Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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    Carnets de Macédoine (2017)

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    Message par Lilie Ven 28 Juil - 15:15

    11.07.2017
    Sofia, Bulgaria

    - « Je suis pas contente, Maman! »

    Kinderette ravale ses larmes, elle est debout depuis 5 heures le matin et il fait chaud, une trentaine de degrés. Le « je suis pas contente, Maman ! » de Kinderette est rare, et il intervient quand elle est dans le rouge. En langage adulte, il pourrait se traduire par « j’en ai ras le bol ! » ou « j’en ai plein le cul ! ».

    - Je sais Kinderette, et c’est normal. T’as le droit de ne pas être contente et je comprend. Mais on n’a pas le choix, il faut qu’on marche jusqu’à notre chambre d’hôtel.

    Quand j’ai réservé la veille, sur Booking.com, il n’était pas précisé que les chambres étaient à un kilomètre de la réception... Les mauvaises surprises font aussi parties du voyage, et il faut savoir les accepter sans y laisser d’énergie inutlie. Facile, pour un adulte...

    Depuis l’aéroport de Sofia, entre métro et taxi, j’avais fait le choix confort pour épargner ma puce qui n’avait ni dormi durant les trois heures de TGV jusqu’à Paris, ni dormi dans l’avion jusqu’à Sofia. Elle était tombée au bout de cinq minutes assise dans l’air étouffant du taxi : la chaleur l’avait vaincue.

    Nous nous sommes pausées à l’hôtel. Sur le chemin entre la réception et le bâtiment où nous logions, je m’étais arrêtée dans une de ces épiceries aux allées trop étroites mais pour autant surchargées du sol au plafond. Tomates, biscuits, et Chocapic feront notre dîner et petit déjeuner, pas question de ressortir vu l’état de ma Schtroumpfette !

    J’ai souvent fait ça, quand je voyageais seule, picorer dans ma chambre. Je n’ai jamais accordé une grande importance à la nourriture en voyage, ni à l’ordre des repas, ni à leur nombre d’ailleurs, et encore moins à leur contenu ! Je me contente souvent de remplir mon estomac quand j’ai faim, celle-ci en mode voyage étant bien souvent réduite par rapport à mon mode sédentaire. Sédentaire, je mange par habitude, par routine, voire par ennui parfois.En voyage, ce que j’aime, c’est la notion de temps, continu, sans rythme, sans habitude. Je dors quand j’en ai envie. Je mange quand j’en ai envie.
    Avec Kinderette, il faut bien entendu que je fasse attention à ses besoins, que je l’écoute. Là, je vois bien que la chaleur la casse. Je l’avais anticipé de toute manière, et elle a de la chance dans son malheur : je n’ai jamais été avide de cases à cocher, de voir le plus possible, et l’expérience d’être dans un endroit que je ne connais pas suffit à me contenter. Surtout l’expérience de sortir de ma zone de confort, d’être plongée dans une culture inconnue où je ne comprend ni la langue, ni l’écriture.
    Mise à part l’Asie, c’est la première fois que je me retrouve dans un pays qui utilise un autre alphabet que le miens, le cyrillique en l’occurrence. Et j’adore ! Aucun repère, je ne comprend rien à ce que je lis !

    Kinderette aussi a rapidement repéré ces lettres bizarres, ça la fait rire ! Ce matin, elle a d’ailleurs utilisé l’une de ses deux photos journalières pour mettre en boîte une vitrine recouverte de cyrillique « parce que c’est rigolo qu’ils utilisent pas les mêmes lettres que nous ! ».

    Hier, dans le taxi, pendant ses cinq minutes éveillées, elle a quand même réussi à me glissé qu’elle aimait bien entendre la langue d’ici, c’était différent. C’est la radio du taxi qu’elle entendait en respirant l’air asphyxiant de nos premiers bouchons bulgares qui nous menaient dans le centre de Sofia.

    (...)

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    Message par mamina Ven 28 Juil - 15:22

    banane banane
    Je vais vous suivre avec attention et plaisir !
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    Message par Skyrgamur Ven 28 Juil - 16:01

    Merci Lilie, je présage qu'on va bien se régaler avec cette Macédoine (je sais, c'était facile et prévisible.... clin d'oeil )


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    Message par Solcha Ven 28 Juil - 19:39

    YOUPIIIIIIII!!! Un nouveau carnet des aventures de Kinderette-cacahuète-schtroumpfette!!!!

    Vite, je m'installe et je déguste (Bon app! Skyr!!)


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    Message par fabizan Ven 28 Juil - 20:44

    J'ai jamais rien lu sur la Macédoine (sauf les recettes de Tante Marie) alors j'ai hâte aussi ! sourire


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    Message par Lilie Sam 29 Juil - 14:15

    Kinderette sieste. Elle a dormi onze heures cette première nuit. Je me suis endormie tôt moi aussi, à peu près comme elle, vers 20h30 je pense. En m’endormant, je me disais que si moi j’étais naze, son petit corps de six ans devait l’être encore davantage !

