Bref épisode spécial Miss Wap´ ! (avec mes remerciements)
Oh, tu sais pas ce qui m´est arrivé l´autre soir en rentrant du sauna ? J´étais vachement bien. J´avais dû évacuer, par chaque pore de ma peau, le quart de litre de rhum ingurgité la veille, éliminer fatigue, stress, toxines et névroses. En sortant je me sentais voulptueusement belle, revigorée, détendue. Franchement y avait strictement plus rien qui pouvait compromettre les chances que je séduise l´homme de ma vie. Et ça, jusqu´au réveil du lundi matin, où les paupières gonflées, j´irais retrouver les givrés du bureau (rien que d´y penser, tiens, je reprends mal au crâne).
Le hic, c´est que les copines étaient toutes rentrées au bercail. Ayant horreur de m´exhiber seule dans un bar ou en boite, il a bien fallu me résoudre à rentrer chez moi. J´avais d´ailleurs proposé à Jane de se joindre à nous, parce les nanas avec qui j´étais sont largement aussi déjantées qu´elle. Et puis je voulais pas rester sur l´incident de la cantine. Au moins, ça aurait été l´occasion de se parler. Mais elle a décliné la proposition en prétextant un truc bidon, un rencard urgent sur un forum internet.
Un peu frustrée mais surtout hyper crevée, j´allais pour garer ma 305 dans le parking de l´immeuble quand j´ai vu qu´un gros nase s´était garé une fois de plus sur ma place. Ca ne rate jamais ! J´aurais pu ressortir pour me garer dehors, mais par principe, j´avais envie de manifester mon ras-le-bol. J´allais pas commencer à ameuter toute la résidence en klaxonant à 22 heures, d´autant que mon pouet-pouet est hors-service (ce qui me fait d´ailleurs penser qu´il faut que je prenne d´urgence un rendez-vous pour le prochain contrôle obligatoire. Pourvu que je m´en sorte avec une facture microscopique parce que j´ai promis de verser deux loyers ce mois-ci). J´ai donc noté mon numéro de téléphone au rouge-à-lèvre. Non, pas sur le pare brise, t´es ouf ! (la prochaine fois, par contre, il n´y coupe pas), mais sur la note du sauna parce que j´avais rien sur moi pour écrire. J´ai scotché le tout sous l´essuie-glace du guignol.
Ce soir là, comme les six autres de la semaine d´ailleurs, y avait strictement rien de regardable à la télé. Ah si ! un navet, genre ballon rond avec, dans le rôle principal, un excité et des cicatrices bizarres sur la tronche qui, grâce à ses « formules performantes en attaque » (dixit le commentateur. Entre nous, à raison de EUR 50.000.- l´attaque, y a de quoi se bouger le derrière pour jouer performant), a marqué et sauvé la France de la débâcle contre un pays dont les trois-quart des supporteurs n´ont jamais entendu le nom de leur vie.
A part ça, je me sentais trop crevée pour attaquer le dernier Patricia Highsmith. J´ai fait le tour de ma boite mail, répondu à mon Ex qui me demandait si j´aurais éventuellement le temps de manger avec lui un soir de la semaine (« Mon Grizzly, j´ai toujours le temps dès qu´il s´agit de t´arracher, ne serait-ce que quelques heures, aux griffes de cette vache d´Anne-Sophie pour qui tu m´as quittée. Le mieux, c´est que tu passes me prendre demain à la sortie du bureau ») et commandé une robe mortelle dans les tons kaki, turquoise et orange sur un site de démarque. Je sais qu´ils taillent grand. Optimiste, j´ai visé un 36 ! Au pire, si elle boudine trop, je perdrai deux kilos superflus d´ici l´été. Il suffit que je me force à éviter le foutu distributeur de snacks chez TGF. Mais dans ce cas là, je suis obligée de faire le détour par le bureau de Cate, la furie de l´Export et là, c´est l´ulcère garanti. Alors autant accepter un ou deux micro-plis au niveau des abdos... Tant que c´est pas encore l´heure du bikini, y a pas l´feu pour les restrictions !
