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    Sublimes mémoires du Japon

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    Message par imanachnuelohim Mer 30 Juin - 23:44


    Dans l'après-midi du jeudi 3 Avril 2008, je prends le train pour m'approcher de l'aéroport de Bâle-Mulhouse à Saint Louis non loin de la frontière franco-suisse. Mon passeport en main avec le billet d'avion et un Pass de transport sur le rail, je pars pour explorer le pays du soleil levant, destination de tous mes curieux fantasmes.
    Le train est prévu à 15h47 depuis Mulhouse et arrivera en gare de Saint Louis à 16h01. De là, je prends une navette qui relie la gare à l'aérogare bi-national. Pour la modique somme de 1 euro, j'emprunte ce bus qui en à peine 10 minutes arrive au côté ARRIVEE de l'euro-Airport.

    Bien que mon sac à dos ne soit pas très encombrant ni très lourd, des bouffées de chaleur commencent à se montrer sur mon visage en sueur. A l'intérieur du hall de départ, le système de chauffage a l'air de bien fonctionner. Un peu trop pour moi tout de même. Dehors, il ne fait pas froid. Cependant, la fraîcheur de la brise qui souffle légèrement m'invite fréquemment à sortir un peu en attendant l'heure d'enregistrement des bagages. Et pour cause.
    Le pré-acheminement pour Paris était prévu à 17h50. La compagnie aérienne enjoint une présence 1 heure auparavant, ceci afin d'enregistrer nos effets personnels en soute. En m'approchant du comptoir, une hôtesse m'accoste pour connaître ma destination. Je lui montre mon récapitulatif du billet électronique (la modernité aidant) pour lui indiquer l'aéroport de transit notamment celui de Paris-Charles-de-Gaulle que je dois emprunter.
    Sans avoir plus d'information, la jeune femme me précise que ce vol est annulé, ou plutôt en manque de confirmation de vol. Je suis prié d'attendre 5 minutes pour connaître les directives afin de palier ce retardement.
    Les moniteurs d'annonces des départs de vol défilent des informations, clignotent des messages de retardement et reculent sans cesse l'heure de départ de mon vol.
    18h00, 18h20, 18h40, 19h00, 19h30, je pousse enfin un souffle de soulagement en sachant que je ne perdrai pas ma correspondance pour le deuxième vol à Paris. Celui-ci prévu à 23h45 pour Tokyo partira à l'heure.
    Près des files d'attente, je retire mon ticket à la billeterie automatique et me dirige vers les tapis roulants du comptoir. La formalité d'enregistrement est rapide, n'ayant qu'un seul paquetage de voyage, le personnel de l'aéroport m'invite dès à présent à me rendre à la porte d'embarquement à l'heure indiquée sur mon "boarding pass". A cause de la gêne occasionnée par cet impondérable, la compagnie d'Air France m'informe qu'en présentant ma carte d'embarquement au bar situé en aval de la porte de contrôle de sécurité, un sandwich et une boisson me seront offerts.
    Avant de passer la porte de contrôle, je flâne quelque peu dans la salle des "pas perdus" au gré des "shops" qui délimitent le grand hall. A ma surprise, je rencontre un ancien camarade de classe qui travaille dans cet aéroport et qui se trouve être un agent de sécurité. Ravi, je lui fais part de mon voyage et lui dit que je mettrai des articles et photos de mon périple en direct sur un blog .
    Il prend l'adresse du blog que je lui indique, m'affirme qu'il visitera régulièrement mon site et me souhaite un bon voyage.
    L'heure approche et me décide enfin à franchir les portes de contrôle pour ensuite m'orienter vers "le bar" et retirer mon modeste repas gracieusement offert.
    En porte 21, j'embarque sur le vol AF3287 à bord d'un Embraer 90.
    L'appareil décolle sur les lueurs crépusculaires du tarmac alsacien pour m'amener 50 minutes plus tard sur le Hub de Roissy. Pendant le trajet, une petite collation est servie manu militari. Ma voisine se plaint très vite de l'inconfortabilité et de l'étroitesse des sièges bien qu'elle ne soit pas de corpulence évidente. Pour avoir utilisé de nombreux appareils je lui explique qu'effectivement il ne faut pas s'attendre à voyager aisément dans des avions "petit courrier". Surtout à destination de Roissy. Néanmoins, les avions en partance pour Orly sont un peu plus confortables, ceux-ci étant des Airbus A300 ou des Boeing 737. Interpellée par mes connaissances aéronautiques, elle engage la conversation et m'apprend qu'elle voyage professionnellement. A la découverte de ma destination finale, elle compatit à ma joie et envie mon centre d'intérêt. Mais comme elle le dit elle-même, se déplaçant souvent par les airs, elle préfère rester chez elle au moment de ses vacances.

    Bien vite, j'arrive à Paris Charles De Gaulle et longe les terminaux pour me rendre au T2 F. Jamais je n'avais vu le côté départ du terminal aussi désert. Ne voulant pas me cantonner derrière les portes d'embarquement, je reste en retrait et prends un bol d'air à l'extérieur. Assis sur un banc, le baladeur sur les oreilles, j'examine les allées-et-venues des taxis, bus, navettes qui prennent, déposent les voyageurs. Une voiture-dépaneuse est en attente sur les aires de stationnement à l'affût du premier automobiliste contrevenant ou d'un appel de son central pour enlever les voitures indésirables.
    23h00 sonne, je retourne dans l'aérogare pour me diriger vers ma porte d'embarquement. Au passage des portails de sécurité, je constate nettement qu'il y a plus de monde de ce côté-là. Je suis impressionné par l'architecture "ogivale" du hangar "F" tout en verre, illuminé, avec une structure métallique et squelettique. Splendide. En porte F49, j'embarque sur le vol AF0278 à bord d'un Boeing 777-300.


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    Message par imanachnuelohim Mer 30 Juin - 23:51

    Ca fera une occasion de plus à Dolma de voyager Sublimes mémoires du Japon 626800 .


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    Message par Dolma Jeu 1 Juil - 8:59


    Tu me fais trop marrer toi super content

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    Message par imanachnuelohim Jeu 1 Juil - 9:42

    Tu pensais que c'est une blague,mon récit. Eh ben je vais continuer pour te prouver le contraire.


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    Message par imanachnuelohim Jeu 1 Juil - 9:43

