bribes parce que c'est grâce à celle-ci que je sais pourquoi ma mère s'appelle Eliane.

    Un jour de Mai je fus convoqué au secrétariat du Bataillon pour apprendre que j’étais désigné pour partir en Indochine avec d’autres Sous-officiers et Officiers.

    J’étais atterré.
    La guerre d’Indochine s’intensifiait et les paras de plus en plus utiles parce que très mobiles. Pendant la guerre 39-45 l’Indochine avait été occupée par les Japonais qui avaient dû partir après leur défaite contre les américains. Notre armée avait pris le relais mais en quadrillant le territoire de l’Indochine au moyen de petits postes correspondant à la répartition des mandarinats. Or l’évolution de cette colonie avait engendrée une guerre de libération qui appelait de la part de la France des bataillons et régiments mobiles. Ceci pour expliquer cela
    …....

    Fin 1953 ma compagnie dut fournir des éléments à Dien Bien Phu : je fus du nombre.
    L’Etat Major prélevait un peu dans toutes les unités pour renflouer les nombreuses pertes. Les sept collines étaient perforées de tranchées : c’était 14-18 autour d’une cuvette.
    Les attaques vietminh étaient journalières et les blessés nombreux. Les plus grosses pertes furent celles des légionnaires qui étaient chaque jour au contact.
    Plus tard j’ai su que notre état major n’a jamais cru qu’une puissante armée de vietminh avait gagné tous nos points d’appui à partir de sa formation en Chine :le site est toujours frontière avec la Chine.

    Dien Bien Phu est devenu une petite ville avec un grand musée réalisé par le gouvernement vietnamien. Seul un petit monument payé par la caisse d’entraide des paras de la Légion Etrangère a été bâti sur le champ de bataille.

    Tous les tués des différents régiments et bataillons morts au combat sont dans les tranchées des collines autour de la cuvette : Béatrice, Louise, Dominique, Eliane, Huguette etc,, c’était des noms de codes donnés par l’Etat Major.

    Le 13 avril 1954 dans la gadoue et sous une pluie diluvienne, devant Eliane, je suis tombé.
    Un copain, mon ami T.. a ployé le dos pour me porter. Les tirs faisaient gicler la boue. Nous sommes les deux seuls survivants de mon bataillon au pied d'Eliane.


    Ma mère est née le 13 avril 1955. C'est un hommage à sa vie sauve, une jambe en moins.

    Cher, cher grand-père, il croit en moi avec une telle conviction qu'il me donne sans cesse la possibilité de croire en ma vie de comédienne.
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    Message par bardak Mer 25 Sep - 21:05

    Pondy, tu as un talent de cordon bleu quand il s'agit de lier et délier des histoires...

    Je me régale de tous ces mots...


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    Message par Invité Lun 30 Sep - 15:26

    Je m'aperçois que parler de son bouzou n'est pas une mince affaire.

    Ce cordon long et gorgé de vie m'entraîne dans les profondeurs d'un passé qui affleure aujourd'hui et dont je ne sais que faire.
    Flotte dans mon esprit mes aïeuls qui m'ont tant donné et les deux parties de la famille, la française et la grecque qui ont construit celle que je suis.
    Une jeune femme dichotomique. La Pénélope espiègle, drôle, celle qui s'arrache la tête aux fêtes, celle qui déteste son nez un peu busqué et l'autre, la Pénélope rangée, méthodique, narcissique et convaincue que l'existence est perpétuellement souriante.

    J'aimerais mieux connaître ma famille grecque. Originaire d'Oia dans les cyclades, ils ont migré à Athènes où mes grand-parents tenaient une épicerie dans une ruelle derrière la rue Sainte-Philothée.

    Mon père est né en 1950 juste à la fin de la guerre civile.
    J'ai une admiration sans borne pour lui.
    Autoditacte, il est venu en France tenter sa chance et il a réussi à vivre convenablement. Il lit toujours beaucoup, joue du violon à faire frémir les poils hélas drus de mes bras. Sa seule malchance est d'avoir rencontré ma mère.
    C'est un bon catholique et il boira la coupe jusqu'à la lie, le sens du devoir chevillé au corps.