    Je me suis réveillée vers 23h30. La fenêtre ouverte me renvoyait des bruits de moteurs de clim’, mais je trouvais le reste étonnement calme. Il faisait encore bon dehors et la terrasse de resto sous notre chambre était déjà close.
    J’ai été éveillée au moins deux heures. Les sons que j’entendais me rappelaient cette fois, à Singapour, où j’avais dégoté vers 20h le soir, en insistant, l’ultime lit d’un hostel : un lit sur le toit d’un building de dix étages, les étoiles au-dessus de ma tête, et le ronron des moteurs comme berçeuse. J’y étais restée plusieurs nuits. 10 SGD pour une nuit à la belle étoile au coeur de la mégalopole du sud-est asiatique. J’avais adoré ! Et j’ai aimé me remémorer ce souvenir, hier soir. C’est marrant, je me rend compte que mes nouvelles expériences de voyages ont parfois maintenant l’effet de m’en remémorer d’anciennes. J’imagine que ça s’appelle l’expérience... Celle-là même qui a remplacé l’innocence et la naïveté. Mais j’aime. J’aime que de vieux souvenirs resurgissent de nulle part, sans que je m’y attende. C’est comme si je replongeais l’histoire d’un instant dans ces atmosphères passées, une seconde fois. Des expériences inscrites à l’intérieur de moi, pour toujours semble-t-il... D’où l’importance de vivre et d’être acteur de sa vie ! Toutes ces expériences vécues font parties de moi, et le feront pour toujours ! Quelle richesse !

    Et Cacahuète, que retiendra-t-elle de ces nombreuses expériences vécues si jeune ? Des bribes tout au plus, mais elles contribuent dès aujourd’hui à faire celle qu’elle sera demain. Ces vadrouilles dans lesquelles je l’entraîne, ce sont autant de richesses que je lui offre. De celles qui ne remplissent pas les comptes en banque, mais l’âme. Ce sont aussi des moments de vie partagés autrement que dans notre quotidien.

    Ce matin, une fois avoir émergé (moi beaucoup plus difficilement qu’elle), nous sommes parties à la recherche de l’office de tourisme... bien caché dans les sous-sols du métro. J’avais eu la bonne idée hier, d’arracher à une brochure de l’aéroport, le plan de la ville. Pendant mes deux heures éveillées, la nuit dernière, j’avais aussi des pensées de malaise, comme ça m’est parfois arrivé, quand je débarque dans des endroits inconnus, où je n’ai pas mes repères. Je me demandais si j’avais le bon choix, de passer par Sofia, de devoir repasser la frontière macédo-bulgare pour repartir, de la chaleur avec Kinderette. Bref, tout ce que le sentiment d’être étranger et perdu dans un nouvel endroit peut procurer. A croire que l’expérience n’y change rien. Et c’est bien ainsi. Maintenant, je sais seulement que le remède c’est simplement de se bousculer un peu, de sortir dans la rue et de prendre un premier bus ou métro, de se repérer un peu, et de s’apercevoir que cette ville est une ville comme les autres, peuplée d’êtres humains qui vivent et travaillent sur la même planète que moi. Juste une autre fourmilière. Enfin, « je sais »... non. Pas au moment du malaise toute seule dans m tête, dans ma chambre, où je n’ai pas envie de sortir me confronter à ce nouvel environnement. C’est après, le lendemain, quand j’ai osé, que je constate à quel point c’est facile ! Aujourd’hui, dans le métro, dès le premier trajet, j’étais déjà comme un petit pois dans la macédoine ! Et à la fin de cette journée, j’ai déjà intégré le plan relativement simple du métro de Sofia, et compris les lignes de tramway et de trolley, je me situe dans l’espace avec les axes principaux et les monuments.

    Ce matin, nous avons fait quelques sympathiques rencontres. Une Iranienne qui m’a interpellée devant le parlement pour me demander une direction. Aucune idée, lui ai-je répondu : I’m a tourist ! Ha ! Ha !
    Et puis, dans le métro, nous nous sommes assises à côté d’une dame, la cinquantaine passée sans doute. Elle me voit regarder ma carte et me demande, en bulgare, où on va, sans doute. Je lui répond en anglais « à la station de bus internationale ». Elle me dit que c’est le même arrêt que la gare centrale, et au même moment, les deux jeunes qui se tiennent debout à côté de nous, nous disent qu’ils y vont aussi, et de les suivre. La femme me demande rapidement d’où nous venons. A ma réponse, elle lève les bras au ciel, et me répond dans ma langue natale :

    - Ah ! Mais on peut parler Français alors ! Pas besoin de s’embêter avec l’Anglais !

    Ha !Ha !

    - Où est-ce que vous avez appris à parler Français comme ça ? lui répond-je avec un large sourire.
    - Je suis professeur de Français !
    - Et moi, je suis professeur d’Anglais, en France !

    On éclate de rire et elle a juste le temps de me demander ce qu’on fait ici qu’elle doit descendre.

    - Je vais faire mon marché !

    Elle me prend chaleureusement les mains dans les siennes avant de descendre et de nous faire un grand au revoir à travers la vitre, depuis le quai.

    Et puis, à l’arrêt d’après, nous emboîtons le pas aux deux jeunes qui nous font signe de les suivre. Lui est Turque, et elle, Grecque. Ils étudient en Bulgarie, la médecine, et sont à Sofia pour aller aux ambassades en prévision de leurs échanges universitaires : elle en Russie et lui en Tunisie. Lui me dit que les études de médecine en Bulgarie sont très bonnes, beaucoup plus de pratique que de théorie. Ils nous laissent en nous indiquant le terminal de bus international, eux se dirigeant vers le terminal de lignes nationales.

    Sur le chemin du retour, dans le métro toujours, on a sympathisé avec une femme, et sa fille, en poussette.

