Bien affectueusement,
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Vovonne
mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°426
Re: Vovonne
A toi aussi et à ceux qui t'entourent !
Bien affectueusement,
Bien affectueusement,
Wapata- Localisation : les pieds dans mon lac, la tête dans mes montagnes
- Message n°427
Re: Vovonne
joyaux challandes et l'bon an à té
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Patrick / Pádraic
"Veux tu vivre heureux ??? Alors voyages avec 2 sacs : l'un pour donner, l'autre pour recevoir." [Johann Wolfgang Von Goethe]
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Fabricia- Localisation : Alpes Maritimes
- Message n°428
Re: Vovonne
Buon Natale a tutti !
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Fabricia
"Le présent est un leurre puisqu'il se transforme sans cesse en passé" (selon Flora Groult)
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°429
Re: Vovonne
gleðileg jól
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Skyrgamur, le lutin Islandais
Lilie- Localisation : Pieds sur Terre, tête en l'Eire
- Message n°430
Re: Vovonne
Feliz Navidad a todos
Lilie
Lilie
Vovonne- Invité
- Message n°431
Vovonne
Y'a tellement longtemps que je n'ai pas utilisé ma tablette que je croyais ne plus savoir faire.
Elle était rangée dans le buffet sur les serviettes de table pas pratique. Des serviettes que j'avais commandé à la redoute et qui essuient rien du tout.
Aujourd'hui, il fait terriblement froid dehors et dedans aussi, parce qu'il n'y a pas de feu dans la cheminée et que j'ai pas réussi à mettre du pétrole dans le poêle, qu'il faut soulever le bidon de dix litres et que c'est trop lourd.
Je voulais rester sous mes couvertures et ne plus bouger jamais.
Mais le matou miaulait et voulait sa pitance parce qu'il ne réussit pas à attraper les souris qui sont elles aussi cachées dans leur trou. Alors je me suis levée, lourde et sans envie.
J'ai bu du café réchauffé, que j'en fais trop et que ça dure deux matins maintenant, dans mon bol jaune ébréché et pis, j'ai posé mes mains à plat sur la table. La crevasse sur mon index me fait souffrir mais comme ça, je sais que je suis là dans ma salle. Mes mains sont tavelées, mes mains de vieille toute seule. J'ai pas allumé le poste et l'horloge grignote ses minutes et se fiche pas mal que ce soit le matin ou le soir.
Je suis comme l'horloge.
De l'autre côté de la ruelle, la cheminée des voisins fume.
Je me suis dit : « Vovonne bouge-toi » et je ne me suis pas obéie.
J'ai ouvert le buffet et j'ai pris la tablette. J'ai refermé la porte qui est un peu voilée, j'ai posé la tablette sur la toile cirée, j'ai mis le châle de Leila sur mes épaules.
Et pis voilà, je vais aligner les mots pour dire.
Quand j'aurais fini, l'horloge pointera son doigt noir sur l'heure de dormir.
J'aurai pas fait ma toilette et je sentirai, je sais, une odeur de vieux pipi mal essuyé et j'aurai pas mangé, que mon estomac il sait plus glouglouter.
La journée sera finie et ce sera déjà bien.
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°432
Re: Vovonne
Vovonne est de retour, mais pas en bon état.
Il est où ton Félix Vovonne ?
Il est où ton Félix Vovonne ?
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Skyrgamur, le lutin Islandais
Lilie- Localisation : Pieds sur Terre, tête en l'Eire
- Message n°433
Re: Vovonne
Ma grand-mere, elle n'a pas de tablette, et elle ne le dit pas, mais elle est un peu comme toi depuis quelques temps, je le vois bien. C'est l'hiver ici aussi.
Lilie
Lilie
Vovonne- Invité
- Message n°434
Vovonne
Félix, il a jamais cru en Dieu. Il m'appelait -sa petite grenouille-
Alors, il fallait faire quoi hein ?
Moi, Félix je l'aime et quand on aime, on respecte.
Avec mes garçons et mes belles filles on lui a fait une cérémonie sans Dieu.
C'est encore plus triste je trouve mais j'ai pas pleuré, pas une seule larme qu'elles étaient en paquets serrés dans mon ventre.
Les amis étaient tous là, tout le village en entier dans la chapelle laïque de la ville. Y'avait des bancs et des murs blancs. Devant sur un chariot dont les roues étaient cachés par un drap, y'avait le cercueil.