    Tourner autour de son bouzou, ça a du bon parce que j'ai réalisé pourquoi j'ai tant voulu faire du théâtre.
    En songeant à mon enfance terne et aussi morne qu'un étang stagnant, je réalise que des phrases anodines en apparence font leur chemin dans les rouages de l'esprit.
    J'ai six ans, je tombe, mes deux genoux s'écorchent, je hurle et la voix hurle à son tour : « arrête un peu ta comédie »
    Plus tard : « Pénélope, c'est la reine de la comédie, elle cherche toujours à paraître ce qu'elle n'est pas, elle est insupportable. Chiqué et cinéma, il faut en prendre et en laisser »
    Merci ma mère de livrer ainsi ta pensée auprès de tes amies, grâce à toi, j'ai choisi le théâtre.

    J'ai 32 ans, je grenouille de rôle en rôle dans une existence que tu dirais précaire mais qui me plaît par la liberté qu'elle m'offre.
    Tu te plains maman que je ne passe jamais vous voir alors que nous vivons les uns les autres à Melun. Je serais d'un masochisme échevelé de venir t'embrasser quand tu n'as jamais aimé me prendre dans tes bras, moi la -petite noiraude, tout le portrait de son père- énonçant ses mots comme une insulte.

    Ne déteste pas ainsi ta mère m'exhorte mon père, elle est ce qu'elle est, tu sais, elle n'a pas eu la vie facile avec tes grands-parents.
    Il excuse toujours sa femme. Une telle gentillesse, ce n'est plus de l'amour, c'est de l'abnégation.

    Et d'abord, je ne la déteste pas, j'attends qu'elle me regarde avec tendresse.
    Ainsi quand j'étais au collège Frédéric Chopin, en sixième, au cours d' art plastique nous devions faire une banderole colorée avec pour thème, l'avenir.
    Sur mon calicot , j'avais peint soigneusement les mots : Tu me vois ?
    Ma prof avait été séduite, moi, j'avais pensé à ma mère.

    J'en ai fini de vidanger les canaux lacrymaux, de jeter à la poubelle des kleenex tirebouchonnés de larmes et morve mêlés, la vie est pleine de promesses, de félicité à défaut de félicitations.

    Je suis jeune, jeune, jeune et je vis, vis, vis.

    Et hop, une chanson de Joe Dassin, je l'aime bien ce type avec son œil qui dit merde à l'autre :
    « Va t'en, ma vie commence
    Va t'en, quelle importance
    Tu m'as bien oublié, pourquoi pas moi,
    Demain je me délivre
    Demain, je vais revivre... »

    Faut que je m'y mette...

    ,
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    Message par Invité Mar 1 Oct - 9:04



    Qu'est-ce que c'est difficile et complexe de faire comprendre aux copines que si je suis lesbienne ce n'est pas parce que j'ai peur des hommes, ni par une erreur d'aiguillage .
    Nom d'une pipe, nom d'un petit bonhomme (tiens même l'expression est masculine), je suis bien aise de mon choix.
    Bien sûr que j'ai testé les hommes, deux fois et ça suffit.

    Physiquement et nu, un homme c'est laid. C'est dit.
    Que peut-on trouver d'érotique quand on voit ces deux sacs qui pendouillent entre une excroissance qui s'érige, toute violacée, sur un simple sourire. Force du sourire ou force de l'engin je n'en sais rien, en tout cas, pouah, c'est complètement écoeurant.
    Que dire aussi de ces poils frisottés et puants sous les bras, sur le thorax, quand ce ne sont pas des boutons disgracieux sur le dos.
    Que dire aussi de l'homme ravi de son exploit qui, après quelques coups de boutoirs ahanés et sans intérêt s'écroule avec un cri bref et rauque et écrase mon corps d'un poids mort et étouffant.
    Faut être dingue pour aimer ça.
    Et le petit matin est une épreuve que je ne désire plus connaître. Cette odeur de chrétien chaud me faisait détourner le visage pour respirer autre chose que l'haleine fétide, la sueur séchée et le vieux sperme sec et dégoûtant sur la peau.