    Sofia me donne l’impression d’une ville un peu nonchalante, comme le sont peut-être beaucoup de villes où la chaleur est accablante. Je n’ai pas vu de pingouins en costume et je me demandais s’il y avait un quartier des affaires dans cette grande ville. Les gens sont habillés en « casual », pas de hauts talons ni de jeunettes sorties de la TV réalité. Pas de looks de footballeurs aux cheveux gominés non plus. Même dans l’hyper centre. Des hommes jouent aux cartes sur le trottoir, des femmes entreteneuses d’espaces publics se reposent à l’ombre d’un parc.
    Je trouve cette ville plutôt sympathique, faute de vraiment jolie. Mais le charme a tellement plus de valeur que la beauté !
    Elle a des touches de splendeur dorée ou de réminiscence soviétique ici ou là, mais pas de réelle cohérence ou continuité dans son architecture. La cathédrale Alexandre Levski, plus grand temple orthodoxe du pays et que nous avons visitée aujourd’hui, est en fait un monument du début du XXe siècle, dont les dorures des dômes extérieurs ont seulement une dizaine d’années !... Tout comme l’immense statue de Sofia qui trône en haut d’une artère centrale un kilomètre plus loin.
    Je m’y sens en totale sécurité, le métro, ses bouches sont propres et climatisées, tout comme le tram. Bref, une capitale à première vue plutôt sympathique !


    (...)

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    Message par Lilie Sam 29 Juil - 14:16

    Plus tard, en soirée.

    Nous n’avons pas bougé de la chambre après la sieste de Kinderette. Son choix , et je préférais la laisser tranquille, au frais, plutôt que de lui ajouter de la fatigue supplémentaire.
    Demain matin, nous partons sur Skopje, une autre capitale, macédonienne cette fois-ci ! Les étudiants ce matin nous ont prévenues : il fera plus chaud en Macédoine... avant d’ajouter que ce serait aussi moins cher qu’ici, bien moins cher. Je ne compte pas m’attarder à Skopje. J’ai envie de ruralité, de montagnes, et si possible, d’y trouver un air un peu plus frais ! Pour l’heure : au dodo !


    (...)

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    Message par Skyrgamur Sam 29 Juil - 14:33

    Tu n'en as certainement pas entendu parler, à Skopje, il y a eu un terrible tremblement de terre en 1963. Lorsque j'y suis allée en 1969, tout était encore par terre, les rues étaient éventrées. Mais c'était encore la Yougoslavie...


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    Message par Lilie Sam 29 Juil - 17:03

    Attend la suite, Skyr; sois patiente... Tu ne reconnaîtrais pas la ville, je te l'assure! clin d'oeil

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    Message par Lilie Sam 29 Juil - 17:06

    11 juillet 2017
    Sofia, Bulgaria

    Aujourd’hui, on a fait des choses super. Et aussi, avec mon appareil photo, j’ai pris des photos ! Et on est allée se promener à l’église. Et on a vu les gens qui étaient dans le même avion que nous, au parc de l’église. Et aussi, on est allée dans le train sous terre et c’était trop drôle et aussi y avait un bébé. Et aussi on a mangé des céréales. Et on a vu des gens qu’étaient gentils. Un monsieur, il expliquait à Maman où aller parce que Maman elle avait une carte et il expliquait le chemin. Et à l’église, fallait chuchoter, fallait pas prendre de photos, et fallait pas faire de téléphone et on est allée et c’était super... C’était même très super ! Et demain, on prendra le bus pour aller en... MACEDOIIIIINE !!! Et le tramway c’était génial ! Et même Maman elle avait pas eu de problèmes ( ??? ndlr). C’est bon !

    (...)

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    Message par Lilie Sam 29 Juil - 17:11

    Carnets de Macédoine (2017) Img_5710*

    * Copyrights Kinderette

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    Message par Solcha Sam 29 Juil - 18:09

    Le bonheur de retrouver le carnet à 4 mains!!!


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    Message par Skyrgamur Sam 29 Juil - 19:43

    Solcha a écrit:Le bonheur de retrouver le carnet à 4 mains!!!
    Comme le dit si bien Solcha


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    Message par mamina Dim 30 Juil - 11:36

    Je suis comme Kinderette, je trouve ça très super et très génial !
    bisou
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    Message par Fabricia Dim 30 Juil - 11:54

    Bises à vous, chères bourlingueuses


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    Message par Lilie Dim 30 Juil - 12:48

    12 juillet 2017
    Skopje, Macédoine

    Aujourd’hui, on a pris le bus et on a vu plein de statues et même trois fontaines ! Et dans le bus je voulais dormir et Maman elle m’avait dit de dormir et donc j’ai fait une petite sieste avant d’aller se promener. Et on a pris un taxi aussi et on dirait que tous les gens ils étaient gentils aussi ! Et c’était drôle parce que je suis montée sur la fontaine et aussi y avait des lions sur la fontaine et ils crachaient de l’eau. Et au dessus de la fontaine y avait un cheval avec un chevalier, mais en statue par contre ! Et Maman elle disait qu’elle adorait ces statues. Et c’est drôle parce que Maman quand elle porte ses sacs à dos, comme elle a deux sacs à dos, et bah le petit elle le met devant et le gros elle le met derrière. Et aussi y avait des belles vues et par contre tout ça c’était ce soir ! Et ce matin on n’était pas dans le même pays. En fait le bus c’était ce matin et il a traversé deux pays et y avait une barrière et juste après la barrière et bah en fait, c’était l’autre pays. Et aussi, sur les montagnes, y avait des statues, par exemple une croix. Et aussi c’était des moyennes montagnes de un kilomètre. Et aujourd’hui, c’était bien, mais par contre il faisait chaud ! Et aussi y avait un petit chemin d’eau et dessus y avait un bateau et à côté y avait des restaurants et dans les restaurants pour rafraîchir c’était des petites gouttes d’eau. Et à la gare de bus on a pris le taxi et le taxi il a appelé l’hôtel pour savoir si on pouvait venir et il a dit oui. Et après on est allée se balader dans la ville. Et la ville elle est super ! Et très super ! Et c’est ainsi que ça se finit !