    Vendredi 4 Avril 2008.
    Le vol est un peu long. Plus de 9000 kms séparent les 2 villes et traversent la Russie. Depuis le petit écran situé en face de mon siège, je peux apercevoir en temps réel le défilement du territoire sibérien grâce sans doute à une caméra placée en dessous de l'appareil. Dans l'accoudoir de droite est nichée une commande pour zapper, visionner des films, émissions, reportages, documentaires ou même jouer à des jeux interactifs ou écouter une variété de musiques différentes selon vos goûts. Pendant ce temps-là je pense à mettre ma montre à l'heure locale d'arrivée. Dans cette traversée aérienne, je n'ai pas très faim. Mais curieusement je me surprends à manger goulûment tous les plats, friandises et boissons qui me sont proposés. Il faut dire que tout cela n'est pas là pour vous rassasier. Aux vues des repas servis dans les classes supérieures, ces victuailles ne sont que des artifices de bouche.
    Les kilomètres s'égrennent et la destination finale approche.
    Après 11 heures de croisière, j'atteris à l'aéroport internationnal de Narita. Je remplis la fiche d'immigration qui m'a été donnée dans l'avion et prépare mon passeport pour aller plus vite au poste de douane. Je dépasse rapidement tous ces passagers encombrés de leurs bagages à main et atteint sitôt la douane. Sur son piédestal du passage à la douane, un douanier m'accueille sur son sol, masque hygiénique sur la bouche. Lorsqu'on n'a pas l'habitude de s'accoutumer avec ces gens plus ou moins hypocondriaques, l'effet porte à sourire voire à rire. Je me contiens rapidement de cette émotion pour ne pas être tendancieux. Qui sait ce qui pourrait m'arriver ? Je ne connais pas les Japonais. La première chose à faire lorque l'on rentre dans un pays étranger, surtout au Japon, c'est d'avoir une ouverture d'esprit, accepter et respecter les us et coutumes de vos hôtes. Je me surprendrai, plus tard, à vivre et à faire comme eux.
    Avant de passer le barrage douanier, je me soumets à la prise de mes informations biométriques. L'homme au costume sombre m'invite à déposer les 2 index sur une petite plaque métallique et une caméra photographie mon visage, plus probablement mes yeux. Il vérifie ma déclaration d'immigration et d'importation et estampille du précieux visa "TEMPORARY VISITOR" mon passeport.
    Il est 18h20 et je me soucie de prendre le prochain train pour Tokyo depuis l'aéroport afin d'être à l'heure à mon hôtel. J'avais réservé une chambre auparavant sur internet, dans le centre de la capitale. Il me fallait y être au plus tard vers 20h- 20h30. Les conditions de check-in dans les hôtels Tokyoites peuvent être parfois draconiennes et si on arrive en retard, un supplément tarifaire est demandé (parfois les hôtels ferment à 22h00, il n'y alors plus la possibilité de s'enregistrer).
    Avec toujours cette pensée de ponctualité, je me dirrige vers le tapis roulant des "récupérations bagageuses". Un à un, des valises, des poussettes, des colis et des sacs sortent sur le déferloir et j'attends impatiemment mon barda.
    Il est 18h32 lorsqu'enfin je le récupère, toujours en nage, l'inquiétude aidant. Au sous-sol du terminal, je me rends dans l'agence JR pour échanger mon voucher acheté en France afin d'obtenir le fameux JR Pass. Une jeune fille de la compagnie ferroviaire me demande mon passeport et vérifie bien que j'ai le visa avec la mention "TEMPORARY VISITOR". L'établissement du JR Pass est statué grâce à ce document d'identité car le nom et le numéro de passeport seront inscrit dessus. Il sera valable 3 semaines à partir de ce jour. Et pour qu'il n'y ait pas de compromis, il y a même le type du pass ainsi que son prix.
    Le prochain train "N'EX" qui relie la ville d'Edo est à 18h46. Et soucieux d'un bon séjour, la guichetière me fait furtivement une réservation sur la navette. Le petit billet bleu-vert tendu vers moi, elle m'indique l'endroit où prendre le train qui partira dans....5 min !!! La réputation de la ponctualité des trains nippons n'est plus à faire. Si j'arrive à ....47min, c'est loupé. Je m'apprête à sortir rapidement pour chopper le N'EX et dans ma hâte, je laisse le JR pass sur le bureau de l'agence. Ma vivacité d'esprit me permettra, avant de sortir du guichet, de récupérer mon carton argenté.

    Les Japonais ont une grande avance dans le domaine touristique comparé à la France. Bien que leur écriture soit en idéogrammes, ils font l'effort de mettre les indications en lettres latines (en Romaji, comme ils disent). L'anglais est présent de plus en plus dans les lieux publics, ce qui me facilite beaucoup la tâche. A quand ces mêmes préconisations en France ? (certains diront qu'il y a tout de même des précisions en anglais dans les lieux touristiques..........je leur répondrai......5 fois moins qu'au Japon !!!) Peut être que les Français seront un peu plus doués pour les langues quand cela arrivera (pardonnez-moi de ma subjectivité).
    Dans l'express qui me conduit à Tokyo, la propreté et l'espace dans les wagons m'interpellent. Je rentre dans une voiture, une porte coulissante s'ouvre automatiquement devant moi. Avant même de monter dans le train, à quai chaque voiture est postée par un employé de la compagnie. Sur la cloison intérieure de la voiture, un panneau lumineux m'indique en temps réel le cheminement du train et des informations du trajet en anglais défilent en couleur rouge. Je suis bel et bien dans le pays de la rigueur, du modernisme, du sur-développement et de la tradition.

    Le Narita-Express roule dans la nuit bleue et les silhouettes des immeubles de lumière commencent à se dessiner au travers de la fenêtre du train. A partir de Chiba, ville de l'agglomération Tokyoite, la banlieue envahit le champ de vision pour peu qu'on la devine à travers tous ses feux flamboyants de voiture, d'éclairage public de vitrine, de restaurant, de bureaux et de building. Le super-express met 1h03 pour faire les 60 kms de liaison. Grâce au JR Pass, ce mode de transport m'est gratuit. Tout comme le prochain moyen de transport que je vais utiliser pour me rendre à la gare d'Ueno. Parti de la gare centrale de Tokyo, j'emprunte la ligne JR Yamanote pour arriver à Ueno. Enfin, je prends un dernier omnibus sur la ligne de Joban et m'arrête à la station Minami-Senju. Le plan que j'avais imprimé en main, j'essaie de m'orienter pour retrouver le chemin vers le New Koyo Hotel. Un jeune Japonais parlant l'anglais me voyant devant un plan du quartier m'accoste et m'indique la route que je dois suivre. Il m'affirme connaître cet hôtel réputé pour "les Backpakers". Après avoir tourné en rond dans le pâté de maisons et redemandé encore l'adresse "de cet hôtel", si on peut dire ainsi, j'arrive un peu fatigué à l'heure prévue. Un jeune réceptionniste m'accueille, fait les formalités d'enregistrement et m'explique en détail les fonctions de l'hôtel (cuisine, douche, machine à laver le linge, etc...). Je découvre avec réserve la chambre que j'ai louée : pour 2500 yens (16 euros) me voici dans une chambre à tatamis de 5m² !! Bien sûr, au Japon, on paie de suite les nuitées réservées plus une caution de 1000 Yen pour les clés.
    Je dépose rapidement mes effets dans la piaule, puis rejoins le "drugstore " de la rue pour acheter quelques provisions de bouche. (pensez vous donc, depuis plus de 9 heures que je n'avais pas mangé !). De retour à l'hôtel, je prépare mon "ramen" acheté sous peu et fais la rencontre d'un Suisse Roman qui était là depuis 2 jours. Il me montre fièrement l'acquisition d'un appareil à photo qu'il avait payé une bagatelle : 173 euros. Avec sa notice en français. Je discute encore un peu de temps, puis monte au 3ème étage pour regagner ma turne. Mes ablutions faites, je m'endors paisiblement au pays de Morphée.


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    Message par lahaut Jeu 1 Juil - 11:14

    Le résumé du texte pour la majorité singulière du village "Départ de France -avion -arrivée à l'aéroport de Tokyo - visa -train- hotel " Sublimes mémoires du Japon 626800 (enfin j'aurai écris comme cela mon carnet de voyage mais chacun son style !!!)allez hop la suite !!
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    Message par bardak Jeu 1 Juil - 13:09

    Ah oui, alors, la suite...

    Je connais pas grand chose du Japon, à part ce que tout le monde en connaît, alors je veux en savoir plus... surtout que ton carnet est très agréable à lire et promet de bons moments de lecture...

    Je suis impatiente de découvrir la suite de tes aventures nippones...


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    Message par imanachnuelohim Dim 4 Juil - 20:55