    Alors, non, je ne me trompe pas.
    Et aux copines qui m'assurent, choquées, que je n'ai pas trouvé le bon, que tous les hommes n'agissent pas ainsi, que c'est délicieux, que la jouissance est un puits sans fin, je leur dit : « Avez-vous eu une relation avec une autre femme ? »
    Et j'entends un concert vertueux et outré. Ah non alors, quelle horreur et en plus vous utilisez un gode pour remplacer, c'est bien la preuve que ça manque ».

    Non c'est insoluble cette incompréhension.

    Ceci étant j'ai des copains formidables où l'enjeu sexuel n'existe pas. Il y a bien quelques petits coqs assurés de leur charme et qui veulent et pensent me convertir. En riant, je les remets à leur place et pis c'est tout.

    Pour mes parents, ce fut un choc, THE choc.

    .../...

    ,
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    Message par Invité Mer 2 Oct - 18:47


    C'est épatant, sur mon forum habituel, les gens lisent. Bon d'accord, ils ne commentent pas et c'est parce qu'il n'y a rien à commenter.
    Je lui ai dit à Julie : « Ça marche mon truc , j'ai déjà trente pages. Du pisse-copie à vitesse grand V. »
    Julie affirme que je ne me foule pas et elle a fichtrement raison. Elle dit de ne rien écrire tant que je ne suis pas sure de la qualité du texte.
    « Ma vieille, ça s'appelle une première mouture, c'est fort de café ton scepticisme, diable, positive, tu crois que les autres font mieux sur le forum en question ? »
    Elle en est convaincue, elle me cite Bardak ou Pataugas ou Wapiti qui tressent les mots comme du macramé et elle se fourre le doigt dans l’œil, elles n'en mettent pas une tartine comme moi. Ce forum, je le connais mieux qu'elle, elle ne fait que lire par-dessus mon épaule.

    Bref, je m'en fous et je continue à taper à la vitesse de l'éclair même s'il n'en a pas la lucidité

    «  Si tous ceux qui disent du mal de moi , savaient ce que je pense d'eux , ils en diraient bien
    davantage » .

    Quel teigne ce Sacha Guitry, moi, j'ai envie que les gens m'aiment bien et c'est rare que je pense du mal d'eux.
    Je crois toujours qu'il y a de la soie dans le cœur des gens. Ils ont tellement peur qu'elle se déchire que parfois ils se montrent odieux. Rien n'est pire que se dévoiler, on devient fragile et vulnérable.
    Moi, je me cache derrière le rire, je me moque de moi, ça amuse les amis et peu s'aperçoivent que je ne dis rien de ce que je suis. C'est une armure efficace.
    Inutile devant ma mère qui se plaint, l'hypocrite, de ne pas, un jour, être grand-mère parce que je suis homosexuelle, une tare contre-nature.
    Mais, des enfants, je n'en veux pas. C'est comme si je faisais naitre un enfant pour mettre un pansement sur mon enfance. Cautère sur jambe de bois.

    Quand j'étais petite, je voulais un chien, un labrador ou même le plus petit des corniauds. Impossible, ça laisse des poils partout. Un chat alors ? Non pas davantage, un appartement qui sent le pipi de chat, c'est détestable et qui va changer la litière, pas toi, paresseuse comme tu es, alors c'est définitivement non.

    Un jour des vacances de Noël,j'ai trouvé un chaton gris, vers les poubelles de l'immeuble. Il était si petit qu'il tenait dans ma main. Je l'ai glissé dans mon tee-shirt, je suis allée dans le local des poubelles , celles du tri, j'ai trouvé un carton. Je suis rentrée avec ma clef dans l'appartement, ma mère était à son club de remise en forme. J'ai mis un pull dans le carton, j'ai posé le chaton et l'ai glissé sous mon lit.
    Quand ma mère est rentrée, je n'ai rien dit et j'avais le cœur qui battait la chamade.

    Trois jours je l'ai gardé mon chaton. Le quatrième, ma mère a entendu miaulé. L'abruti de chat, il ne pouvait pas se taire.
    Ma mère a ouvert ma porte à la volée, attrapé par la peau du cou,le chaton assis sur la moquette, elle a ouvert la fenêtre de ma chambre, a jeté le chaton, m'a giflé et elle est ressortie sans un mot aussi vite qu'elle était entrée. Super souvenir.

