Albatros a écrit:Le véritable Voyageur...
N’est-il pas celui qui aura su garder intacte... Son âme curieuse d’enfant ?
Tout d'abord, désolé Albatros, mes propos vont peut-être te sembler dur.
L'écrit a ceci de négatif qu'il ne permet pas (contrairement au "vrai" dialogue)d'atténuer une critique ou un avis contraire par un sourire ou une voix amicale.
Cet avertissement fait, allons droit au but !
Cela me gêne toujours qu'un avis personnel soit transformé par celui qui l'exprime en une vérité, une affirmation que d'autres doivent partager s'ils ne veulent pas être dans l'erreur.
Sur le plan sémantique pur, le terme de voyage n'a jamais inclus le rêve ni la notion d'âme d'enfant.
Voyager, c'est se déplacer et éventuellement aller dans une contrée lointaine. La définition de voyage n'inclut pas, à ma connaissance, de but qui soit lié au rêve. Un déplacement professionnel est un voyage (l'expression "voyageur de commerce" a d'ailleurs été utilisée durant de nombreuses années).
Tu écris également
Albatros a écrit:Si le déplacement lié à la survie existe malheureusement encore de nos jours

Les temps ont tout de même bien changé !
Et le
"Voyage-Plaisir" a dans notre société actuelle, pris fort heureusement le pas !
S'agit-il d'une impression personnelle ou possèdes-tu des statistiques te permettant d'écrire que sur x voyages dans le monde, plus de la moitié sont des voyages d'agrément ?
Je serais très intéressé par ces statistiques, parce que je doute fort du résultat.
Si le tourisme* a fortement augmenté ces dernières années, je ne suis pas certain qu'on puisse affirmer qu'il supplante, en quantité, les voyages professionnels ou les trajets domicile<->travail. N'oublions pas que ce qui est considéré comme "la plus grande migration humaine" n'a rien à voir avec le grand départ du 1er juillet sur l'A6 : c'est le voyage (aller/retour) que font des millions de chinois chaque année pour aller fêter le nouvel an d'une famille dont ils sont éloignés pour raison professionnelle.
* Tourisme : j'ai pu constater (notamment à la ville d'à côté) que ce terme était considéré comme tabou par de nombreuses personnes qui, parce qu'en voyageant en routard, ou en se voulant respectueuses des populations qu'elles croisent, souhaitent se distinguer des s.....de touristes qui se paient des voyages organisés pour aller d'un hôtel de luxe à l'autre.
Que cela nous plaise ou non, à partir du moment où le voyage que nous effectuons se fait pour une raison d'agrément, c'est du tourisme : c'est la définition même de ce terme. C'est la raison pour laquelle je l'ai utilisé dans le paragraphe précédent.
Pour en revenir à ta question, même si je remplace le mot voyageur par touriste, j'ai du mal à adhérer pour plusieurs raisons :
1) déjà, je n'aime pas qu'on utilise le terme de "vrai" pour qualifier le terme de voyageur (cela sous-entendrait que les autres sont faux ?),
2) ensuite, lorsque j'étais enfant, je n'aimais pas voyager. J'étais malade en voiture (je le suis d'ailleurs toujours lorsque je suis passager

). De plus, quand l'école était finie et que je n'avais plus de devoirs à faire, je pouvais enfin profiter de mes jouets, de ma chambre, de la cour dans la maison de mes parents. Ce n'était pas le moment de me dire "viens, on va visiter telle ville, telle région, tel pays !". "Pourquoi, on n'est pas bien là ?!"

3) dès le début de ma carrière professionnelle, je me suis déplacé, très souvent (train, avion, voiture). A cette époque, pour moi, le repos, le loisir, c'était de rester tranquille chez moi. Les seules exceptions : les montagnes proches (les Alpes).
Ce n'est que bien plus tard que j'ai commencé à voyager pour mon plaisir. Alors, le jour où je retrouverai mon âme d'enfant, j'arrêterai de voyager
Si je m'attache maintenant aux régions qui m'attirent, aux sujets qui me captivent et de manière générale à mes centres d'intérêt, c'est à dire tout ce qui est la raison des voyages que j'accomplis et qui contribue à la manière dont je les effectue, ils sont inévitablement différents (en partie au moins) des tiens, eux-même différents de ceux d'un autre villageois...
Peut-on dire pour autant que l'un de nous est plus un "véritable voyageur" que les autres ?
Je ne le pense pas.
Pour terminer, je fais un pari. Je suis persuadé que ceux qui liront ce texte en entier, n'auront qu'une envie, à la fin : effectuer un voyage.
Pour les uns, ce sera vers leur lit, pour bénéficier d'un repos bien mérité, pour d'autres ce sera vers leur pharmacie, afin d'y trouver le cachet permettant d'atténuer leur mal de tête