    Samedi 5 Avril 2008.
    Au réveil je mange quelques gâteaux en guise de petit déjeuner. Avec mon gros guide du Lonely Planet je pars en direction du marché de Tsukiji. A peine ai-je sillonné la ville que déjà mes pieds se fatiguent. La cause en viendra de mes souliers. L'hyperactivité des Japonais qui s'affairent autour d'un immense hangar révèle peu à peu l'emplacement du marché. De drôle de chariots électriques se glissent, s'entrecroisent dans un espace qui devient de plus en plus exigu au fur et à mesure de la présence des étals poissonneux. Le sol qui devient sale (cela est relatif) et humide me dirige vers le lieu de vente où toutes sortes de poissons sont proposées. C'est alors qu'un feu d'artifice de multiples couleurs m'éclabousse les yeux, m'émerveille et met tous mes sens en action. Bien qu'il soit 7h-7h30 du matin, étrangement je n'ai pas d'aversion à l'odeur iodée et marine qui flotte autour de moi. Au contraire, la fraîcheur des produits me fascine et j'arpente avec envie cette foire maritime. On y trouve de tout. Des vendeurs, des acheteurs, des touristes qui photographient de long en large les éventails disposés harmonieusement. Fruits de mer, poissons vivants ou pêchés, thons congelés (pour faciliter sa découpe) et de milliers d'autres produits de la mer en passant par les algues se dispersent rapidement au gré des ventes. Sous les rayons des centaines d'ampoules qui éclairent ce centre commercial de fortune, j'ai du mal à quitter ce jardin de la mer tant le charme me saisit. Je m'attarde un peu près d'un vendeur de couteaux pour en découvrir le prix. Si le Japon est le pays des mangeurs de poisson, il est aussi celui des couteaux qui préparent avec raffinement ses spécialités mondialement connues : les sushis et sashimis. Autant ces instruments sont tranchants et d'une qualité exeptionnelle, autant leur coût est élevé. Quand on sait qu'une de ces lames peut faire une "vie d'homme", on comprend la valeur investie. A côté du coutelier, les bars à sushi offrent des petit-déjeuners traditionnels au poisson. Ces boulettes de riz au filet de thon rouge, crevette, seiche ou d'autre pêche sont photographiés sur une carte de menu pour faire son choix au travers de la devanture de ces restaurants matinaux. Passé l'heure de midi, on ne peut plus déguster ces spécialités culinaires avec la boisson verte par excellence. Ces shops ne sont destinés qu'à se rassasier le matin et ferment en même temps que le marché.
    Lassé par mes pieds, j'erre au gré du flot de la circulation en ville, consultant mon guide pour voir ce qu'il y a à visiter dans le coin. Sur une passerelle piétonnière, je me prends en cliché, souvenir immortalisé du passage dans cette conurbation. Le temps agréable devient lourd avec mon imperméable sur le dos. Je me réfugie dans les bouches du métro pour me projecter aux jardins extérieurs du palais impérial. A peine 9h du matin que déjà une floppée de "moines-touristes" s'active et se bouscule devant le portail du palais, à qui fera la plus belle diapositive. Tout comme les Chinois, les plus nombreux touristes dans leur pays sont les autochtones eux-mêmes. 126 millions de Japonais en escapade avec des appareils Nikkon, Minolta ou autre marque en bandoulière, cela se remarque aisément. Le parc à la tonte lisse est parsemé de cèdres ou de pins (je ne sais leur nom exact) dans une régularité parfaite, laissant des espaces ouverts. Et le soleil qui commence à frapper ma tête dégarnie m'incite à m'abriter dans un endroit plus frais. Je longe les douves fleuries par les premiers cerisiers de mon voyage et accède à l'Ote Mon, l'entrée principale du jardin. Bien heureux est cette boutique qui se trouve à l'intérieur de l'enceinte, même si mon repos sur un banc n'a que peu d'effet. Les chaussures de ville à mes pieds ne sont pas faites pour la marche. Mais l'insatiabilité de ma curiosité me pousse à voir ce jardin d'acclimatation au dépend de ma fatigue.
    De long en large, de haut en bas, du nord au sud et d'est en ouest, je sillonne le parc, traversé par des sentiers gravillonnés respectant les perspectives des jardins japonais. La lumière éclatante de la journée met en valeur toute cette nature domptée par des mains qui ont appris à l'aimer. A l'instar de ses habitants, je me surprends à mitrailler à tord et à travers cette verdure, ces fleurs et ces arbres dans toute leur vigueur et leur force d'exister. Il n'est pas de meilleure saison pour les voir s'épanouir et raconter leur façon de vivre. Petit à petit, la faim me gagne et je ne tarde pas à quitter ces lieux idylliques pour me restaurer. A Ginza, au centre de la ville, se trouve un petit restau niché secrètement dans une ruelle à peine accessible. Le "New-Torigin" est un petit établissement authentique connu par ses habitués et qui présente de délicieux yakitoris et kamameshis. Je m'attable devant un zinc par derrière duquel se trouve les cuisiniers. Je choisis les spécialités de la maison et goûte pour la première fois le Wasabi. C'est sans doute un condiment à base de plante à l'aspect plus ou moins vert servant à relever les mets par son pîquant comme à l'image de notre moutarde. Je paie mes 8 yakitoris qui sont en fait des mini-brochettes de divers viandes que l'on peut choisir. Il existe neanmoins des yakitoris aux oeufs, légumes et autre curiosités dont les Nippons ont le secret.
    Tranquillement je prends le "tube" pour me retrouver sur la Roppongi-dori. La station de Tameike-Sanno me semble être le point le plus proche du musée d'Okura Shukokan. A sa sortie (du métro), je me laisse tenter par une pâtisserie qui expose des gauffrettes. L'odeur aidant, je fais la queue devant le magasin pour vider encore un peu plus mes poches mais remplir mon estomac. Il me faudra 10 minutes d'expectance pour acheter 3 gauffrettes fourrées au chocolat et à la fraise, nouveauté de la boutique. Je me dirige alors vers le musée par des itinéraires plus ou moins aléatoires. M'y trouvant enfin, mon exaspération m'assoupit au pied du bâtiment lorsque je vois un écriteau stipulant que l'Okura Shukokan est fermé. Il ouvrira le lendemain. Tant pis, je prends mon courage à deux mains et flâne, fatigué, dans le quartier. Je remonte l'avenue principale de Roppongi pour atteindre le centre d'intérêt de l'arrondissement : le Roppongi Hills. Une grosse et haute tour entourée de parvis, d'allées et de bâtiments modernes se dresse devant moi comme pour m'inviter à sa visite. Tout d'abord j'examine le plan du site, puis furtivement me glisse dans les entrailles du dédale architectural. Le long d'un parterre entièrement fleuri, une fontaine le prolonge. Près d'elle, et pendant une vingtaine de minutes je m'y assois pour soulager mes pieds échauffés. Sur la place qui est au pied de la tour, j'observe un spectacle de rue où les chalands s'amusent à voir 2 artistes-mimes qui ridiculisent les passants. Des vilains garnements aux Skate-board défient le gardien en faction en circulant sur des endroits interdits. Celui-ci court après eux, mais en vain. Le bruit de l'eau accompagne les rires et les monologues adressées à des bouts de plastique collés aux esgourdes des quidams. Cette jeune femme assise à côté de moi m'exaspère par ses logorrhées téléphoniques et finit par me pousser à grimper sur ce géant de verre et d'acier. Avant de monter, je progresse vers les galeries marchandes chics quand, soudainement, j'aperçois "l'atelier de Joël Robuchon", restaurant nanti, qui à la vue des prix sur la carte de menu affichée sur la porte d'entrée, fait fuir le touriste que je suis.
    1500 yens, c'est le prix pour prendre l'ascenseur qui vous projectera en haut du ciel bleu. A ce tarif là, j'ai le droit de visiter le musée Mori. "Cà m'emballe bien", de visiter un musée perché à plusieurs mètres de haut et qui ne m'interesse guère. Ne me demandez pas ce qu'il y exposait, j'ai tout oublié. L'intérêt vient plus du panorama qui s'offre bientôt à moi. Presqu'à 360°, je contemple ce qui est la plus peuplée des conurbations du monde : 34 millions d'habitants !!!! Evidemment, un coin est réservé pour des préposés photographes qui vous prennent le portrait avec le meilleur angle de vue sur l'acropole garanti, juré, craché. Un petit bar vend des jus de fruit frais au parfum exotique et rocambolesque.
    Toute sortie est dûe et définitive. C'est ce que le poinçonneur de ticket m'a affirmé. J'en aurai donc pour mon argent et décide d'y rester jusqu'à ce que la nuit tombe. Deux heures et demie plus tard, assis dans un sofa, je m'émerveille des scintillements de la ville et du spectacle étincelant d'une frénésie éternelle et où l'activité humaine ne s'arrête pas. Je gagne les profondeurs nocturnes de la grande cité, harassé et satisfait de ma journée.