    (...)

    Kinderette
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    Message par Lilie Dim 30 Juil - 13:04

    28.07.2017
    France

    Pour écrire, il faut avoir de la disponibilité. Dans le temps, dans sa tête. Disponibilité difficile à trouver lorsque l'on voyage avec un enfant. C'est peut-être l'aspect du voyage qui me manque le plus sur cette formule accompagnée: en voyageant seule avec un enfant, difficile de trouver le temps pour le silence, la contemplation, l'immobilisme. On observe en mouvement. En plus de tout l'inconnu qu’une nouvelle expérience, qu’un nouvel endroit provoque en émotions et en réflexions, il faut en plus faire attention au Petit d’Homme qui nous accompagne, et répondre à ses infinies questions. Ainsi, le soir venu, quand le Petit d’Homme s’endort, et qu’on aurait enfin la disponibilité temporelle pour écrire (quand une des rencontres de voyage ne vous sollicite pas pour une veillée autour de rasades de rakija pour refaire le monde jusqu’au bout de la nuit), la tête ne peut plus, vide de son énergie créatrice : il n’y a plus de place dans le cerveau sollicité des heures durant, et l’écriture deviendrait un pénible effort. C’est frustrant, surtout lorsque durant toute la journée, vous avez eu envie de coucher sur papier ce que vous avez vécu, tout ce qui a provoqué chez vous sensations, émotions, et réflexions.

    C’est ainsi que parfois, et notamment sur les derniers jours de notre voyage macédonien, je n’ai pas eu la disponibilité pour écrire tout ce dont j’avais envie, qui bouillonnait en moi.

    Nous sommes rentrées depuis trois jours, et je n’ai depuis q’une envie : mettre par écrit la fin de ce voyage, et tout ce dont je n’ai pu écrire durant le voyage. Voici donc, mon carnet de maison macédonien...

    (...)

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    Message par Lilie Dim 30 Juil - 13:09

    Carnets de Macédoine (2017) Img_5711


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    Message par Lilie Dim 30 Juil - 15:28

    Skopje.

    Déconcertante. Skopje, la déconcertante. Je n’ai jamais vu pareille ville. Déconcertante est le qualificatif qui m’est venu en tête après quelques heures à découvrir, à pied, cette ville plus que surprenante.

    Avant de choisir la Macédoine comme destination, je n’en connaissais pas sa capitale, et n’avais donc jamais entendu parler de Skopje. Seules quelques personnes de générations antérieures à la mienne semblaient la connaître :  elle avait été tristement célèbre dans les années soixante pour avoir été complètement détruite par un tremblement de terre. J’apprenais par la même occasion, avec mon inculture légendaire, que la Macédoine était donc sujette, semble-t-il, aux activités sismiques... C’est vrai que ce n’est pas un critère dont je me préoccupe pour choisir où traîner mon sac (à) d’os. A vrai dire, à part la situation socio-politique, je n’ai guère de critères dont je me soucie pour emmener mes sacs à dos en promenade de santé (c’est important, pour leur santé, de les sortir de temps en temps).

    Comment était-elle avant ça ? Aucune idée. Elle a certainement été reconstruite à la mode communiste de l’époque. Les années 60, c’était Tito, la Yougoslavie, Le Parti. Mais pour tout dire, je suis bien incapable de dire comment elle fût reconstruite, Skopje étant aujourd’hui en plein chantier, un chantier démesuré commencé depuis quelques années paraît-il. La capitale macédonienne ne compte plus ses imposantes statues de plusieurs dizaines de mètres de haut, ses lions rugissants, ses cavaliers, ses trônes habités par de mystérieux barbus, véritables sentinelles de tel pont, de telle rue. Son Arc de Triomphe, planté là, seul, abandonné entre une tour coiffée d’un immense Coca-Cola rouge et d’un écran géant qui propagande Samsung ou autre Audi. Ses esplanades ouvertes bordées de bâtiments sans âge et d’un cour d’eau quasi asséché qui se rêve torrentiel, et dans lequel un pêcheur à la ligne, grisonnant, s’évertue à trouver du poisson sous l’un des ponts jumeaux supportant la lignée de tels rois ou papes, où de je ne sais quels personnages d’une identité nationale qu’on se cherche.

    Skopje donne l’impression d’une excentrique, d’une grosse dame au maquillage vulgaire, qui voudrait nous  distraire de ses rides à force de Botox injecté outrageusement, faisant petit à petit apparaître un visage neuf mais artificiel, sans âme, sans charme.

