Je ne prends pas assez souvent le temps de venir poser par ici mes impressions-plaisirs du jour...
Hier, sur cette route qui me mène régulièrement d'une rive à l'autre, je me suis promis que je ne manquerai pas de partager mon plaisir des yeux du jour.
Les beaux mots d'hier en voiture assemblés se sont envolés. D'un dictaphone je devrais m'armer...
Je vais pourtant essayer de vous raconter ce cadeau que Dieu, Dame Nature ou qui vous voulez, ou rien ni personne d'ailleurs, m'a offert en se prenant pour un Georges Seurat.
C'était comme si ce grand maitre du pointillisme avait peint le paysage qui défilait sous mes yeux dans cette lumière très particulière d'une éclaircie aux rayons crus quasi-horizontaux entre deux mi-temps d'averses orageuses, cette netteté toujours étonnante et détonnante de l'atmosphère lavée par les pluies passées.
Imaginez, regardez, voyez...
... ces massifs forestiers des monts environnants, verticalités de pixels colorés, verts passés, jaunes, oranges, ocres et roux, bruns lumineux, le tout mis en valeur et rehaussé des verts sombres de sapins...
... sur leurs plus bas étages, les petits carrés blancs des lointaines façades blanches éclaboussées de soleil , pointillées de leurs fenêtres, volets et portes...
... un peu plus haut, lorsque les nuages accrochés acceptent de se disloquer un peu, quelques alpages récemment victimes d'une bordée de neige... pointillés de blancs et verts donnant l'impression de pouvoir dénombrer les brins d'herbe entre les flocons posés au sol... illusion d'optique totale compte tenu de la distance qui nous sépare de ces espaces...
... encore plus haut, vision fugace offerte par un déplacement cotonneux : un sommet rocheux saupoudré de sucre glace, gris, blanc, des petits points, encore des petits points...
Redescendons le regard vers la route - il vaut mieux en conduisant - pour constater que jusque là le piqueté est de rigueur avec ces arbres malmenés par le vent et la pluie, en grande partie effeuillés et laissant apercevoir leurs voisins de derrière, les uns derrière les autres, petits points de feuilles résiduelles colorées, de portions de troncs et branches blancs, bruns ou noirs...
Et toujours plus proches, là, juste à côté, des érables sûrement, dont chaque feuille semble être une composition différente de points de couleurs variées...
Et là, j'ai dit "merci", juste un immense "merci" pour cette exposition de peinture vivante.
Voilà, c'est moins joliment écrit que comme je l'avais formulé en pensées

, mais j'espère que c'est encore assez... "visuel" pour vous.