A ce propos, je t´ai pas raconté que la Cate a fini par se le prendre, son avertissement ? Peu après la scène de la corrida de la cuisine, elle a rétorqué à son supérieur qui lui demandait de baisser le volume, que non, elle n ´était pas là pour se chauffer l´arrière-train à longueur de journée sur son trône pivotant, comme il semblait l´insinuer, mais que sans elle, le chiffre de l´Export serait loin d´être ce qu´il était à ce jour...
Toujours est-il que j´allais m´endormir avec Benjamin Biolay et mon casque de mp3 sur les oreilles quand mon portable a sonné. Faut dire que j´suis c... de l´avoir laissé allumé ! Une belle voix grave bien agréable à mes oreilles, de quoi réveiller instantanément et avec moins de rage que la raison ne le recommanderait. (coucou Wap, tout mousse ? )
- Alloooo....
- Allo, qui est à l´appareil ? On voudrait sortir mais vous nous bouchez manifestement la sortie.
- Je sais pas qui est « on » mais, en tout cas, il manque pas d´air
- Je sais, c´est nous qui sommes en tort. Mais c´est pas une raison pour nous gâcher notre soirée, non ? S´il vous plait...
- J´arrive.
- Merci.
Tant pis pour le look improvisé. Pas le temps de faire la revue de ma penderie si je voulais pouvoir dire ma façon de penser à cet abruti en le regardant droit dans les yeux. J´ai enfilé un pull long jaune sur mon caleçon Mickey et je suis descendue.
- Salut...
- Bonsoir. Désolés. On vous a tirée du lit ?
- Non, j´étais en train de rédiger la conclusion de ma thèse.
- Sérieux ? Une thèse sur quoi ?
- Les mecs sans gêne, les profiteurs, les je-m´en-foutistes au cerveau rétréci, les égoistes.
Au moment où je voyais le sourire de « on » se crisper, j´ai jeté un coup d´oeil sur le mec qui accompagnait ce frimeur dont l´égo se résumait à un coupé Audi ou BMW, peu importe, que ma bonne vieille 306 coincait sans complexe. J´avisai alors un type effarant : du charme, du charme, du charme, le tout réparti sur plus ou moins 185 cm.
- PAF ! euh... Monsieur Froissard, c´est vous ? Mais qu´est-ce que vous faites là ?!!!
- J´attends, avec mon ami d´enfance, que vous nous décoinciez de ce souterrain. Et vous, JFK, ne me dites-pas que vous habitez là !
(JFK ce sont mes initiales. Mon prénom, c´est Juliette)
- Non seulement j´habite ici mais, en plus, je m´apprêtais à passer une nuit sereine sans rêves agités ou prémonitoires pour être d´attaque avant la semaine cauchemardesque qui m´attend au bureau.
- Vous nous couveriez tout de même pas un petit burn-out, JFK ! Et si vous veniez avec nous?
- Là, maintenant ? Où ?
- Une soirée chez des amis. Ca devrait vous plaire. Au fait, je vous présente Thomas.
- Enchanté.
- Salut. Moi c´est Juliette...
Mon Dieu que PAF est beau quand il n´est pas déguisé en pingouin Armani. Mon Dieu, que son regard inoui me remue quand il me scrute. Mon Dieu, que son sourire est dévastateur quand il attend que je me décide « oui ou m... ».
- Ok, pourquoi pas. Donnez-moi dix petites minutes, le temps de me changer et de me rafraichir.
- Ne changez rien. Vous êtes parfaite, JFK, avec vos jambes ainsi mises en valeur.
- Ouh là, c´est fou ce qu´on s´amuse déjà.
Suite à cette soirée, rien ne sera jamais plus comme avant chez TGF. Flûte ! Si j´avais pas eu ce rencard tout à l´heure avec mon Ex, je t´aurais raconté l´intégralité de la story dans la foulée. Mais il va falloir patienter un chouia.
Bye