    De nouveaux théâtres sont fléchés dans toutes les directions, de nouveaux musées, dont celui de Mère Téresa dont j’ignorais auparavant la nationalité et la ville de naissance, tant cette femme est du monde. Sur ce filet d’eau qui traverse le centre ville, sont amarrées, sur cinq cent mètres, trois pimpantes répliques grandeur nature, toutes identiques, de caravelles ou autres vaisseaux de traversées des océans des siècles passés (pas celles de la Macédoine, le pays ne comptant que des limites terrestres) et dans lesquelles les touristes peuvent se restaurer. Sur les berges, face à elle, une enfilade de terrasses ombragées qui se disputent la clientèle à coup d’écrans plats jouant Wimbledon et de brumisateurs salvateurs dans la fournaise des plus de quarante degrés ambiants.

    Grues, échafaudages, et de nouveaux ponts en construction (un pont tous les cinquante mètres, alors qu’on pourrait traverser le ruisseau à pied !) complètent le décor de ce centre ville extravagant enfanté de mégalomanes excentriques qui cherchent indéniablement à montrer qu’ils ont la plus grosse, sans pour autant se soucier du bon goût et de la douceur de vivre qui pourraient seoir à leurs concitoyens. Dans cette folie incohérente pour les visiteurs incultes de l’histoire du pays dont je fais partie, subsiste un brin du passé, un brin d’histoire, qui nous rappelle que la Macédoine, depuis toujours, fût un carrefour des cultures de l’Orient et de l’occident, du sud et du nord, et que l’empire Ottoman passa lui aussi par ce petit bout de territoire. Le vieux bazar de Skopje, ses ruelles pavées qui perdent le visiteur à travers ses délices turques et ses odeurs loukoumesques, ses étales où les fruits et légumes à été remplacés par les souvenirs touristiques. Il fait bon se perdre dans ce serpentin métissé, surtout lorsqu’on y atterrit en sortant de Disneyland, une dernière récente fontaine géante coiffée d’Alexandre le Grand ou autre figure macédo-grecque cachant à peine le minaret de la vieille mosquée à l’entrée du bazar.

    Est-ce que j’ai aimé Skopje ? Je ne saurai dire. Je crois que oui pourtant, comme une enfant dans un parc d’attraction qui s’émerveille de tout ce qu’on lui jette à la figure, à la différence près qu’un parc d’attraction a le soucis de raconter une histoire, d’une cohérence, d’une continuité qui se déroule au fur et à mesure de nos pas. Pas Skopje. Le regard est surpris, décontenancé, et je n’ai pas arrêté de lancé des « j’adore ! » en explosant de rire en continu. Je n’ai jamais vu une ville comme ça, elle est unique et déconcertante, et si c’était le but recherché par les initiateurs de ce projet urbain (y en a t-il un ?), alors le pari est plus que réussi !

    Et si tout cela fait bien évidemment parler les touristes et multiplier les clichés des smartphones, cela ne laisse pas non plus les Macédoniens indifférents. De Skopje ou d’ailleurs, ils nous en ont tous parlés, de ce nouveau visage de la première ville du pays. Gaspillage d’argent public pour une ville « kitch », mafia, intérêts privés. Je n’ai pas rencontré un seul citoyen du pays qui adhérait à ce projet.

    Ha ! La douce folie des hommes !...

    (...)

    Lilie
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    Message par geob Mer 2 Aoû - 10:16

    En général, les descriptions dans un carnet de voyage m'ennuie, sauf quand je lis ces morceaux de littérature :

    i]
    Skopje donne l’impression d’une excentrique, d’une grosse dame au maquillage vulgaire, qui voudrait nous  distraire de ses rides à force de Botox injecté outrageusement, faisant petit à petit apparaître un visage neuf mais artificiel, sans âme, sans charme[/i].

    top !
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    Carnets de Macédoine (2017) Empty Re: Carnets de Macédoine (2017)

    Message par Lilie Mer 2 Aoû - 13:32

    13 juillet 2017
    Mavrovo, Mavrovo NP

    Aujourd’hui, je me sens enfin en voyage, et j’ai enfin trouvé ce que je suis venue chercher ici : des gens, des rencontres, du contact avec les Macédoniens. Après Skopje la déconcertante, j’avais hâte de sortir de la consommation de destinations, de la visite de musée, et j’avais besoin, plus qu’envie, de rencontrer des gens d’ici, qu’ils me parlent d’eux, de leur pays. C’est ce que j’aime. Hier, dans ma chambre-appartement, la Wi-Fi et mon smartphone m’ont permis d’orienter la suite de mon voyage sur l’un des trois parcs nationaux que compte le pays : Mavrovo National Park. Sur le site, de nombreuses randonnées sont détaillées, par niveau, par durée. Ca me suffit, et une rapide recherche m’annonce qu’un bus part de Skopje à 9h30 le lendemain, ce jour.

    A la station de bus ce matin, nous avons petit déjeuner d’une sorte de Pitch acheté à l’épicerie, et d’un de ces pains en couronne dont la Pologne nous avait profusés l’année dernière. On l’a acheté à une vieille dame qui les avait dans sa cariole vitrée. Un monsieur, son mari peut-être, était assis à côté d’elle. Un autre homme également. Ils nous ont demandé d’où nous étions.

    - Paris, Francia.

    Il est magique, ce mot, « Paris » ! Connu internationalement ! C’était loin d’être le cas quand je citais « Dublin » ou même « Irlande » à l’époque où j’y vivais !
    Bon, ils ont bien compris, « Paris ». Pourtant, deux minutes plus tard, l’autre homme m’a redemandé :

    - China ?

