maison de Baratte fermée pour cause de maison de retraite
Le lavoir qu’on cure avec la caisse à laver des lavandières.
Les escaliers de Baratte.
_________________ "Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." F. Mauriac
Invité- Invité
par Invité Jeu 27 Mai - 14:53 Ta grand mère était une rareté, Wap, tu aurais du la mettre dans un bocal de formol ! (oups! j'ai osé ?!) Sérieusement, ils doivent être comme tout le monde, avec leurs exemplaires de poètes et leurs rangs dessinés au cordeau, le réel dénominateur commun étant peut-être leur côté économe.
Le jour où mon beauf, enivré du parfum de la campagne, a demandé à ma grand mère ce qu'étaient les grandes plantes fleuries qui poussaient en nombre dans son potager, la p'tite vieille s'est tournée vers ma soeur en s'exclamant: "C'est une blague ? L'a jamais vu de patates ton homme ? Hé bé, ma pauvre fillette !" Vovonne- Invité
par Vovonne Jeu 27 Mai - 17:00 Madame Pataugas, je reviens sur ce que vous avez écrit.
Pas poétique nous autres à la campagne, vous êtes dure.
Vous avez pas vu les paysans qui construisent les murs de leur remise ? Ils choisissent toujours leurs pierres et en mettent au moins une avec des ammonites, parfois plusieurs. Faut dire que ces fossiles regorgent chez nous, ben c’est pour faire beau. Alors c’est pas de la poésie ? Y’a pas que le purin, le fumier, le lisier y’a des gens qui aiment la terre et rien que ça c’est poétique. Le vieux Joseph quand il revient du potager parce que, chez nous, c’est pas souvent que le potager il est à côté de la maison, avec ses deux corniauds sur les talons, faut l’écouter parler. « L’a trop bu la terre, l’est trop gorgée d’eau, c’est pas bon ça, et le Trait (c’est notre rivière) y roule trop, va s’étrangler et les écrevisses viendront pas ». Moi je trouve que c’est plus poétique que celui qui parle des petits zoiseaux, du gazouillis de l’eau. Vous m’avez fait sortir de mes gonds. C’est pas de la poésie de poètes cultivés, mais c’est de la poésie d’hommes, non mais. Les vers, c’est pour la pêche et ce sont des vers quand même.
Merci Madame Wapiti, je suis étonnée que la poste ne soit pas en grève aujourd’hui. Invité- Invité
par Invité Jeu 27 Mai - 19:32 C'est vrai, Vovonne, qu'ils ont des expressions que nous appelons poétiques mais ils parlent de choses utiles avec leur bon sens, ils ne cherchent pas à les sublimer ou à les habiller de couleurs inhabituelles. Enfin bon, moi, ce que j'en dis, hein... La poésie, dès qu'on la nomme, est un point de vue purement intellectuel. Mais finalement, on peut très souvent démontrer une chose et... démontrer son contraire également. Alors.... Invité- Invité
par Invité Jeu 27 Mai - 20:52 "Mais finalement, on peut très souvent démontrer une chose et... démontrer son contraire également. Alors...."
Là, Vovonne laissera tomber, elle est douée pour démontrer une chose et son contraire.
Quand tu vis à la campagne vaut mieux savoir ruminer, y'a tellement de vaches . Vovonne- Invité
par Vovonne Ven 28 Mai - 10:02 Je me suis appliquée à relire ces morceaux d’histoires éparpillées et je ne suis pas très fière.
On dirait une dame de catéchisme bavardant dans sa moustache.
Quand je lis mes Stefan Zweig, ses mots emplumés s’envolent très droit et très haut. C’est dur de n’être que Vovonne et j’aurais du écouter mon garçon « Maman quand tu écris sur un site, (et ce village d’écran est un site), n’importe qui va te lire, partout ». Ben, c’est fait et c’est trop tard. Avant ce fichu ordinateur, mes mots étaient sagement couchés dans les cahiers à couverture cartonnée, bien bordés par la reliure. Pouvaient pas s’échapper.
