Plaisirs du jour

Là, en cet instant, je le sens, je le sais, ne me demandez pas pourquoi ni comment, je dois ouvrir les yeux.
Un instinct, un lien au-delà du voir et de l'ouïr.

Face à moi, à moins d'un mètre, planté droit sur ses pieds, de toute sa hauteur qui n'atteint pas la mienne, un petit bonhomme me regarde droit dans mes yeux qu'il ne peut pas voir derrière mes lunettes.
Petite bouille éveillée, tout sourire, regard franc, direct, affirmé, pétillant de malice et si bienveillant.
Mon sourire qui s'éveille ne fait que décupler le sien.
Nous nous entendons, sans geste, sans mot.
Encore un instant sans temps.

Je comprends à l'agitation qui nous entoure que sa famille aimerait le voir bouger et me laisser tranquille.
Je tends ma main, paume offerte au ciel.
Il dépose sa menotte, paume dans la mienne.
Contact... évident, naturel.
Le temps d'un battement d'aile de papillon... ou plus.

Sa main s'est envolée en toute légèreté, comme lui.
Sans un regard en arrière.
Nul besoin : tout était dit, tout était fait.
J'ai refermé les yeux sur mon intérieur, sourire aux lèvres.

Vient inévitablement le moment de se relever, s'étirer et se dérouiller, pour reprendre le sens de la marche, remonter vers la ville. Lentement, pas trop vite.
Prendre le temps de vivre et respirer l'instant présent, fière d'avoir pu, d'avoir su.
Il faut avouer, un peu poussée par deux rendez-vous suffisamment espacés en cette belle journée de presqu'été.
Merci à eux.
Merci à moi.
Merci la vie.