    Le mari de la vendeuse de pain lui a répété, « Paris », et moi aussi. Mais je sais bien le pourquoi du « China ». Le métissage asiatique de Kinderette est indéniable, et je suis bien consciente qu’elle ne me ressemble absolument pas. C’est donc bien normal que cela intrigue. Nous les avons laissés pour retourner à l’intérieur du terminal, et puis cinq minutes plus tard, Kinderette m’a demandé :

    - Maman, j’aimerais bien utiliser une photo pour prendre en photo la dame avec les pains. On peut ?

    Comme l’année dernière, Kinderette dispose d’une appareil photos jetable 27 poses pour son voyage ; la règle est simple : deux photos par jour si elle souhaite pouvoir prendre des photos tous les jours pendant la durée du voyage. Elle peut en prendre plus, mais ça veut dire ne pas pouvoir prendre de photos tous les jours, les épuiser avant la fin du voyage. Kinderette étant plutôt écureuil et disciplinée, elle avait même réussie l’année dernière à en avoir plus que deux par jour à prendre à la fin de son périple polonnais ! Pour l’instant en Macédoine, elle n’a pas dépassé non plus les deux photos par jour...
    Nous sommes donc retournées voir la marchande de pain, avons demandé si Kinderette pouvait prendre une photo, l’occasion de discuter encore un peu, et puis Clic ! Dans la boîte !

    Deux heures, environ, de bus sur des routes défoncées et qui serpentent, dans un mini-bus-tape-cul. Kinderette sera shootée tout le long du voyage d’homéopathie contre le mal du transport, et ce matin j’en ai moi-même pris un à peine sortie de Skopje : je sentais que la route allait être longue pour mon estomac qui menaçait déjà de libérer mon petit déjeuner de mes entrailles ! Sans encombre pour nous, mais pas pour le jeune garçon d’une dizaine d’années qui était derrière nous. Les lacets se suivaient et se ressemblaient pour sa mère qui aurait pu faire un collier de perles des sacs plastiques remplis par son fils durant tout le trajet. Le chauffeur et son contrôleur fumant dans le bus ayant certainement contribué aux haut-le-cœur de cet enfant.

    Nous nous sommes arrêtés à trois reprises sur le trajet, trois pauses durant lesquelles tout le bus, hommes comme femmes descendaient s’engoudronner les poumons. Qu’est ce qu’ils fument dans ce pays, j’ai l’impression ! Trois pauses durant lesquelles je percevais les déchets et sacs plastiques partout autour de moi, le long des routes. La mère du garçonnet vomito en profitait d’ailleurs à chaque fois pour jeter, dans l’indifférence générale, les sacs puant sur les bords des routes déjà parsemés de blanc et de bleu. L’écologie est un soucis de riches.

    Nous avons pénétré dans le parc national de Mavrovo, passé un barrage, la route grimpante et nous amenant sur les hauteurs d’un lac turquoise pour s’arrêter dans ce qui semble être un village, quelques restaurants et maigres boutiques de chaque côté de la rue poussiéreuse, dans un mouchoir de poche. Les deux touristes nordiques semblent descendre ici, ainsi que la majorité des autres passagers, tous macédoniens.

    - Mavrovo ?
    - Da ! Da ! me fait le chauffeur.

    Nous descendons donc, les quelques passagers descendus se dispersent, et le bus disparaît rapidement derrière un dernier lacet. J’ai en tête de d’abord trouver l’office de tourisme, ou l’office du Parc National, puisqu’il me semblait avoir lu rapidement la veille sur le site du PN qu’il en existait un. Je comptais y trouver des renseignements de base : une carte, et peut-être quelque adresse d’hébergement, car d’un rapide coup d’oeil, un vieil hôtel aux vitres brisées est le seul que j’aperçois sur le bord de la route, et il ne semble héberger de nos jours qu’une populace d’araignées, en témoignent les voiles tissés et les mouches prisonnières sur la façade du bâtiment. Un premier commerçant ne sait me renseigner, un deuxième ne parlant pas Anglais. J’entend un couple de touristes seniors en camping car parler Anglais, ils se garent. Je demande à la femme, elle me dit qu’elle ne sait pas. Un troisième commerçant me dit « tout droit, 500 mètres ». J’ai l’impression qu’il cherche juste à se débarrasser de moi en m’envoyant à la sortie du village, nous quittons le village et après avoir espéré une surprise à la sortie d’une tête d’épingle, je décide de faire demi-tour : pas d’office de tourisme dans ce trou perdu. Pas grave, il est quasiment midi, nous déjeunerons sur la terrasse-jardin de ce restaurant vide de clients et qui pourtant propose un jolie vue sur le lac plus bas. L’estomac plein, j’aurai les idées plus claires pour envisager la suite. Le serveur parle deux mots d’Anglais, et encore ! Un et demi serait plus juste. Alors quand à la fin, je lui demande « Hotel ? » en piquant mon doit vers le sol, il me fait non de la tête et me fait signe de le suivre à l’intérieur. En cuisine, une femme, maîtresse des lieux, s’adresse à nous dans un Anglais compréhensible. Ici, ce n’est pas Mavrovo, mais Mavroni. Mavroni Anovi plus exactement. Et non, il n’y a pas d’hôtel ici, ni d’office de tourisme. Mavrovo ? Oui il y a des hôtels, mais c’est à dix kilomètres d’ici, et non, il n’y a pas de bus pour y aller. Il y a peut-être un hostel dans le coin... Elle va téléphoner au patron. Asseyez-vous ici. S’en suivent quelques appels téléphoniques, des échanges avec le serveur, la femme semble embêtée.