    Mon nombril est tout croûteux, j'exfolie les sédiments qui s'accumulaient, wouarf, ça fait du bien.

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    Message par Invité Sam 5 Oct - 16:20


    Lorsque je nettoie mon nombril, le coton-tige effleure une zone si sensible que c'est à la limite de la douleur. Une sorte de douleur-plaisir. Parfois, sort des minuscules replis, un instant pelucheux tout doux.

    Un jour d'été chaud et bleu, j'ai réussi mon bac. J'avais la mention très bien et j'étais excitée, joyeuse. Je me sentais belle et légère dans la rue qui me ramenait à la maison. Le soleil chauffait la peau tendre de mon ventre dénudé et les fines bretelles de mon top ne cessaient de glisser de l'épaule.
    Je montais l'escalier quatre à quatre sans la patience d'attendre l’ascenseur.
    Ma mère était assise, le dos un peu arrondi, sur une chaise devant la table, dans la salle à manger.
    Sur la table était posé le miroir grossissant sur pied et elle tenait la pince à épiler à la main.
    Elle écouter le juif errant le pâtre grec et elle pleurait, j'ai vu.

    Je me suis avancée contre la chaise.
    « Je l'ai eu »
    Elle appuya sa tête contre mon ventre et ses bras enserrèrent mes hanches
    « C'est bien ma chérie »
    Je sentais le mouillé de ses joues sur ma peau nue.
    J'ai posé ma main sur sa tête, étonnée de sentir la douceur de ses cheveux qui sentaient le shampoing.
    Je suis restée ainsi immobile, elle aussi. Vingt secondes, dix minutes, un instant d'éternité inconnu et parfait.

    C'était le 4 juillet 1998.
    Un jour rond que je chéris précieusement parce qu'il est unique.

    Pénélope a son bac, c'est bien, elle a dit.
    Ma chérie, elle a dit.


    geob
    geob


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    Message par geob Mar 8 Oct - 16:47

    Guitry, quel talent, peut être... trop de talent !
    Martina Navratilova, grande joueuse de tennis. On lui a dit d'essayer avec un homme, elle ne l'a fait qu'une fois !
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    Message par Invité Jeu 10 Oct - 14:23

    Même si je m'appelle Pénélope, il n'est pas question que je m'occupe à défaire ce que j'ai fait dans la journée.
    Ce que j'écris est d'une platitude ahurissante, j'en conviens bien mais j'irais jusqu'au bout de mon bouzou dussé-je me blesser. De surcroît je m'amuse fort et me sens si bien que je n'ai plus envie de déménager.
    A Melun dans ma rue commerçante, les petits appartements vieillots sont pléthore et le mien n'échappe pas à la règle. La moisissure sur les murs de la salle de bain donne à l'appartement tout entier cette odeur de vieille cave. Quand j'entre mon premier geste est de faire brûler des bâtonnets d'encens pour couvrir cette senteur de cimetière. Avant, je branchais des trucs chimiques sur prise mais ça coûte cher pour ne pas durer longtemps.

    J'achète mon encens au marché le dimanche place de l'hermitage. J'ai sympathisé avec un type qui fait le plein en Inde de bricoles qu'il revend dans l'année. Ça lui permet de joindre les deux bouts avec son rsa.
    Je vivote comme lui, ni plus ni moins. Tous ceux qui disent que nous les intermittents du spectacle on coûte du fric à la société seraient bien étonnés de voir qu'on n'en a pas beaucoup.
    Je m'accroche à mon statut par conviction et je sais que j'aurais un rôle pour un spectacle qui durera plus que le temps d'une représentation.

    Quand j'étais au cours Florent, en stages parce que je n'avais pas les moyens d'une inscription annuelle et régulière, j'ai lié des amitiés qui perdurent et ceux que je connais encore galèrent comme moi. Certains ont abandonné le théâtre et bossent dans la com', des filles se sont mariées et n'envisagent même plus l'idée d'une troupe tellement elles sont devenues de gentilles bobonnes.

    Tous les six mois, je rencontre Cécile ma conseillère chez Paul. On s'entend bien, elle ne me cherche pas des poux et je ne l'ennuie pas. J'accepte de petites missions de remplacement en tant qu'animatrice culturelle pour les centres aérés, je lui prouve ma bonne volonté, moyennant quoi, je clique les sempiternelles questions sur ma situation, une fois par mois et c'est marre.