Le cercueil était très beau, en carton et j'avais demandé un dessin de gerbes de blé dessus.
300 euros le cercueil, c'est cher quand même mais moins que ceux en bois avec des poignées dorées. Le vendeur des pompes funèbres il en a proposé à 100 euros que ça ressemblait trop à une boîte à chaussures Eram géante.
La cérémonie, c'est pas long, la moitié d'une heure. On avait choisi des chansons de Mouloudji que Félix il aimait.
Celle-là :
« On peut vivre sans richesse
Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses
Y'en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse
On ne le pourrait pas
Non, non, non, non
On ne le pourrait pas »
et aussi celle-là qui est récitée et qu'il disait par cœur :
« malgré qu'en s'tournant vers l'passé
on est effrayé de s'avouer
qu'on a tout de même un peu changé
faut vivre...
malgré qu'on soit du même voyage
qu'on vive en fou, qu'on vive en sage
tout finira dans un naufrage
faut vivre... »
Et pis les amis ont dit des messages d'amitié.
J'avais mis mes chaussures noires, celle que je mets jamais et mon cors qui repousse me faisait mal et je pensais qu'à ça.
Fixer ma pensée sur mon doigt de pied, ça m'a aidé.
Après le maître de cérémonie, le croque-mort en fait, il a demandé aux gens qui le voulaient de venir poser sur le cercueil des œillets d'Inde séchés. Parce que les fleurs fraîches, ça passe pas au four qu'il nous avait prévenu. Les fleurs séchées non plus parce que, quand tout le monde est venu poser sa fleur et après la minute de recueillement, il a tout remis dans sa corbeille. Ca fait combien d'utilisations, je me demande.
Encore après, le cercueil est parti sur son chariot à roulette dans le couloir qui conduit au four. Le maître de cérémonie a dit qu'on pouvait suivre dans une pièce sur une télévision en noir et blanc, l'entrée du cercueil dans le four.
Beaucoup de gens sont partis et j'aurais bien voulu aussi mais ça se fait pas la veuve qui s'en va.
Alors on est resté et après c'était fini.
J'avais peur qu'on me donne une petite boîte chaude, mais non.
Après, on s'est retrouvé dans notre ferme et les amis avaient préparé des gâteaux et des gaufres.
Les enfants sont restés trois jours et pis, il fallait bien qu'ils rentrent à Paris pour leur travail.
Et pis voilà, je suis seule.
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°435
Re: Vovonne
Tu aurais dû nous le dire Vovonne. C'est fait pourquoi les amis "de tablette" ???
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Skyrgamur, le lutin Islandais
geob
- Message n°436
Re: Vovonne
Dans son précédent texte, Vovonne nous annonçait, enfin pour ceux qui voulaient comprendre, que Félix était parti.
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°437
Re: Vovonne
Dans quel message ? Celui du carton à 300 € ? Ça, j'avais compris.
Je ne trouve pas dans les précédents.
Je ne trouve pas dans les précédents.
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Skyrgamur, le lutin Islandais
Invité- Invité
- Message n°438
Re: Vovonne
Accroche-toi, Vovonne !
Et prends la force d'aller chercher, les "incroyables et insoupçonnables ressources" que l'on a tous...
Cachées au plus profond de nous !
Bien amicalement
Albatros
Et prends la force d'aller chercher, les "incroyables et insoupçonnables ressources" que l'on a tous...
Cachées au plus profond de nous !
Bien amicalement
Albatros
geob
- Message n°439
Re: Vovonne
Vovonne est un personnage qui s'intéresse au monde qui l'entoure, elle regimbe, elle est révoltée, elle a ses idées, et, tout à coup, le silence. Puis, dans le message 431, la revoilà, et j'ai ressenti une telle impression de solitude, d'abandon, un manque d'envie de tout, que je ne me suis pas posé la question où était passé Félix. Il m'a semblé évident que quelque chose de grave était arrivé chez Vovonne.
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°440
Re: Vovonne
Je pensais que c'était juste un petit coup de mou hivernal.
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Skyrgamur, le lutin Islandais
Dolma- Localisation : Je m'balade sur les chemins...