Quand j’avais fini d’écrire, je rangeais le cahier dans le tiroir de gauche de la table de la cuisine, celui dont on ne sert pas beaucoup parce qu’il coince et que pour fermer, il faut le soulever d’un coup sec en même temps qu’on pousse. J’ai mis les cahiers au grenier et dans le tiroir, à la place, il y a « le manuel d’utilisation de l’ordinateur » et « l’informatique pour les nuls ». Elles seront pas usées les feuilles du livre, j’ai pas du tout envie de lire ça. Enfin, faut pas se déprécier je dis et, en plus, je me suis causée des grands plaisirs avec ce clavier qui fait un tip-tip-tip très léger.
Hier quand Félix est rentré du Marché au Cadran, il était fumant de colère. Pas fulminant j’ai dit, fumant. Sa vareuse dégageait de la vapeur d’ailleurs. Il avait plu.
« Tu te rends compte, on nous dit qu’il y a une augmentation des tarifs pour les viandes biologiques de qualité. Les enfoirés, ils achètent les taurillons herbés à 2,47 maximum, les broutards de 400 kg à 2,59 le kg, et les génisses de 700 kg de 36 mois à 2 euros le kg. Y s’foutent de la gueule des agriculteurs. J’te jure Willy, il avait les nerfs. » J’ai plus écouté, il avait écrit sur un papier tous les prix et toute cette liste, ça m’a fait décrocher.
Et chez Atac, c’est pas pareil les prix, j’en ai vu des tranches de steak à 19 euros le kilo.
C’est la chaîne de distribution parait-il. Une courroie plutôt. Un machin qui serre le cou aux éleveurs et à tout le monde dans la foulée. Félix et moi, on fait quelque chose d’interdit et Willy aussi d’ailleurs. Quand il abat une belle bête, c’est illicite, on achète une côte de bœuf. Heureusement y’en avait pas dans le congélateur. Elle a pas le temps d’y passer, elle va directement sur nos papilles. Ca me fait saliver rien que d’y penser.
J’ai bien l’impression de sauter du coq à l’âne mais c’est mes pensées qui vont trop vite et j’écris vite avant qu’elles ne s’effacent. Ca s’efface les pensées comme quand on passe le chiffon sur la fine poussière qui se dépose sur les meubles. Y faut pas en faire un mystère des pensées, ça les épuisent et elles disparaissent.
J’ai pensé que dimanche c’était la fête des mères. Mes garçons viennent avec femmes et enfants. Instants parfumés, saturés d’émotion, je vais pas en parler. Moi aussi j’avais une mère, on devait l’appeler mère et pas maman.
J’ai écrit l’autre jour et j’ai mis ma lettre dans le pot de réséda en plastique sur la pierre de sa tombe.
Marguerite : 1902-1945
Maman,
Si ma naissance ne te fut pas un enchantement Si je ne devenais qu’une bouche à nourrir de plus Je suis contente que tu aies poussé l’effort jusqu’au bout.
La tendresse, les câlins, la douceur c’était pas ton fort Tu nous aimais en ordre, silencieux, sages, obéissants. Tu avais la main leste, surtout ta main avec la bague de fiançailles Qui claquait et faisait éclater un bout de chair.
Nos pieds crottés étaient enfoncés dans la boue de la cour Incapables de fuir ta colère Statufiés de crainte, immobiles
Le paquet d’ortie fraîche que tu nous faisais cueillir pour mieux Nous fouetter et qui servait ensuite à la soupe Faisait de nous des enfants à la peau qui démange.
Tu étais petite et maigre mais si grande était notre terreur que tu devenais une géante. Mais nous avons ri maman quand dans le fenil où nous nous cachions nous inventions ta mort.
Et tu es morte et j’étais encore si petite. Tu es morte de faire trop naître. Tu es morte et j’ai appris et j’ai compris que je t’avais aimé.
Voilà, ce que j’ai écrit à ma mère C’était pas la meilleure des mères mais c’est la seule que j’ai eu. L’autre, c’était une belle-mère pour nous élever et que mon père a trouvé dans les annonces du chasseur français. Mais c’est une autre histoire.
Bon j’écris plus j’ai le ménage à faire et j’irais voir la voisine, finalement je vais l’aider à peindre. Elle a mis les volets sur des tréteaux dehors et il fait beau, autant profiter du soleil qu’il est mesquin en ce moment. Lilie
- Localisation : Pieds sur Terre, tête en l'Eire
par Lilie Ven 28 Mai - 14:49 C'est malin de me faire pleurer Vovonne, moi qu'etais toute joyeuse en ecoutant du reggae.
Lilie par Contenu sponsorisé
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