    Ainsi, j'ai du temps libre et c'est précieux le temps libre.
    Je n'ai pas l'intention de grenouiller bêtement dans un boulot merdique où disparaîtrait inéluctablement mon désir théâtral. Je pars même en vacances puisque j'ai droit à 35 jours.

    J'étais en Corse en mai et c'était de chouettes vacances.
    J'ai rencontré par le plus grand des hasards, une comédienne amatrice. Nous ne sommes pas dans la même cour question âge et formation mais je sais reconnaître les gens de talent. On a parlé planche et troupe assise au soleil sur la plage de St Florent. Elle était avec des copines et m'ont invité à loger dans leur gîte de Moltifao.
    J'étais conquise par tant de gentillesse et mes courtes vacances ont eu une saveur bien particulière grâce à cette comédienne d'un certain âge et pourtant si vive.
    Du coup, je suis allée en stop vers son coin de Bretagne pour voir la pièce d'Yvon Taburet dans laquelle elle jouait la grand-mère facétieuse.
    Je ne me suis pas montrée pour qu'elle n'imagine pas que j'étais une pique-assiette et j'ai beaucoup aimé sa façon de tenir son rôle.

    Et pour sauter du coq à l'âne tout en restant dans le registre théâtral, j'en arrive à la visite de Sophie tout à l'heure.
    J'ai de drôles de picotements sous les cheveux.

    .../...



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    Message par Wapiti Jeu 10 Oct - 17:10

    Bouzou !!!! Le retard de lecture que j'ai ici !!! mon dieu !
    Promis, je reviendrai plus tard (dans le weekend, peut-être).


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    Message par Lilie Jeu 10 Oct - 21:47

    L'idée d'une histoire à raconter avec des clins d'oeils aux Villageois (Fabizan, ramène ta fraise!), c'est plus qu'original: c'est unique. Et c'est chouette. top ! 


    Je regrette juste de ne pas l'avoir en format poche, pour pouvoir le lire, d'une traite, au chaud sous ma couette avant d'éteindre la lumière sur la journée.


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    Message par fabizan Ven 11 Oct - 0:06

    Tiens donc, la mienne de comédienne était en Corse en juin clin d'oeil 


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    Message par Invité Lun 14 Oct - 15:13

    Ma première expérience homo en dehors de la galoche que j'ai roulé en terminale a été compliquée.
    Dans une ville comme Melun on ne rencontre pas comme ça en buvant un thé au café de l'Ecu ou en allant à la salle de sport. J'ai fait comme une majorité d'entre nous une rencontre par un site internet.
    J'avoue que j'avais un peu la trouille de mon inexpérience.

    Déjà, s'avouer que l'on est lesbienne, ce n'est pas simple. Ca fait mal d'imaginer qu'on n'est pas comme les autres et ça fait peur de se le dire puis de le dire aux autres. Faut faire son coming out et se dire que les lesbiennes sont moins mal vues que les gays.
    Et puis, se lancer dans une relation.

    Quand j'ai eu mon copain, je savais exactement comment il fonctionnait mais avec une femme rien n'est pareil. C'est un paradoxe. Le corps de l'autre femme, il ressemble au mien, il réagit comme le mien mais ce n'est pas le mien. Ce n'est pas si rassurant finalement. Le plus étrange c'est ce qui se passait dans ma tête et le foisonnement des questionnements sur ma normalité. Maintenant je suis en équilibre.

    Quand on plonge dans l'autrefois il faut savoir nager et je suis nulle en natation.
    S'il traîne au fond de l'eau des barbelés, les souvenirs s’accrochent et se déchirent, ça fait mal, alors je choisis de vivre dans mon présent, en surface et dans mon 40 m2 je suis bien.
    Je ne sifflote pas tous les jours, il ne s'agit pas d'être l'imbécile heureuse.