    Assis dans une rame de monorail, je vois défiler le port illuminé de tous ses feux. La grande roue s'éblouit d'elle-même par ses éclats multicolores.
    Enfin, je parviens à ma destination : l'Oedo-Onsen Monogatari se trouve à quelques pas de la station "centre des télécoms". Je rentre dans le centre de bains en me déchaussant à l'entrée. Dans un petit casier prévu à cet effet, j'y place mes godillots. Je ne sais absolument pas comment se déroule la baignade publique. Je suis un peu soucieux de la tenue à respecter mais je me rends au guichet de la piscine. Dans un anglais pas très sûr, je précise que c'est la première fois que je viens dans un onsen. La jeune femme m'informe de la procédure à tenir et des conditions générales. Une fois réglée l'entrée incluant la location d'un Yukata, je récupère près d'un comptoir un peignoir aux couleur, taille et motif de mon choix. C'est vers le côté des hommes que je m'oriente pour me dévêtir dans la plus simple expression. Le Yukata enfilé, la clé du casier à mon bras, j'examine les lieux et cherche les bassins. Car entre les vestiaires et les eaux thermales, je dois traverser toute une galerie constituée de restaurants et de boutiques. Bien des minutes plus tard, me voici dans une grande salle de bains. Un employé (homme) me tend 2 serviettes (une petite et une grande). Dans un grand compartiment, je dépose ma 1ère clé, mon Yukata et ma grande serviette. Pudeur oblige, j'avance vers une petite douche, la petite serviette à la main en cachant plus ou moins mon anatomie intime. J'y fais consciencieusement ma toilette avec le produit de douche et le shampooing fourni. Il est très important de veiller à sa bonne hygiène corporelle avant d'entrer dans les bains. C'est pourquoi je me rince abondamment et prends garde de ne plus avoir une goutte de savon sur moi. Ceci fait, je me plonge alors progressivement dans une eau couleur thé sombre, chaude et apaisante. Je me relaxe en fermant les yeux et souffle de bonheur. Ma solitude et vite rompue quand je fais la connaissance d'un Néo-Zélandais. Il travaille en France et habite à Lyon. On se fait part de nos itinéraires au Japon, des lieux à visiter et des endroits que l'on a explorés. Les vapeurs et l'eau à 40° confinées dans l'enceinte intérieure de l'établissement nous étouffent. A proximité, nous utilisons la piscine extérieure mais avec la même température d'eau. On respire davantage, et les baigneurs va et viennent suivant leur humeur d'un bassin à un autre. Je remarque très vite que chacun portent ses regards sur les yeux de l'autre et pas sur une autre partie du corps. Le nu est vu mais jamais regardé au Japon. On est tous égaux. Que l'on soit Japonais ou étranger, petit ou grand, maigre ou gros. Malheureusement, je n'ai pas l'habitude des bains chauds. Par acquis de consience, je reprends une douche (plus fraîche) et enfile ma "robe de bain " pour me restaurer au petit restaurant de la station thermale. Un esprit de "Mémoires de Geishas", film américain, apparaît à la vue du dessert que je prends : la glace japonaise. C'est en fait de la glace pilée aromatisée d'un coulis du parfum de son choix agrémenté d'une crème glacée vanillée (ceux qui ont vu le film comprendront). La nuit avance et je rentre à l'hôtel, situé au nord de la capitale.


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    Message par imanachnuelohim Mar 6 Juil - 11:48

    Dimanche 6 Avril 2008.
    Pour ne pas changer, je mange les mêmes biscuits que j'ai achetés pour le petit déjeuner. Je m'installe sur un poste internet pour poster quelques articles sur mon blog. L'aventure du métro ou même des transports en commun en général me reprend (d'ailleurs ,je n'ai pas le choix). Voyez donc. Ce pays surpeuplé a des infrastructures pour satisfaire les déplacements de sa population. Les quais des gares aussi longs que les rames de train avoisinent les 500m. Bien mal vous prend d'utiliser les chemins de fer aux heures de pointes. Les gens s'entassent commes des sardines, se collant joue contre joue, fesse contre fesse, certains s'accrochent sur des mains courantes pour mieux dormir debout. D'autres encore jouent les équilibristes ne se tenant nulle part dans les voitures et zappant continuellement sur leurs portables. Au moment de la fermeture des portes, certains sautent dans la rame créant une vague de bousculade. C'est d'un comique navrant. Alors, quand quelqu'un veut sortir depuis le fond de sa place, c'est "vas-y-que-j-te-pousse, laisse-moi-passer". Peu importe. En ce jour de dimanche, ce n'est pas vraiment le cas. Quoique ?
    Je m'arrête à l'arrêt Harajuku.On m'a dit du plus grand bien du Yoyogi-koen. L'endroit idéal pour observer les jeunes du Cos-Play-Zoku. Vous savez, ces ados qui s'habillent de façon exentrique et extravagante ? A l'entrée du parc, je croise un Sri Lankais. Il m'explique qu'il est cuisinier et que la vie est difficile pour lui. Navré, je ne peux rien faire pour lui. Je continue mon chemin et constate à ma surprise que le parc est mal entretenu. Sale,des déchets jonchent le sol d'où émanent des odeurs nauséabondes qui attirent les corbeaux. Ce sera le seul endroit malpropre que j'aurai vu durant mon périple. Malgré cela, des adeptes du yoga exercent leur pratique accroupis sur la pelouse déplorable. A quoi bon, on sait que ces personnes font abstraction de tout pour assouvir leur besoin spirituel. A part un joueur d'un instrument traditionnel, je ne vois rien d'attrayant dans ce parc du Yoyogi et m'attriste de n'avoir pas pu zieuter le "Costume Play Gang". Peut être que je n'étais pas au bon endroit ; les guides avaient pourtant bien affirmé que cette manifestation ce faisait le dimanche à cet endroit précis.
    En vain, je décide de trouver l'adresse d'un restaurant réputé pour son cadre verdoyant à l'extérieur du parc. Jamais je ne le trouverai et je fatigue davantage à cause de mes pieds. Je rejoins la station JR (compagnie des chemins de fer japonais) et gagne le quartier de Shibuya. Que de monde ! Que de gigantisme ! Que de spots publicitaires grandioses ! L'émotion est à son comble lorsque je vois, à la sortie de la gare, cette fréquentation et cette marée humaine progressant en une onde noire sur le carrefour de la Jingu-dori et de la Dogen-Zaka. Sur les immeubles sont perchés des panneaux lumineux publicitaires avec des hauts-parleurs à pleine puissance. Je me sens vite mal à l'aise comme si la promiscuité me rendait phobique. C'est un vrai centre commercial à ciel ouvert. Je déambule dans les rues bruyantes et me réfugie dans un merveilleux petit musée ; celui du sel et du tabac. Le prix du billet est dérisoire. Sur 3 étages j'explore les expositions et découvre avec intérêt le mode traditionnel d'exploitation du sel.
    Shibuya n'est pas vraiment un endroit pour découvrir la cuisine véritable. Trop touristiques, nombreux sont les fast-foods et les restaurants étrangers qui ont leurs rabatteurs. C'est avec résignation que je m'invite dans le moins mauvais de ceux-là. Le "samrat" est un petit restaurant indien établi dans un sous-sol d'un immeuble. Coquet, son décor est plutôt sympathique tout comme son personnel.On y mange bien et à satiété.
    Avant de reprendre la Yamanote Line, je m'arrête pour photographier la statue d'Hachiko. Hommage à un petit chien qui attendait chaque jour, devant la gare, le retour de son maître décédé.

    Mon esprit me rappelle que la veille j'avais trouvé porte close au musée de l'Okura Shukokan. Je décide d'y retourner sachant qu'il est ouvert aujourd'hui. L'intérêt est limité, et visiter cette galerie n'est intéressant que pour ceux qui cultivent la passion des sabres. Car les multiples vitrines exposent les fines lames du royaume dont des guerriers, des collectionneurs et des haut-notables disposaient. Ceci dit, les pièces ciselées (aux différentes armoiries) sont remarquables et leur beauté brillante n'en est que plus étonnante. La description de la création de ces sabres vous convaincrait presque d'en être passionné.


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    Message par imanachnuelohim Mar 6 Juil - 12:49

    Toutes mes excuses pour l'apparence du texte en vert clair.
    Essayez de lire la partie mal visible en surligné.
    J'essaierai à l'avenir de changer la couleur vive.


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    Message par Dolma Mar 6 Juil - 14:45

    Bonjour top là.

    Eh bien moi qui rêve du Japon, ce n'est vraiment pas de celui-là ! Trop de gens, trop de gigantisme, trop d'agitation, trop de tout.. Il me fatigue ce Japon-là mon dieu ! . Tu vas bientôt nous emmener dans d'autres lieux plus apaisants ?

    En tous cas, merci pour cette balade et tant mieux si tu as mal aux pieds bravo parce qu'ainsi tu quitteras peut-être cette ville pour nous faire découvrir les magnifiques paysages de la nature japonnaise !!