    (...)


    Lilie


    Dernière édition par Lilie le Mer 2 Aoû - 17:36, édité 1 fois
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    Carnets de Macédoine (2017) Empty Re: Carnets de Macédoine (2017)

    Message par Skyrgamur Mer 2 Aoû - 15:24

    La suite, la suite. On ne veut pas que vous croupissiez dans ce bled


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    Carnets de Macédoine (2017) Empty Re: Carnets de Macédoine (2017)

    Message par Lilie Mer 2 Aoû - 17:11

    Entre la soixantenaire au camping car, à qui j’avais parlé une heure plus tôt. Elle s’adresse en Macédonien à la matrone. Et puis elle m’aperçoit.

    - Toujours là ?
    - Oui, apparemment il n’y a pas d’hébergement ici. Je pensais être descendue à Mavrovo, le village principal, mais il est à 10 kilomètres d’ici, et il n’y a pas de bus pour y aller. La patronne est en train d’essayer de nous trouver un logement.

    Quinze minutes plus tard, Kinderette et moi grimpions dans le camping car qui devait nous déposer à un carrefour, à l’entrée de Mavrovo où nous trouverions certainement où nous loger. Vaska est Macédonnienne, elle est née à Galichnik, un village plus haut dans les montagnes, à une quinzaine de kilomètres d’ici, et où se déroule en ce moment même un mariage traditionnel, grande fête annuelle apparemment. Elle est mariée à Erik, Allemand, et ils vivent depuis trente ans en Australie. Ils voyagent pendant six mois en Europe, avec ce camping car de location. Kinderette adore les camping cars, de vraies cabanes-maisons-de-poupée roulantes ! Et pour couronner le tout, Vaska sort de sous son siège passager, un adorable chaton d’à peine deux mois ! C’est BB, qu’ils ont trouvé et adopté, un chaton voyageur qui se sédentarisera à la fin de leur périple, à Skopje, chez la soeur de Vaska. Kinderette est aux anges, elle qui adore les chats ! Il fera la dizaine de kilomètres sur ses genoux. Ils nous laissent à une patte d’oie. Eux, prennent la route qui grimpe fort sur la droite, et nous devons prendre celle qui descend tout aussi fort. Vaska me dit que Mavrovo est à un kilomètre de là. Il fait beau, un peu chaud aussi, entre 25 et 30 j’estime. Kinderette en a marre, elle traîne des pieds. Il faut dire que le centre que je cherche traîne à arriver, même si défilent de chaque côté de la route nombre de villas. Un premier restaurant apparaît enfin, mais c’est le seul. Je décide de poursuivre, et au bout de deux kilomètres, on arrive en fond de vallée, au bout du lac ou la route s’enroule et repart en sens inverse, sur l’autre rive. Face à nous, trois grands hôtels qui ne me tentent absolument pas. Sont-ils ouverts ? Je n’ai pas envie de savoir. Mavrovo est une station de ski l’hiver. Je comprend que là aussi, il n’y a pas de coeur de village, ni office de tourisme, pas même de boutiques,  Mavrovo étant étalé sur deux kilomètres. Tout semble bien calme à cette saison. La route se termine sur un grand parking au goudron défoncé. Je tourne la tête et j’aperçois une pancarte « Rooms » à l’entrée d’un jardin joliment fleuri, qui m’attire immédiatement. Je pousse le portillon en fer noir, et une femme, la cinquante bien passée, sort de la maison.

    - Zdravo ! Rooms ?
    - Da !

    C’est  Magda. Elle ne parle pas Anglais, du tout. Elle me montre la chambre à l’étage, des  gestes,  un crayon, mon carnet. Je paye pour trois nuits, 1000MKN, 15 euros/la nuit. Et puis, constatant qu’on va vite être limitée d’un point de vue communication, elle me fait signe de la suivre, dans le jardin. Un couple de retraités supposés déjeune sur une table ombragée. C’est Mile, lui, et Meri, elle. Lui parle Anglais et peut répondre à mes questions, et traduit vers Magda. Nous avons une cuisine a disposition, là, au fond du jardin. Mile parle même Français ! Un Français appris à l’école et dont il se souvient incroyablement bien !
    Kinderette ira faire une sieste bien méritée, et moi, j’aurai beau expliquer avoir déjà déjeuné à Mavroni, Mile et Meri insisteront pour partager leur déjeuner et me faire découvrir des spécialités macédoniennes joliment cuisinées par Meri.

