par Pondy Ven 29 Mai - 11:07
Je renoue avec le plaisir délicieux de mes histoires de grand-mère.
Le tout petit garçon qui voulait être une fusée
« Moi, Mamido, mon plus grand rêve, mon plus grand rêve, tu sais, c'est de voler »
Jules postillonne de joie. Il répète en aspirant l'air comme s'il en manquait.
« Avec des ailes ? »
« Ah non, avec des réacteurs pasque je veux aller dans les autres mondes »
« Comment sais-tu qu'il y a des autres mondes ? »
« C'est le pécialiste qui l'a dit au planétarium où on va avec papa pour voir les étoiles »
Ainsi pépillait Jules, quatre ans et ses yeux bleus si clairs pétillaient de bonheur.
« Mais pourquoi tu veux aller sur une autre planète »
« Je me fera un nouveau copain, c'est pour ça »
« Et Maxence, c'est ton meilleur copain pourtant »
« Oui mais il est quand même un bébé, il boit un biberon le matin , alors il peut pas venir avec moi dans les autres mondes »
Une évidence parce que, lui, ce grand garçon a cessé de boire le biberon du matin il y a deux jours.
« Mamido, on pourrait construire des réacteurs ? »
« Je crois que c'est difficile »
« Oui, mais toi, tu sais faire, tu m'as fait la locomotive de Thomas le train avec le carton alors, tu vois bien »
Rolalala, la pression !
Le soir s'installe, le soleil se fait moins chaud dans la cour, c'est l'heure où le gravier devient blond. Jules sautille d'excitation.
« Ayé, j'ai une idée... »
Sa petite main bien empaumée dans la mienne nous allons dans la grange envahit par tout ce qui peut peut-être servir, on ne sait jamais...
Il reste deux chutes de gouttières, grises, en pvc.
L'affaire est dans le sac.
« Regarde, on va construire les réacteurs »
« Tu vas les attacher dans mon dos et comment tu vas faire le feu ? »
Quelques instants plus tard, les deux réacteurs sont liés avec une large bande de papier collant, une cordelette fixe le tout sur le dos et j'ai placé stratégiquement deux cierges magiques prêts à s'enflammer.
L'heure est grave.
Petit Jules, bien campé sur ses jambes, les bras et les mains tendues bien hauts vers le ciel attend la mise à feu. Il est parfaitement immobile et je me sens bouleversée.
« C'est promis Mamido, je reviendra te voir mais ça sera dans longtemps parce que c'est loin, mais je t'oubliera pas »
Mon petit bonhomme se démanche le cou pour bien regarder dans son dos la mise à feu de ses réacteurs. Les mains toujours tendues bien haut, il écarte les doigts et attend.
J'allume les cierges.C'est parti.
Mon coeur bat à tout allure quand je vois la concentration et un peu de peur aussi dans les yeux de mon adorable petit garçon.
Les deux cierges crépitent, une gerbe d'étincelles avec un bruit parfait d'une fusée au décollage jaillit.
Et puis pchhhhhtttttt, tout s'éteint.
…/... La suite plus tard