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    Message par imanachnuelohim Mar 6 Juil - 20:38

    Ne t'en fais pas Dolma,ce ne sont que les premières façades du pays du soleil levant. Sublimes mémoires du Japon 0002
    Va y en avoir d'autres.


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    Message par Wapiti Mar 6 Juil - 21:20

    imanachnuelohim a écrit:Ne t'en fais pas Dolma,ce ne sont que les premières façades du pays du soleil levant.
    Va y en avoir d'autres.
    Oui, j'en ai le souvenir au fond des pupilles et je les attends avec impatience ! Sublimes mémoires du Japon 626800

    Tu nous mettras aussi quelques-unes de tes plus belles photos, Emmanuel ? ... Sublimes mémoires du Japon Parle050 ... Sublimes mémoires du Japon 626800


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    Message par imanachnuelohim Mar 6 Juil - 22:27

    NON. Parce que votre imaginatif sera moins sollicité.


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    Message par Wapiti Mer 7 Juil - 7:27

    imanachnuelohim a écrit:NON. Parce que votre imaginatif sera moins sollicité.
    Alors il faut être précis et poétique dans toutes tes descriptions, en long en large, en zoom et en travers, des belles choses que tu as vues, pour qu'on puisse bien imaginer... Sublimes mémoires du Japon 887474


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    Message par lahaut Mer 7 Juil - 10:29

    et le résumé pour la majorité singulière ? Sublimes mémoires du Japon 94669
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    Message par Wapiti Mer 7 Juil - 11:04

    lahaut a écrit:et le résumé pour la majorité singulière ? Sublimes mémoires du Japon 94669
    Le voici :
    Imanachnuelohim traine ses pieds qui lui font mal dans les rues, les parcs, les musées, les métros de Tokyo.
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    Message par imanachnuelohim Mer 7 Juil - 11:57



    Lundi 7 Avril 2008
    Je récupère ma caution de 1000 yens à la réception.
    Mon train pour Kyoto est prévu pour 14H03. J'ai le temps de visiter la plus haute pagode du pays. Mon sac à dos n'est pas encore lourd. Je décide de le prendre avec moi pour me rendre au Senso-ji.
    En débouchant de la sortie du métro, j'atterris dans une galerie marchande non achalandée. L'allée de celle-ci est joliment décorée de mosaïques. Les premiers marchands de la journée nettoient précautionneusement leur devanture de boutique, jetant un seau d'eau pour mieux y passer le balai-brosse. Le temps est gris et le ciel cotonneux menace de pleuvoir. Avec une charge sur le dos, je me convaincs d'acheter une nouvelle paire de chaussures pour éviter un chemin de croix pendant mon séjour. A 5990 yens, j'achète des moccassins, faciles à déchausser. Eh oui, quand on sillonne une terre où il faut souvent retirer ses "boots", on joint le pratique à l'agréable.
    Plus loin, sur la Kokusai-dori se tient à droite une porte auquelle est accrochée en dessous une grosse lanterne en tissu rouge. Dans la perspective de l'ouverture de cet immense portique, une voie s'y dessine arborée d'échoppes qui vendent toute sorte de souvenirs. Elle dirige droit au Senso-ji. En cette période de printemps les petits cabanons touristiques sont décorés de reproductions en plastique de branchages de cerisiers en fleurs. Je passe sous "le tori" (si on peut dire) et marche sous la voûte fleurie.... en plastique. Sans cesse,les touristes affluent et se photographient. Les odeurs de confiserie flottent autour de chacun pour nous inciter à la tentation. Quelques épiciers flairant l'affaire, attirent les visiteurs en faisant une démonstration de fabrication. A l'intérieur de leur boutique est installée une machine industrielle qui fabrique des petits biscuits fourrés de chocolat ou de pâte à haricot rouge. A l'unité, par 5 ou par sachet de 300 grammes, ces miniardises partent comme des petis pains. C'est vrai que c'est bon. Progressivement j'aperçois un grand encensoir d'où s'exhalent des fumées odorantes. Rite religieux qui manifeste la présence d'un lieu de prière. Un temple se dresse juste derrière et tel un autel, une urne destinée à recevoir l'obole des fidèles se place sur le chemin du sanctuaire. Une fontaine purificatrice permet tout autant de se désaltérer que de satisfaire les rites boudhiques. De ses 5 toits rouges sang-de-boeuf, se dresse le Senso-ji à proximité du lieu de pélerinage. L'aiguille sans doute dorée qui s'érectionne sur l'édifice ressemble plus à une antenne de télévision qu'au symbole de la pagode. Au pied de cette tour en bois il y a une profusion de moulins à prière.
    L'heure de midi sonne bientôt et les yeux plongés dans le plan de mon guide, je cherche une bonne adresse. Il va sans dire que ma préférence est de manger "local". Les premières gouttes de pluie arrivent et je m'empresse de rentrer dans un restaurant ....japonais. Je suis aisé de voir combien je me débrouille bien avec les baguettes. Mon voyage en Chine 3 ans auparavant m'avait bien entraîné.
    Au talon gauche, la rigidité de ma chaussure neuve me fait mal. J'attends avec impatience l'heure de mon départ sur un siège d'une halte de bus. Il est possible que l'indication écrite sur la chaise stipule la réservation faite pour les usagers des autobus, mais mon ignorance des kanjis m'excuse de cette impolitesse.
    Dans la gare, je m'oriente vers les quais où le shinkansen arrivera seulement 5 minutes avant son départ. Sur la plate-forme en dessous de la marquise, plusieurs équipes de ménagères se positionnent au marquage au sol des sorties de voiture. Rose vétues, balais, chiffons, seaux et produit de nettoyage à la main, elles attendent l'HIKARI 375.
    Le TGV déverse ses passagers venus de la destination inverse et s'attend à accueillir les "techniciennes de surface". Non pas des nettoyeuses de grand magasin comme on peut le croire dans notre jargon occidental, mais à la vue de l'espace qu'il y a dans ces trains, le mot surface prend tout son sens. En 4 minutes, montre en main, elles retournent tous les fauteuils dans le sens de la marche, changent les tétières, enlèvent les détritus qui pourrait y avoir, nettoient les wagons et contrôlent leur tâche une seconde fois. AHURISSANT !!!!
    A bord, je m'assieds à ma place réservée. En salle non fumeur, car au Japon isl n'ont pas encore ringuardisé la cigarette, très présente. L'espace est large entre les sièges. A l'heure précise je décolle de la capitale pour filer à Kyoto. Le voyage est agrémenté des visites d'une charmante hôtesse qui propose des boissons et repas. A chaque passage et à la limite de la séparation des voitures, elle s'incline d'un geste de respect pour passer à la suite de la rame. Le contrôleur aussi s'asservira de cette marque si caractéristique : les employés se retournent face aux passagers et s'abaissent légèrement comme pour les saluer. Et cela autant de fois qu'ils traversent le train. Tout comme dans le N'EX, les informations du trajet défilent sans cesse en anglais et en japonais.
    La pluie fouette les vitres et la visibilité devient nulle avec le flou de la vitesse. 2h40 suffiront pour dévaler les 482 kms qui séparent les 2 mégapoles
    .
    Arrivé à la ville aux 2000 temples, voici que j'emprunte l"underground".
    A l'âge de 12 ans, mes parents m'avaient appris à voyager seul en train de Franche comté au Centre-Val-de-Loire pour passer mes vacances chez mes grand parents. Cela nécessitait de changer de gare à Paris en prenant le métro. D'une station à une autre, il fallait que j'observe deux règles d'or : utiliser le bon numéro de la ligne de métro et surtout Sa direction. Si il y avait des correspondances, il fallait en faire autant pour la seconde ligne. Et ainsi de suite pour 3, 4 lignes prises. Il n'est donc pas étonnant que j'utilise sans peine les transports....souterrains.
    La ligne Kosei m'emmène à Kujo, arrêt près de la pension populaire de mon choix. Non sans mal je la trouve (la pension), car sous un déluge je suis obligé de me repèrer sous un abri de fortune en un store de magasin. Au premier étage du J-Hoppers, je me présente à la reception pour spécifier ma réservation de 5 nuitées. Les formalités fiduciaires et administratives acquittées, j'enfile des chaussons pour commencer à monter aux étages. N'étant pas ignorant en la matière, je sais pertinamment qu'à l'étranger, le rez-de-chaussée est appelé "1er étage". 4 niveaux plus haut, c'est à dire au 5ème étage je me rends au dortoir "mixte" n°51. Je fais la connaissance d'un Américain et d'un sympathique Taiwanais. Une australienne et un Colombien viendront nous joindre par la suite ainsi qu'une autre petite Française et un Anglais. Je me souviendrai toujours de cette jeune fille au joli prénom d'Amélie qui avait voyagé par 3 fois au Japon et qui m'avait charmé par son nez en trompette. Bref,passons. De la fenêtre de la chambre, l'asiatique s'approche de moi et me montre le restau d'en bas pour y savourer d'excellents menus. Sans plus attendre, je m'y rends avec empressement. Faut dire que j'ai très faim.
    "Good evening, I would like to eat", formule que je précise à l'entrée ; comme si à cette adresse il y avait autre chose à faire que de manger !! Le serveur me regarde les yeux écarquillés en me levant son index pour me montrer qu'il avait compris que j'étais seul et que j'étais affamé. Attablé, une serveuse m'offre du thé vert. Sur la carte, sont affichés ou plutôt photographiés les plats et menus proposés. Curiosité soucieuse, chaque spécialité est définie avec ses quantités de Kilo-calories, écrites presqu'en plus gros que le prix. Sans hésitation, et tans pis pour mon régime, je choisi le plat qui a le plus d'énergie. J'en ai bien besoin, avec le train de visites que j'entreprends. Sur un plateau m'est servi un petit bouillon de gingembre, une salade de pommes de terre, 3 petits cylindres de radis blanc, un gros bol de riz sur lequel des civelles en décoration, 3 tempuras de grosses crevettes avec de la salade de chou blanc sans oublier la sauce blanche froide bien grasse, enrichissant les bouchées de tempura ; le tout assaisonné bien sûr de... sauce de soja. Les 1514 Kcal ingurgités avec un jus d'orange, me voilà repu. Presqu'à en faire mon petit rot. Prix du repas : 1636 yens.
    Un rhume m'étreint depuis que le mauvais temps est apparu, les quatre paliers d'escalier de mon hôtel gravis rendent alors mon visage rubicon. Le soir ma toilette faite, je m'allonge pour trouver le sommeil qui ne vient pas. Je me mouche sans arrêt et cette servitude bruyante dans le dortoir incommode mes compagnons de chambrée. Au dessus du lit gigogne, sans doute exaspéré, le Yankee me propose un médicament "décongestionnant". Oh remède miracle, je passerai la nuit au repos. Ces amerlocs, quand même, ils ont vraiment la panacée !!