- Message n°441
Re: Vovonne
Je n'arrive pas à savoir si Vovonne existe "pour de vrai" ou dans l'imaginaire de Pondy et ça fait quand même une sacrée différence...
Dolma
Dolma
Vovonne- Invité
- Message n°442
Vovonne
Je suis veuve.
Une veuve pas dangereuse comme celles qui sont noires parce que j'ai aucun venin, que du chagrin.
Pourtant je vois bien que le chagrin ça repousse les gens.
Les gens, ils sont des curieux. Le premier mois, ça frappait toujours à la porte.
« Ma pauvre Vovonne, demande si t'as besoin »
« Faut pas être triste, c'est une belle mort »
« Tu vas voir, tu vas t'en sortir »
« Il a pas souffert, c'est bien »
Et moi, dans ma tête ça hurlait comme des loups affamés.
« Dégagez tous, foutez-moi la paix ».
J'ai fermé mes oreilles, ma bouche, ma porte.
Mais avant, le notaire, la banque, la sécurité sociale et toutes ces choses de l'administration dont je ne m'occupais jamais ont fait tournoyer mes journées.
Félix il est mort sans prévenir et j'ai, pendant des jours, plus eu le droit de prendre des sous sur notre compte joint.
Comment on fait pour prendre des sous pour aller chez Atac. Même pas le droit d'utiliser notre carte en plastique.
La ferme maintenant c'est à moitié à nos garçons et l'autre moitié à moi. Ils ont dit les garçons : « Maman, vit dans ta maison, elle est à toi ». Il faut quand même payer les droits de succession et avec le nouveau gouvernement ça a augmenté beaucoup il m'a dit le notaire. J'ai pas encore la solution et je m'en fiche, j'attends plus rien.
Y'a eu aussi les rapaces.
Dans le village, ils sont quelques uns.
Félix, il était à peine dans son urne qu'ils sont arrivés.
Et moi, je savais plus rien, j'étais toute vide et j'ai laissé faire.
« Tiens Vovonne, je t'ai apporté du bouillon de la Francine, ça te fera du bien »
« Tu sais Félix, il disait qu'il s'en servait plus du motoculteur, je te le rachète, ça te fera des petits sous »
« Tiens Vovonne, je t'apporte du pot au feu avec un bel os à moelle comme t'aimes, ma femme l'a fait mijoter, tu vas aimer... Si tu veux je t'achètes le générateur que Félix n’utilisait plus.. »
Dépouillée, voilà, et je ne savais pas réagir et comment faire.
Et pis, le voisin et la voisine, un matin, ils sont passés juste quand le Daniel il était là. Le Daniel il voulait le tracteur de mon Félix qui prend toute la place dans la grange.
Le voisin, il a vu rouge. Il a parlé au Daniel si sèchement qu'il est parti sans demander son reste.
Il lui a dit que c'était de l'abus de faiblesse et que c'était un bandit.
Maintenant, je vais mieux, je garde les choses de Félix et son vieux tracteur, c'était sa vie.
Le voisin, il a mis un cadenas sur la grange et j'ai la clé au clou dans ma salle. Je suis plus forte.
J'ai mis aussi un cadenas dans mon cœur pour enfermer mes souvenirs parce que l'absence c'est ça le plus dur.
L’oreiller de Félix a presque plus son odeur.
Comment je vais faire.
Dolma- Localisation : Je m'balade sur les chemins...
- Message n°443
Re: Vovonne
Vovonne, s'te plait, fais-nous un p'tit sourire... Un tout p'tit...
Dolma
Dolma
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°444
Re: Vovonne
Ça ravive des souvenirs pas toujours agréables.
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Skyrgamur, le lutin Islandais
Vovonne- Invité
- Message n°445
Vovonne
Je me rends compte de tout ce qu'il faisait Félix et je m'en veux beaucoup, parce que souvent je lui disais qu'il passait tout son temps avec son association de tracteurs.
J'étais de mauvaise foi et quand j'étendais sur la corde à linge du jardin ses bleus et ses salopettes et que lui il était assis sur son tabouret en bois à gratter avec la brosse à dent une bougie du moteur en sifflotant, j'avais la rage.
J'étais injuste.
Maintenant la prise électrique qui pendouille sur le mur, elle va pendouiller longtemps et j'ai branché mon fer et ça grésille et j'ai peur de me prendre un coup de jus.