    Meri est la deuxième femme de Mile, « on a tous des chemins différents » me dira-t-il à l’occasion. Ils ont un fils et trois petits enfants. Meri était ingénieure en chimie, et Mile, ingénieur en éléctricité, ou éléctronique, je ne suis pas sure. Ils habitent Skopje et viennent régulièrement, depuis dix ans, se raffraîchir ici quand l’air est trop étouffant chez eux. C’est Meri, me parlant de Skopje, qui me donnera le qualificatif le plus juste sur cette ville : kitsche. Ils me diront que Skopje aujourd’hui est le fruit d’une mafia et de confilts d’intérêts privés et puis on parlera, ce soir encore, de la Macédoine, de la vie à l’époque yougoslave, de l’accès à l’éducation. Ils me parleront aussi de Mavrovo, de la région, de ses gens très pauvres, du manque d’emploi par ici. S’il neige l’hiver, les touristes viennent pour skier.
    Ils  nous aideront à trouver un bus, pour partir et rejoindre Ohrid dans quelques jours, puisque c’est là où je souhaite me rendre en quittant Mavrovo National Park. Apparemment, Magda nous conduira jusqu’à un carrefour à une vingtaine de kilomètres d’où nous pourrons récupérer un bus. Elle doit avant ça téléphoner pour s’assurer de nous réserver des sièges. Nous partirons Dimanche matin leur confirme-je, après trois nuits passées ici.

    Après la sieste de Kinderette, nous avons marché sous le soleil jusqu’à la vieille église submergée au bord du lac, celle que nous avions passée plus tôt, à pied, en suivant la route jusqu’à chez Magda. Le lac du Parc National de Mavrovo est un lac artificiel, avec un barrage à l’une de ses extrémités. Lorsqu’il a été créé, il a englouti cette vieille église qui, l’hiver, est enfouie sous les eaux, parfois glacées, ne laissant apparaître que l’extrémité supérieure de ses pans de murs, ainsi que son clocher. A cette période de l’année, l’église est sur les berges du lac, et on a donc pu y pénétrer, enjambant les gravas de pierres et de colonnes effondrés. Première fois que j’avais l’occasion d’approcher et d’entrer dans une ruine ensevelie à temps partiel sous l’eau d’un lac. C’est particulier, et les arbres et arbustes qui poussent en en place et lieu de ce qui fut la base d’un toit aujourd’hui effondré rappelle que la nature est bien plus forte que n’importe quelle création humaine.

    Je me sens bien, ici. C’est calme, il n’y a pas de touristes, peu de béton et du vert partout, pas grand chose à faire, si ce n’est profiter du grand air et rencontrer les gens.

    Mile nous a invitées à aller voir une source à deux kilomètres de là, demain : chouette !
    Samedi, j’aimerais faire une journée de randonnée, si je peux trouver un sentier balisé que mentionnait le site internet, car personne ne semble savoir quoique ce soit sur les chemins de randonnée par ici, ni même aucune sorte d’information touristique ! Mais j’adore !


    (...)

    Lilie
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    Carnets de Macédoine (2017) Empty Re: Carnets de Macédoine (2017)

    Message par Lilie Jeu 3 Aoû - 1:52

    13 juillet 2017
    Mavrovo NP

    Aujourd’hui, on a pris le bus pour aller dans les montagnes, en Macédoine ! Ensuite, on a mangé dans un restaurant. Aussi, après dans le restaurant on a demandé s’il y avait un hôtel, ils ont dit non. En fait si, il y avait un hôtel mais il était trop loin, on savait pas comment faire ! Y avait une dame dans le restaurant, elle avait un camping car, elle nous a emmenées. Elle s’arrêtait mais pas tout à fait à l’hôtel et après on croyait que c’était pas long mais c’était quand même long. Et j’arrêtais pas de dire « Oh ! C’est long ! » et Maman elle disait « je sais Kinderette... ». Nous voici arrivées à la maison de Magda ! C’est une maison qui est comme un hôtel et y a trois chambres où on peut dormir et son travail c’est dans sa maison. Et pis aussi dans le camping car y avait un petit chat et il était trop mignon ! Et aussi je l’ai porté et je ne pouvais pas jouer avec lui parce que la voiture elle bougeait et il était petit. Il pouvait s’échapper et se faire mal aussi, alors-eu hein !...
    Nous voici arrivées à l’hôtel. Au début on a d’abord dit bonjour et on discutait avec la dame. Et Maman, elle parlait dans sa langue et la dame, elle parlait dans sa langue, et elles se comprenaient bien. Et la dame qui s’appelle Magda elle nous accompagnait dans la chambre. Ensuite, j’allais faire ma sieste. Ensuite pour le goûter, c’était Meri qui avait préparé des petits biscuits et j’ai joué dans le jardin. Mile il m’a emmenée voir la rivière et ensuite j’ai montré la rivière à Maman. La rivière elle était au bout du jardin. Et aussi, c’était bien cette journée. Et après, je m’en souviens plus... Après, on est allée se promener voir l’église à la mer. Non ! Au lac ! Et on avait vu trois chiens, là-bas, au grand lac et il était même très joli ce lac. Et on voulait aller se promener jusqu’aux vaches. On pouvait pas parce que le lac il gênait le passage ! Donc on a fait demi-tour jusqu’à la maison. J’ai pris ma douche et après on est allée au restaurant. Par contre je me suis habillée ! Au restaurant, on a mangé une pizza et j’ai joué là-bas et après j’ai joué au papa à la maman parce qu’il y avait un petit parc. Et ceux qui travaillaient là, c’était deux amoureux... Enfin, je pense qu’ils étaient mariés !
    Et après, bah Maman elle a écrit ce qu’on lit, là, tout de suite. Et c’était une très grande journée aussi. Et c’est ainsi que ça se finit !

    (...)

    Kinderette

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    Carnets de Macédoine (2017) Empty Re: Carnets de Macédoine (2017)

    Message par Fabricia Jeu 3 Aoû - 8:53

    top ! Quel régal de lire le journal de bord de Kinderette... bravo















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