    Dernière édition par imanachnuelohim le Mer 7 Juil - 23:16, édité 1 fois


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    Message par Wapiti Mer 7 Juil - 12:46

    Résumé pour Sa Majorité Singulière (SMS rire) : Après une dernière visite, le Francomtois quitte Tokyo pour rejoindre Kyoto où il s'empiffre et s'enrhume.
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    Message par imanachnuelohim Mer 7 Juil - 13:06

    Wapiti a écrit:Résumé pour Sa Majorité Singulière (SMS rire) : Après une dernière visite, le Francomtois quitte Tokyo pour rejoindre Kyoto où il s'empiffre et s'enrhume.
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    Message par imanachnuelohim Ven 9 Juil - 1:17


    Mardi 8 Avril 2008
    Au matin du 6ème jour de mon odyssée lointaine, direction le Nanzen-ji. En japonais, la particule "ji" signifie temple. "Keage" est sur la ligne Tozaï du metropolitan. De là, je marche à pieds jusqu'au site du Nanzen-ji. Le chemin desservant des propriétés privées est étroit. Cependant, bien indiqué, j'arrive facilement au temple. En vérité c'est un complexe religieux de quelques dizaines d'hectares.
    Bien que le ciel soit couvert, le fléchissement des branches en fleur des sakuras sur l'allée principale donnent une ambiance très sereine. A droite de la promenade, je m'engage vers l'accès d'un jardin. Celui-ci, payant, a tout d'une représentation ZEN. Bonzaïs et mini cyprès plantés, sillons rectilignes tracés dans le gravier et dallage de pierre planté en figure géométrique dans la mousse verte parfaitement tondue rappellent indéniablement l'art horticole de ces paysagistes hors du commun. Dans le fond de ce petit paradis terrestre, une porte m'invite à la poursuite de la visite. Bing ! Bien que je me sois abaissé pour passer, ma tête se cogne contre le chambranle de la porte encore trop bas pour ma hauteur. Je découvre un petit marais apprivoisé où nagent d'énormes carpes blanches, jaunes, rouges et noires. A côté du plan d'eau, un haut piédestal rocheux soutient une sorte de vasque granitique d'environ 1 mètre de diamètre. "Ce lavabo de pierre" est alimenté en eau par une petite gargouille positionnée au dessus. A l'intérieur de "cette baignoire ronde" est aménagé un biotope avec un petit pont sous-marin en bois et une tuile demi-cylindrique où des petits poissons rouges se frayent et nagent sans souci. Voici un aquarium plus ou moins naturel.
    Je reviens sur mes pas pour continuer ma quête insatiable de découvertes. Je borde les douves qui délimitent maintenant le zoo de la municipalité depuis la Niomon-dori. Un petit cliché d'une haute porte rouge surplombant l'Okazaki-koën et je continue ma balade en direction du Myako-Messe. J'y visiterai le musée des arts traditionnels de Kyoto Fureaikan. Bien qu'il y ait des vitraux et une fontaine, son aspect trop rigide et gris le rend un peu austère. D'autant plus quand le temps est couvert. Dommage que très peu de visiteurs en cette matinée soient là pour découvrir un musée intéressant et GRATUIT.
    L'Asuka est une taverne pittoresque annoncée avec une lanterne rouge. Son menu en anglais et son équipe de matrones à l'aise avec les "gaijins" m'invitent à déjeuner à peu de frais dans le district de Higashiyama. La verve de ces femmes vous raviront si vous faites un tour dans le coin. Sur la petite colline d'à côté, un square naturel, sauvage, tout abandonné, côtoie le Shoren-in. Au milieu, un joli cerisier rose est planté sur un tertre, comme pour élever la beauté de ce petit arbre. C'est un coin idéal pour se recueillir à l'écart des touristes qui ne prennent pas attention à ce lieu paisible.
    La pente commence à se faire sentir. Le garçon tirant le pousse-pousse ne dira pas le contraire. Il est assis sur la barre transversale du charriot pour mieux tirer à reculons. Le jeune couple fortuné s'offre cette escapade, une couverture sur leurs jambes avec un sourire large jusqu'aux oreilles. Se plairait-il insidieusement de la peine du jeune homme ou serait-il satisfait du service ?