Pareil, le néon qui est fixé sur la poutre de ma salle il s'allumait et s’éteignait que ça fait jour-nuit sans arrêt. J'ai donné un coup de manche à balai et maintenant c'est nuit. Alors, je laisse allumer la lampe sur le buffet. Je vois moins bien, ça fait juste un cercle de lumière dans le coin et le reste de la salle est plongé dans l'ombre.
Ca me dérange pas.
J'ai mis à décongeler un reste de rouelle au chou dans la barquette en aluminium et le micro-onde a lançé des étincelles. Ca, il aurait pas pu le réparer mon Félix mais, quand j'ai mis le bloc congelé dans la casserole sur la cuisinière et que trois minutes après la flamme s'est éteinte faute de gaz, là, je me suis assise par terre, j'ai pleuré.
Comme ça sert à rien et qu'après j'avais plus d'énergie, j'ai jeté la rouelle dans le compost, j'ai pas mangé et je me suis couchée.
Je sais que j'ai pas les fesses sortie des ronces si je continue comme ça.
Pour que je ne sois plus une loque j'essaye de m'énerver en cherchant tout ce que j'aimais pas chez Félix.
Les chaussettes dans les poches. C'est là qu'elle tire-bouchonnaient dans la machine à laver. Parce que Félix qui se levait plus tôt que moi, pour ne pas chercher ses chaussettes, il les mettait dans ses poches le soir.
Après, il en prenait une paire propre et les sales restaient dans les poches et essuyaient le cambouis, la terre, le nez.
Le dieu Crépitus. C'était un gros cochon mon Félix. Il pétait en pliant une jambe et en faisant avec le bras le mouvement de levier de la pompe du puits. J'ai dit des milliers de fois : « Arrête » et avec les yeux qui frisent, il répondait : « Oooh pardon, je suis Crépitus, le dieu des flatulences ». J'ai jamais cherché s'il y avait un dieu Crépitus mais je coinçais mon sourire au fond de la gorge sinon ca aurait été pire.
Dans le milieu du matin, Félix il avait un petit creux et son régal était une tranche de pain avec un oignon qu'il croquait de ses fortes dents, pas comme les miennes d'ailleurs. Il ne pouvait s'empêcher de m'attraper par la taille et de m'embrasser à pleine bouche. Beurq je lui disais. Pour rien, il prétendait que l'oignon lui donnait des idées.
Et pis j'arrête, ça marche pas mon système de trouver ce que j'aimais pas.
Je voudrais tellement avoir un baiser à l'oignon.
Invité- Invité
- Message n°446
Re: Vovonne
Continue Vovonne, ne t'arrête surtout pas d'écrire !
Car la magie et la toute puissance des mots...
Te permettront j'en suis sûr, de sortir du fond du trou dans lequel tu es actuellement !
Et surtout, surtout...
Il faut que tu comprennes, qu'un bon nombre de Villageois et de Villageoises ont besoin des mots à la Vovonne !
Car la magie et la toute puissance des mots...
Te permettront j'en suis sûr, de sortir du fond du trou dans lequel tu es actuellement !
Et surtout, surtout...
Il faut que tu comprennes, qu'un bon nombre de Villageois et de Villageoises ont besoin des mots à la Vovonne !
Vovonne- Invité
- Message n°448
Vovonne
« Putain, j'ai mal au crâne ».
Il prenait sa douche dans la baignoire-sabot qu'on aurait dit un géant dans un faitout.
Notre salle de bain est tellement exiguë, faut dire qu'on l'a rajoutée parce qu'il n'y en avait pas avant.
Je préparais une quiche, la nuit plombait la cour depuis une heure.
Il est sorti dégoulinant de la salle de bain, s'est étendu sur la banquette en se tenant la tête.
« Tu pourrais t'essuyer quand même »
« Putain, j'ai mal au crâne j'te dis » il m'a dit.
Je suis allée fermer le robinet, prendre une serviette et quand je suis venue près de lui, il avait les yeux blancs.
« Hé Félix ! »
Hé Félix a rien répondu, il était mort, comme ça, trempé et nu sur la banquette.
M'a pas dit au-revoir, rien.
Alors quand les gens me disent que je dois faire mon deuil et que c'est une belle mort, je leur foutrais des claques. Un mal de tête qui fait mourir, tu parles d'une belle mort.