    M'installer rue du Miroir, c'était comme un nouveau départ.
    Ne plus vivre chez les parents fut une victoire. J'apprenais à me réinventer en arrêtant de me mentir.
    J'ai toujours eu conscience que le mensonge embellissait ma vie et qu'il suffisait de mentir pour faire croire que j'étais une jeune fille sollicitée par des garçons nombreux, beaux et ténébreux.
    Ca fonctionnait bien au lycée mais dans ma chambre c'était foireux, j'étais la nana seule sans copain et je me détestais de me mentir avant de mentir aux autres.

    A cette époque triste de ma vie, il faut que j'en convienne, je boulottais toute la journée et de ronde je devenais bouffie et grasse.

    J'ai pris des tonnes de décisions qui tournaient court sauf celle du sport.
    Je me suis mise à l'escalade et, aller deux fois par semaine au Vertical+ me rendait légère et le bout des doigts douloureux. Une vraie douleur physique soigne celles invisibles et même aujourd'hui avoir le bout des doigts sensibles n'est pas si déplaisant.
    Au début, les dégaines fixées à demeure sur le mur, les cordes, les baudriers fournis m'ont rassuré, et puis je me suis enhardie, j'ai acheté mon matos et maintenant une bonne grimpe sur le mur ou en plein air me booste pour la semaine.
    Une grimpe, c'est prendre de la hauteur et lutter contre le vertige. Au propre comme au figuré et pour moi, ce fut salutaire.

    Maintenant, à 32 ans, je suis mince. 168M et 50 kg, ça me va. Mes jambes sont musclées, mon ventre est tout plat et dur et ça y est mon nombril est cicatrisé et j'ai acheté mon bijou. C'est une cascade de pierre scintillante et je trouve que c'est super beau et futile. Merci Tatoo artist, du chouette boulot.
    Je l'ai montré à mon grand-père.
    Il a dit « on dirait que ton ventre est en larmes ».
    Zut alors..
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    Message par Invité Ven 15 Nov - 16:49


    Une éternité que je n'ai pas mis les doigts sur mon dossier -Pénélope-. Elle se marre Julie qui me dit que finalement je suis toujours égale à moi-même et rit en se dandinant et en parodiant Dalida soulevant sa chevelure : « Parrrole parrrole ».
    Bon, j'ai pris du retard et on va pas en faire un drame.
    Je lui ai dit : « Ma cocotte, mon lectorat est très affable et patient et dans notre monde vertigineusement rapide c'est une grande qualité »
    Pas convaincue Julie mais, au moins, aujourd'hui je suis honnête et je m'y attelle.

    C'est mon grand-père qui m'a énervé hier et bien plus que Julie.
    Il m'a souri et m'a dit :
    « Pénélope, il serait temps que tu grandisses, que tu lèves la tête et que tu cesses de traîner les pieds. Tu frottes la semelle de tes savates dans la poussière et tu ne fais que l'agiter et la glisser sous le tapis, ce serait bien si tu te remuais les fesses »

    Ca m'a choqué que, lui, me dise cela.

    Pourtant je fais tout bien dans ma vie. Je mange cinq fruits et légumes par jour ; deux carottes, deux pommes et un demi-concombre aujourd'hui, c'est la preuve hein ! Je fais mon jogging en fin de matinée parce qu'en début je dors, au parc Debreuil . Je me brosse les dents trois fois par jour, disons deux, je coche mes cases pour m'actualiser chez Paul une fois par mois, je vois les amis tous les samedis, je grimpe au Vertical régulièrement, et même j'ai un job de vendeuse chez Micromania pour les quinze jours avant Noël.
    Alors grand-père que veux tu que je fasse pour me remuer davantage lui ai-je demandé.

    « La hauteur de vue », ça a été sa réponse, il m'a fait une bise, il a pris sa canne, et il est parti, emportant son odeur de laine mouillée et de pipe froide.

    Me voilà bien avancée.

    Du coup, j'écris, ça me calme et pour être certaine de garder la tête froide je me suis fait un verre de vin chaud à la cannelle que j'ai posé juste à côté du clavier et qui embaume.

    Peut-être devrais-je cesser de me mentir, c'est peut-être ce qu'il veut me dire.
    Oui mais dans mensonge il y a songe, alors excusez-moi de ne pas dire toute la vérité et cette phrase c'est Serres qui l'écrit et moi je l'aime bien, la phrase.

    .../...

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