Debriefing II

Pourquoi être sérieux à 73 ans ?

C'est magnifique toute cette verdure dans l'aéroport

Contrôle
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Tout est changement et différence (Prajnanpad), les jours se suivent et ne se ressemblent pas, venir dans le même quartier de la même ville depuis pas mal d'années ne s'apparente en rien à une routine, et tout peut arriver... surtout quand on ne s'y attend pas.

Ainsi, pourquoi cet après midi là je prends la grand avenue qui descend au centre ville... et qui passe devant le commissariat? Bon, il est 15h, en général les flics ne travaillent pas l'après-midi, me suis- dis, je ne risque pas de contrôle sur ma moto. Mauvaise intuition ! Merde ! Ils sont là ! Un policier me fait signe d'arrêter, il a le carnet de contraventions en main avec une grande envie d'en remplir une feuille, de m'en coller une ! Vu que je roule avec le casque, je sais ce qu'il va me demander : permis de conduire, international de surcroit ! Je lui présente le papier bleu de mon loueur où est renseigné mon nom, numéro de passeport et de la moto. Il me demande le permis et moi je ne comprends rien, alors (belle innovation !) il utilise le traducteur de son smartphone...en anglais ! Et moi, je ne comprends toujours pas (pour jouer l'ahuri, je suis médaille d'or !), alors il s'informe de ma nationalité et me montre la traduction en français ! et moi... je ne comprends toujours pas (ça devient chaud !) et il m'écrit en plus de venir avec lui au commissariat pour payer 500 baths d'amende pour défaut de permis de conduire ! J'évite à tout pris d'avouer que je n'ai pas de permis ! Soudain il décide de téléphoner à mon loueur, un initiative qui s'avèrera être une erreur pour lui mais sur le coup je ne suis pas rassuré car, après tout, je suis un étranger, et je me demande ce que va dire mon loueur à ce policier sur mon hypothétique permis de conduire puisque le dit policier a bien vu le numéro de mon passeport sur le reçu de ma location donc, pour lui, le loueur aurait dû s'assurer que je possède un permis.

La conversation s'engage, le policier indique le numéro de la plaque d'immatriculation de ma moto, et je reconnais la voix de la sœur de mon loueur - elle s'occupe de la partie administrative. Le policier questionne et j'entends les réponses fermes de la dame, presque véhémente me semble-t-il - évidemment je ne comprends rien aux détails de ce dialogue au téléphone. Sentiment d'être mal barré, d'avoir bientôt l'obligation de m'alléger de 500 baths ! Au bout peut être d'une ou deux minutes, le policier met fin à son appel téléphonique, vient vers moi, me rend le reçu de ma location et me dit, dépité, éteint, c'est bon je peux partir ! Instantanément l'euphorie me gagne, c'est pas possible ! Ahurissant ! Je décide tout de suite d'aller remercier mon loueur, j'en suis pas loin, moins d'un kilomètre. A peine arrivé, je gare ma moto devant l'atelier et déjà j'entends la voix de la sœur qui m'interpelle : Bapa ! Bapa ! Elle se précipite vers moi, joyeuse, au bord de l'hilarité, et me raconte qu'elle a dit au flic qu'elle exige le passeport et permis de conduire en dépôt quand elle loue une moto ! Moi aussi je suis aussi joyeux qu'elle, elle, qui à l'évidence, est bien contente d'avoir roulé le flic, et moi de ne pas avoir eu à payer 500 baths ! Elle m'a même conseillé de ne plus passer par cette grande rue qui descend au centre ville mais de contourner, prendre les voies adjacentes. Une précision, tout de même : je la connais, et son frère aussi, depuis une quinzaine d'années, je discute pas le prix de la location, je fais nettoyer la moto régulièrement de ma propre initiative, et je la rends ainsi réservoir plein comme on me l'a donné le premier jour de location, et ce sont des gestes, un comportement, qu'ils apprécient comme une politesse du quotidien.

Alors, cette histoire de permis? Lecteur/lectrice, vous qui venait de lire ces quelques lignes ne concluez pas que la Thaïlande est le pays où on peut faire ce que l'on veut, une illusion qui peut couter cher, exemple cette française qui n'avait respecter l'interdiction de fumer ou de vapoter et qui s'est retrouvée derrière les barreaux parce qu'elle avait refusé de payer une forte amende (dans la chambre de mon hôtel l'interdiction est affichée et l'amende pour les contrevenants est de 5000 baths !). Bien entendu, il vaut mieux avoir son permis de conduire international, quant à moi je me comporte comme thaïlandais lambda car beaucoup roulent sans permis, prendre une prune revient moins cher que de passer le permis ! Une année, j'avais eu la mauvaise idée de ne pas prendre une rue... adjacente !

Hop ! Un flic me fait signe de m'arrêter, pas de permis, il me prend tout de suite la clé de ma moto et me dit d'aller payer l'amende dans la grande cour du commissariat. J'y vais. Stupéfaction ! Il y a une file d'attente de plus d'une cinquantaine de citoyens de la ville ! Une fois en possession du reçu de l'amende je reviens voir le policier qui garde ma moto et le lui remet. Et lui de s'excuser, oui il est désolé, hier on a volé cinq motos dans la ville alors vous comprenez, me dit-il, on arrête systématiquement toutes les motos. Bref, j'ai été pris dans une rafle !

"May pen raï" (c'est pas grave) ai-je dit au policier, et je suis parti sous ses encouragements !



Maadadayo !