Après, j'ai appelé le médecin.
Il m'a dit qu'il viendrait constater après ces visites, que son cabinet il était plein et que Félix ne risquait plus rien puisqu'il était mort mais est-ce que j'en étais bien sûre parce que sinon je devais faire le 15.
C'est bon l'humanité de mon docteur. J'ai pas fait le 15.
J'ai attendu.
J'ai essuyé tout doucement son grand corps que je connaissais depuis toujours. J'ai fermé les yeux pour plus voir le regard blanc. J'ai posé le grand plaid en laine des Pyrénées qu'on met sur nos genoux pour regarder la télé.
Je voulais pas en plus qu'il sente le froid parce qu'on sait jamais comment on se sent quand on vient tout juste de quitter les vivants.
« T'es quand même un beau salaud de me quitter comme ça » que je lui ai dit.
Je me suis assise sur les tomettes que j'avais juste ciré le matin et qui étaient encore mouillées de ses éclaboussures.
J'ai posé ma tête sur le plaid.
Je me suis dit que je devais appelé nos garçons. Je l'ai pas fait.
J'ai attendu.
Ce matin, j'ai vu qu'il faisait beau, ça m'a fait bizarre.
J'ai fixé une épingle à nourrice pour faire tenir mon pantalon qui glisse de mes hanches.
J'ai mis mes bottes, j'ai ouvert les clapiers et je suis revenue écrire sur ma tablette.
Le soir, j'ai repensé aux clapiers.
Y'avait trois lapins qui étaient restés dedans.
Trois lapins qui ont choisi le foin sec à l'herbe haute et mouillée.
Ils y connaissent quoi les lapins à la liberté.
Veulent rien faire pour changer leurs existences.
Moi, j'ai plus le choix, j'ai bien vu que le ciel était bleu ce matin.
J'attends plus.
Vovonne- Invité
- Message n°449
Vovonne
T'as assez chougné Vovonne, je redémarre je me suis dit.
Comme la batterie qui a froid, j'ai calé et encore calé.
Le voisin a mis les pinces sur les bougies et le moteur a ronflé.
Je fais pareil.
Le matou sera nourri par la voisine, si elle oublie, les souris sont en abondance.
J'ai rempli ma valise, je peux plus rester pangniât alors j'ai choisi des beaux habits et que des robes parce que j'ai perdu trop de kilos et j'ai pas l'énergie de reprendre mes pantalons.
Dans un sac en plastique j'ai mis l'oreiller de Félix. Avec un oreiller je peux dormir dans n'importe quel lit.
En cinquante ans j'ai pas beaucoup dormi ailleurs que dans notre ferme mais l'oreiller de chez nous ça aide à trouver le sommeil que je veux pas boulotter les médicaments du docteur.
Toute cette chimie c'est pas bon.
Demain, je roule vers ailleurs.
Le premier ailleurs, ça sera en Normandie où on mange plein de crème pour faire remonter mon cholestérol qui doit être bien bas avec toute cette misère. Je vais chez mon demi-frère que maintenant qu'il est vieux il est plus du tout bétiôlot pour rester polie.
Il a une ferme lui aussi et il est depuis des lustres à la retraite.
Je connais pas sa maison et lui, je le connais plus non plus, parce que on s'est pas parlé depuis cinquante ans. Sauf au téléphone pour, pour, enfin quand..
Il habite un village à côté de Mortagne au Perche qu'est, parait-il, la capitale du boudin et là où est né un philosophe qui a un nom comme un prénom que je sais plus lequel.
Ca va me faire de la route et j'ai quand même du souci parce que je vais que en ville vers chez nous chez aldi ou chez atac et pis c'est tout.
J'ai préparé des provisions pour si je tombe en panne. C'est pas parce que j'ai jamais faim qu'il faut pas être prévoyante. J'ai mis une bouteille de cristalline sur le siège et j'ai donné le double des clés aux voisins.
La voisine m'a dit d'emporter ma tablette, que je pourrais écrire mes impressions de la Normandie et même regarder mon courrier de l'ordinateur parce qu'il y a du ouifi, un nom comme ça, un peu partout et que l'internet il marche.
J'ai pas encore décidé si je l'apporte ou pas.
Ce que j'ai décide c'est que je vais m'en chévir, foi de Vovonne.
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