    A 30 m de là, ce qui fut la résidence de l'abbé supérieur de l'école boudhiste Tendai, accueille le passant averti. Peu de monde sait ce que cache ces immenses camphriers. Le Shoren-in est ignoré des foules qui se précipitent vers les autres temples d'Higashiyama. Les bâtiments actuels datant de 1895 contiennent une grande salle dans laquelle se trouvent des peintures sur des paravents du 16 et 17ème siècles. Ces panneaux vraissemblablement en feuilles de riz dont les couleurs éclatantes des dessins sont magnifiques et exceptionnelles. Pied nu, je marche sur les doux tatamis de la maison, subjugué par la tranquilité de cette demeure. Les cloisons vitrées et ouvertes donnent sur le jardin verdoyant. Sans oublier la présence d'un petit étang pour rafraîchir l'atmosphère. Dans le calme, je prie, accroupi et adossé sur un pilier intérieur de la résidence. Le murmure d'un filet d'eau à peine perceptible nuance l'esprit de cet Eden. Parfois, un gong de cloche vient s'harmoniser dans l'ambiance voluptueuse.
    Je quitte avec regret cet endroit serein pour continuer mon chemin. Le Maruyama-koën a déjà une toute autre fréquentation que le site précédent. Des bus sont stationnés en face de la façade en bois qui sert de barrière à ce parc. Un taxi-vélo dépose des promeneurs hâtés de découvrir ce qui se trouve derrière cet auguste portique marron. Surmonté d'un perron, l'ouvrage massif à la toiture encornée impose avec sa structure taillée. Ma condition physique ne s'est jamais aussi bien portée pour avoir l'aubaine de faire du sport sur les multitudes d'escaliers en pierre du pays. Je considère grandement la mémé de 900 ans, euh pardon de 90 ans, qui grimpe à son rythme les 10 millions de marches pour voir ce qu'il y a tout en haut. Quelle santé ils ont ces Japonais !! Dans le parc, les branchages aux pétales rose-bonbon viennent caresser le brun des voûtes en bois des temples. A moitié caché par les arbres, les "lieux-saints " se dévoilent religieusement en toute intimité.
    Heureusement qu'une annonce jaillissant d'un porte-voix nous recommande de quitter les lieux, car sans cela, je crois que j'aurais raté le plus beau du Maruyama.
    Je ne comprends bien sûr rien de ce jacassement, mais en guettant les passants, je remarque qu'ils se dirigent vers un coin furtif qui mène à un pan de colline. Il y a beaucoup trop de monde qui s'y avance pour que je fasse demi-tour à la sortie prévue. Je suis donc la troupe et découvre un joli coin verdoyant. Des cascades, des rus, des sentiers s'entremèlent dans un tableau impressionniste.
    "Oh Saikyo au moment de ta souveraineté,
    Fais renaître l'Edo si souvent oublié.
    Que la lumière de ta gloire apparaisse,
    Pour que Gion vive sans cesse.
    Les troubadours se dispersent avec les Geishas,
    Sous les alentours de tes Sakuras.
    Sur les marais transparents de Maruyama,
    Reflètent à jamais les splendeurs des nymphéas.
    Les flocons de fleur tombent en toute fragilité,
    Blanc,éphémère dans tout leur pureté.
    Et si dans le paysage rococo,chantent les geais,
    C'est parce que Heiankyo veut dire, Capitale de la paix."
    Fallait-il que j'ajoute autre chose pour décrire cette belle fin d'après-midi que j'ai passée dans ce parc ? L'heure n'est pas encore venue de son illumination. Le hanami prend alors toute sa valeur lorsque les baraudeurs s'installent pour pique-niquer sous les prunus. Les cabanons en contre-bas de la colline commencent à fumer des plats à emporter. Sur un étal, une plaque chauffante cuit des Okonomiaki. En contigu, un autre cuisinier prépare des Takoyaki, boulettes à pâte levée avec des fruits de mer et légumes. Le temple voisin semble être incommodé par ces vapeurs grasses, mais peu importe, le rouleau de son moulin à prière tintinnabule toujours. J'attends le crépuscule sous un kiosque. C'est alors que le fameux Shidarezakura le "vénérable cerisier pleureur" se pare de son habit de lumière, majestueux et féérique. La silhouette de la lune dans le ciel bleu-sombre ne fait qu'accroître sa grandeur. Quand enfin la nuit vient, le Yasaka-jinja, gardien du quartier de Gion, éclaire la voie du pélerin : ses lanternes en papier suspendues sous son toit s'allument si brillamment qu'elles en palissent la teinte rouge qui le décore. Pas un seul de ces lampions gravés d'idéogrammes et alignés sous ces sanctuaires, n'aurait été défaillant dans "leur tâche éclairante" comme pour dénoter la rigueur de son existence.
    Vers 21h00, je vais dans le même restaurant qu'hier soir pour dîner puis retourne au J-hoppers où je monte épuisé une à une les marches jusqu'au dortoir. Des centaines de photos de Backpakers ornent le mur intérieur de l'hôtel, souvenir de ceux qui, un jour, se sont arrêtés dans cette maison d'hôte pour y passer la nuit.


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    Message par Wapiti Ven 9 Juil - 8:57

    Résumé pour SMS : Chnuel se promène et se recueille dans les temples et parcs enchanteurs de Kyoto. Sublimes mémoires du Japon 626800


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    Message par imanachnuelohim Ven 9 Juil - 11:22

    Wap a fait du ménageSublimes mémoires du Japon Nettoie . Tout bien arrangé mes textes, changé les couleurs vives, elle s'est fatiguée pour que le récit soit encore plus captivant.
    C'est bien gentil, mais tu n'auras pas de promotion ou de pourboire, juste un grand Sublimes mémoires du Japon Panneau-Merci !


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    Message par Wapiti Ven 9 Juil - 12:48

    Bin, disons que ton violet clair, j'étais incapable de le lire !! Alors, quitte à prendre mon pinceau, j'ai effectivement fait un peu de ménage (poussières de fôtes) et de rangement (les gros pavés empilés, je trouve cela très indigeste). Sublimes mémoires du Japon 626800
    Je n'attends aucune rémunération, juste le plaisir de mieux lire tes textes dont je me régale (et je pense ne pas être la seule). Sublimes mémoires du Japon 863782


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    Message par imanachnuelohim Sam 10 Juil - 14:13


    Mercredi 9 Avril 2008
    Ce matin, je descends au 3ème étage de l'hôtel pour prendre mon petit déjeuner dans la salle à manger. Je remarque une ravissante jeune fille esseulée à la table près de la fenêtre. La télé en marche, d'autres compagnons sont assis sur le canapé pour voir un programme. Timidement, je salue brièvement l'assemblée et avale mon repas matinal. Je vérifie que j'ai bien mon guide en poche et prends le métro pour m'arrêter à une station 3.75kms plus au nord. Je suis en face du Nijo-jo. Au guichet je m'acquitte du droit d'entrée avec un billet de 10 000 yens. La guichetière me rend la monnaie avec un billet de... 2 000 yens. Ceux qui ont l'habitude de la circulation des billets savent parfaitement pourquoi je précise ce fait. (ayant peu voyagé, mêmes certains touristes réguliers ne savaient pas qu'il existait) Ce "Shurei-mon" est sans doute le plus rare des Ginko Nippon puisqu'il a été édité qu'à partir de l'an 2000. A l'heure actuelle, ce billet de banque est en ma possession sachant que sa valeur va très vite grimper.

    Des bas-reliefs ornent la porte d'entrée du domaine du château. A l'intérieur du parc, je suis très vite interpellé par un "gugus" dans le parc prostré sous une ombrelle. La partie supérieure de son crâne rasée met en valeur sa banane coiffée de l'arrière de sa tête. Accoutré d'un kimono et portant un sabre, ressemblerait-il à un samouraï ? Je ne pourrais vous le dire étant donné que je n'ai jamais vu ces guerriers d'un temps révolu. Malgré tout ce "pauvre homme" (en est-il vraiment un ? je vous pose la question) au regard atone et immobile, n'est sujet qu'au crépitement des flashs durant la journée. En profondeur de champ, un plan d'eau lisse marie secrètement l'image de la cîme des arbres avec celles des mousses et algues vertes qui y flottent. La cascade jaillissant doucement à travers les rochers amplifie cette lumineuse acquarelle.

    Je monte sur les forteresses pour photographier la vue d'ensemble. Je remarque que mes batteries sont "à plat" et pour gagner de l'énergie je les tourne dans mes mains, histoire d'empocher encore quelques images. J'y parviendrai jusqu'à l'achat d'autres piles. Au-delà des douves est arborée une plantation de cerisiers. Sans hésiter, je dévale les gradins pierreux pour voir ce qui il y a derrière la barrière d'eau. Je suis époustouflé par la beauté de ce qui m'attend : tout le long d'un sentier sont plantés des prunus serrulata Kanzan, Amanogawa, Kiku-shidare-sakura et prunus Subhirtella pendula.Valse de noms scientifiques qui décrit la magnificence, la fraîcheur, l'harmonie, la pureté, la splendeur et la somptuosité des ces arborescences aux guirlandes de fleurs roses. L'émotion m'étreint en pleurant comme les arbres, de bonheur. Et que dire des prunus Shirofugen, Accolade et surtout du prunus Shirotae qui donnent des fleurs blanches, dont certaines parfumées, rendent les arbrisseaux tout floconneux. Bien à tort les a-t-on appelés "cerisiers", car ils font partie tous de la famille des prunus et ne donneront jamais de leur vie, le moindre fruit.

