Les seaux d’eau fraiche (pour ne pas dire froide : la neige a fait son apparition sur les sommets) qui dégringolent de mon ciel savoyard en ces journées orageuses de fin d’été me ramènent à d’autres seaux d’eau, cette fois-ci bien tiède, que nous avons reçus au cours de notre bref passage indien du côté de Delhi, en cette période de mousson…
La mousson à Delhi, c’est…
... un plafond tellement bas que les buildings d'en face disparaissent des heures durant,
... des seaux d'eau tièdes nous tombent sur la tête des heures durant,
... tellement d'eau que le métro est interrompu, les taxis doivent apprendre à nager et les rickshaw-wallahs se noient...
... c'est la douche et le bain de pieds assurés dès que l'on ose mettre le nez dehors,
... c'est le meilleur moyen pour nous faire revenir à l'hôtel en courant au bout de 10 minutes à peine, et nous y calfeutrer, blottir en ronronnant de plaisir pendant que l'on profite...
... de ses grandes chambres propettes où il fait bon trainer des heures au lit face au petit écran aux 100 chaines ou à la fenêtre à regarder dégouliner le ciel sur la verdure du quartier et les parapluies du petit personnel stoïque...
... de son grand hall décoré (limite kitch à mon goût) et ses salons climatisés aux fauteuils profonds et confortables, de ses bars et restaurants offrant tous les goûts que nous pouvons désirer,
... de son personnel qui fourmille en permanence, double garde et portique de sécurité à l'entrée, voituriers, grooms, hôtesses d’accueil et réceptionnistes, chasseurs et personnel d’étages au petit soin... à vous donner le tournis !
... de sa piscine rien que pour nous (pour le coup, sortir sous la douche du ciel pour s'y lancer ne nous a pas déplu !)
... et de son spa haut de gamme (hmmm, le massage balinais ou aromathérapique !! hmmm, le hammam aux senteurs d'eucalyptus !! hmmm, la douche parfumée à la rose !! Hmmm...)
Voilà, c'est ça la mousson à Delhi lorsque l'on revient de 12 jours himalayens et que l'on nous colle dans un des grands hôtels luxueux du centre-ville.
De Delhi, je n’ai donc pratiquement rien vu. C’est un choix, en partie dicté par ces conditions météo et d’hébergement.
De l’Inde ‘indienne’, je n’ai donc rien vu. C’est un choix également. Là n’était pas le but de ce voyage, et si Agra et Taj Mahal ont tenté une partie du groupe en fin de séjour, ce ne fut pas mon cas.
C’est l’Inde himalayenne que je suis partie découvrir cette fois, cette zone montagneuse d’obédience bouddhiste tibétaine, à juste titre nommée le Petit Tibet Indien, le Ladakh.
Aujourd'hui, en mes vertes, froides et mouillées montagnes, les souvenirs affleurent, comme des bulles de savon qui s’envolent avant d’exploser pour laisser place à d’autres, comme des bouffées de fumerolles d’encens qui parfument l’espace et dansent au gré du vent qui se glisse dans la salle au décor chargé et coloré d’un monastère…
Des monastères, les gompas aux mille Bouddhas, il y en a eu… jusqu’à l’overdose.
Des om mani padme um, il y en a eu aussi en pagaille, gravés sur les pierres à mani, imprimés ou effacés des milliards de drapeaux à prière colorés croisés flottant au vent, marmonnés ou chantonnés par les bonzes d’orange et de grenat rencontrés en tous lieux, récités à chaque tour de moulins à prières actionnés consciencieusement… Om mani padme um, jusqu’à ce que cela devienne une ritournelle incrustée, une respiration naturelle aux bienfaits zens incontestables…
Des gompas, des om mani padme um,… des rencontres, des paysages extraordinaires et superbes aussi, des instants magiques… autant de bulles de souvenirs, autant de bouffées d’encens à respirer avec plaisir et déjà un brin de nostalgie...