par Vovonne Lun 4 Mar - 11:49
Y'a beaucoup de gens qui disent que l'aventure est au bout du chemin.
J'ai enfin compris pourquoi, sauf que la vraie phrase devrait être : la mésaventure est au bout du chemin. Faut être un optimiste pour parler d'aventure.
Bref, je suis partie dans ma voiture qui tournait comme une horloge sans clic-clic et sans tap-tap.
Clic, clic, c'est avant crash-crash pour les plaquettes de frein usées et avant que les disques soient rayés et tap-tap, c'est les amortisseurs qui n’amortissent plus.
Ma voiture ronronne, il fait bien chaud, je me fais l’autoradio toute seule puisqu'il ne fonctionne plus.
Je me parle, me pose des questions et me réponds. Tout va bien.
Pas de gorge serrée, pas de yeux qui piquent. Ca roule ma poule.
Un radar annoncé, pas de problème, une entrée de village, pas de problème, une voie rapide, pas de problème. Respectueuse que je me dis.
Peu à peu, il fait blanc, une chevelure de brouillard s'entortille sur le capot. Je m'accroche un peu plus au volant, crispée je dirais. Je ne pense plus, je conduis.
Et là, surgit dans ma tête : didiou, didiou, j'ai laissé le gaz allumé sous la casserole où je réchauffe le café de la veille. J'en suis sure, j'ai pas bu de café avant de partir, j'ai oublié.
Un coup d’œil dans le rétro, personne, le clignotant et je me gare sur l'étroit bord herbeux.
Faut que je téléphone à la voisine.
Mon téléphone affiche : -urgence seulement-.
C'est quoi ce bazar. Urgence, ben oui, c'est urgent, ma maison va prendre feu.
Mais quelles urgences, les pompiers ? La police ? Je vais quand même pas faire le 15.
Je me vois pas dire au docteur régulateur d'appeler la voisine pour aller éteindre le gaz sous la casserole.
Je sens tout net que je m'affole, je transpire sous les bras et j'ai le cœur dans les oreilles.
Et pire encore, comme je n'ai jamais su rentrer les numéros de téléphone, je les écris sur un papier et celui de la voisine, l'est resté sur la table.
J'ai roulé quoi ? Peut-être 150 km. Je vais faire demi-tour, ça sera plus sage. Sauf que je n'ai pas le courage. Si je retourne au village, je repars pas, je me connais.
J'ai le guide de la route dans mon vide-poche mais ce qui me manque, là et maintenant, c'est le guide pratique de la bonne réflexion.
J'y suis pas en Normandie. Arrête de margouner Vovonne, décide que je me dis
Oui mais je fais quoi ?