    Jouxtant le château au sud, je visite le Shinsen-en. Ce jardinet d'allure mélancolique, avec ses modestes sanctuaires et son étang, est tout ce qui reste du palais impérial originel, abandonné en 1227. Aujourd'hui, il est exploité, en partie, par un restaurant. Mais ce n'est pas ici que je vais déjeuner. A 21 pavés de maison de là, je parcours un kilomètre et demi pour me retrouver devant un restaurant qui ne paie pas de mine. Il est vrai que Shin-shin-tei, plutôt d'un aspect gris et morose avec sa pancarte noire et jaune n'incite pas "à la consommation". Pourtant, la file de clients (dont certains en costume, cela veut tout dire) qui attend devant ce fonds de commerce a vraiment tout lieu d'être. Impatiemment, je guette aussi mon tour. Le petit restaurant est plein et il faut attendre que les uns sortent pour que les autres rentrent. Quand enfin vient mon tour, je m'installe au comptoir et commande la spécialité de la maison : le shiro miso ramen, entendez par là un bol de bouillon aux nouilles blanches. Modeste que je suis, je prends la version "big". C'est alors que la serveuse me donne un gros bol d'un demi litre de bouillon dans lequel se trouve 3 fines tranches de filet de boeuf, des poireaux et oignons émincés, des germes de soja et quelqu'autres légumes taillés sans oublier... des ramens, appelés plus communément dans notre jargon occidental, des spaghettis. Pour 850 yen, c'est-à-dire 6 euros, j'ai avalé les plus gouteux ramen de mon séjour. Je n'avais plus faim. Ce restaurant est connu seulement de ses habitués ET de ceux qui, comme moi, avaient le bon tuyau. Comme quoi le Lonely Planet sert parfois.

    A 220 m de cette adresse, se trouve une boutique centenaire de thé. Tout voyageur dans ce pays se doit d'aller, au moins une fois, visiter ces endroits aux odeurs d'herbes sèchées pour ne serait-ce qu'y goûter ce breuvage vert...ueux. Si vous vous montrez respectueux et intéressés, ils vous proposeront de boire le Gyokuro, "rolls" des thés verts au Japon. Bien qu'amateur de cette boisson, je n'y viens pas pour acheter ce produit. En fait, je cherche une théière en fonte, celle qu'il ne faut absolument jamais nettoyer avec un détergent ni par un passage en machine. C'est un ustensile typique qui ne se fabrique que dans ce pays et qui est conçu exclusivement pour une dose de thé spéciale ; jamais plus d'un demi-litre pour minimiser la surface d'oxydation lors de son infusion, ais-je lu. Je ne trouve pas ce que recherche, mais par courtoisie, je m'acquiers d'un petit sachet de thé, histoire d'avoir payé ma dégustation. Soucieuse de mon désir, la jeune femme du magasin me renseigne sur un endroit où je pourrais trouver "ma cruche en fonte". Elle va même jusqu'à quitter son lieu de travail, pour m'accompagner dans un autre commerce, succeptible de satisfaire ma requête. Ah, ces Japonaises, quelle dévotion !!! Et avec la petite courbette de salutation en plus.

    Mais il était dit que ce jour là, je serais baladé de magasin en magasin. La vendeuse de l'autre boutique n'a pas la théière tant convoitée. Au final elle m'invite à me rendre dans un grand centre commercial au 6ème étage. C'est précis. Somme toute, j'en arrive au Takashimaya, la galerie marchande de la dernière chance. A chaque étage grimpé, je ne fais pas un demi tour pour prendre le prochain escalator que face à moi, un sourire qui se doit, m'accompagne et me fait entendre son "Irrashaimassée". A "l'avant-avant-dernier étage" de l'immeuble, je visite les rayons pour scrupter l'objet brigué parmi les ménagères et les services de table. Ma pugnacité finit par être payée : le pot de métal s'offre enfin à moi, comme une récompense à mon jeu de piste dans la ville. Faut dire que j'en cherchais un depuis Tokyo. A 6 825 yens soit 44 euros, je me félicite de l'affaire, valant plus du double en France. J'en oublie même de récupérer la TVA à la sortie du magasin.


    Au Nipponkoku, les lieux touristiques ferment très tôt. Je vais en faire les frais car l'après-midi n'est pas encore écoulée que je décide, sur le chemin du retour à mon hôtel, de faire un petit tour au Shoisei-en, un petit carré de verdure à quelques pas de la gare centrale. Mais la rue Karawamachi est bien trop longue pour m'y mener. 15h50 sonnent à ma montre et les 10 minutes qui me séparaient de la fermeture du Shosei n'ont pas suffit pour relier ce parc. Peut-être aurais-je plus d'opportunité pour le Higashi-Hongan-ji, situé à 2 pas. Arrivé au lieu, je trouve l'intérêt limité. Je repère toutefois un angle de vue intéressant depuis mon assise : la tour de Kyoto et la perspective de la porte d'entrée marque le symbole entre le modernisme et le traditionnalisme. Il aurait été intéressant de voir la gare sur la même pellicule. Vous comprendrez, plus tard, pourquoi.
    Juste avant de déposer mes emplettes à l'hôtel, le To-ji, deuxième plus haute pagode, est sur mon passage. Mais comme je l'ai déjà précisé, les centres d'intérêts ferment au plus tard à 17h00, ce qui ne me laisse pas beaucoup de temps d'explorer cette curiosité de 57m de haut. Dans le ciel blanc d'une fin d'après-midi, cette tour sombre se dresse comme un "i". Le contraste révèle les petites clochettes si caractéristiques duTo-ji qui sont suspendues à chaque coin des 5 toitures superposées. Le tour de la propriété vite fait, je gagne sitôt la Kujo-dori, l'adresse de mon hébergement.


    Le soir tombe doucement sur la cité qui s'étincelle au fur et à mesure du temps. La fraîcheur se fait ressentir au travers de la voûte nocturne qui enveloppe les Kyotoites. A tout hasard, je vais à la gare JR pour faire une réservation assez spéciale. Sans conviction je demande si il y a une possibilité de retenir une place sur la ligne Osaka-Sapporo. Jusque là, tout est banal. Mais les avertis du transport sur le rail décèleront vite l'attrait que je recherche. Le "Twilight Express" est un train de luxe très prisé dont il est impossible de réserver une couchette sur internet ou par un autre média (pour avoir une idée de ce train, visionner la vidéo : www.g-platform.jp/meta/tabijp_twilig_e_032504.asx ). Seules des agences de voyage peuvent éventuellement faire ce service à votre place pour peu qu'elles le prévoient dans leur circuit. Réputé pour être complet des mois à l'avance, je n'ai que très peu de chance pour monter dans ce train mythique. Au guichet, l'employée prend en compte ma requête. Les minutes s'écoulent et l'ordinateur de bureau gratte sans cesse, cherchant la réservation tant souhaitée. Un sourire illumine mon visage à l'annonce d'une impossible place trouvée pour le 18 Avril 2008 à..... 12h03. Le JR Pass qui me permet de voyager "illimité" sur le réseau ne suffit pas pour circuler sur l'Express. D'après le net, que j'avais consulté avant mon voyage au Japon, il fallait escompter un supplément de plus de 11000 yens avec le pass et + de 22000 yens sans le pass. Ayant pris mes dispositions en liquidités, je suis conscient de ce que la préposée va me demander. Mais ma surprise va être encore plus grande quand cette charmante personne me précise une valeur de........ 9 450 yens !!! Et encore, je ne sais même pas le bonheur qui va m'arriver. L'avenir le dira plus tard.

    750 m sépare l'hôtel de la gare. En reven
    ant sur mes pas, j'observe la frénésie ludique à travers la vitrine bleuie par les néons d'un casino, le Kyo-chi. Le coeur joyeux, je m'empresse de montrer mon précieux sésame aux deux touristes françaises dont j'ai fait la connaissance au J-Hoppers avant de partir à cette cathédrale ferroviaire. Bien sûr, l'envie se fait ressentir sur le visage, elles auraient bien voulu voyager avec moi, mais cela aurait été impossible car elles prenaient l'avion le jour même où je prenais ce train.

    Je profite de l'opportunité pour faire ma lessive. J'ai prévu peu d'habillement pour alléger mon paquetage et pour ne pas m'encombrer inutilement. Alors par rotation ,lorsque j'enfile un pantalon et une chemise, sans compter bien sûr mes sous-vêtements de la journée, je lave les autres, prêts pour le jour suivant. Malin, non ?


    Dernière édition par imanachnuelohim le Sam 10 Juil - 14:38, édité 1 fois


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