Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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    Message par Lilie Dim 18 Nov - 14:09

    Geob,

    J'ai du loupe une ligne: les buissons de billets en offrandes, ils en font quoi? C'est systematique pour les fetes religieuses?


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    Message par geob Dim 18 Nov - 14:27

    Le plus beau, c'est que j'ai voulu poster ce matin, j'ai prévisualé, et... je n'ai même pas envoyé !!!
    Quand ces dames font la fête, elles ne refusent pas l'alcool. Au Laos, c'est pareil ! Quoique, il y a plus de jeunes dans ces fêtes bouddhistes au Laos, que j'ose expliquer par le faible niveau de vie. En Thailande, les jeunes ont d'autres chats à fouetter !
    Merçi d'avoir palier à mon étourderie invraisemblable !

    Lilie, on voit ces "buissons" que pour les fêtes bouddhistes ! Les dons aux temples !
    Dans ma guest house, la patronne n'a pas encore préparé son "buisson" ! Ce n'est pas qu'une fois par an !

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    Message par Invité Lun 19 Nov - 14:13

    Pour les bottes, je suis convaincue de leur utilité quant aux serpents.
    Pour les gants ??? S'il s'agit de pesticides et que la toxicité est telle simplement par contact dermique, j'imagine ce qu'il en est pour l'ingestion du riz !
    Si t'es encore là-bas, demande aux dames quand tu en croises, tu veux bien ?
    J'ai cherché sur internet, je n'ai rien trouvé. En Inde, je n'ai jamais vu de gants portés dans les rizières.
    Ohhh, ce mystère m'intrigue.
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    Message par Lilie Lun 19 Nov - 14:28

    geob a écrit:Lilie, on voit ces "buissons" que pour les fêtes bouddhistes ! Les dons aux temples !
    Dans ma guest house, la patronne n'a pas encore préparé son "buisson" ! Ce n'est pas qu'une fois par an !
    Tu veux dire que ca peut etre un "buisson" offert par personne? Han!! Heureux moines!


    Pondy a écrit:Pour les bottes, je suis convaincue de leur utilité quant aux serpents.
    Pour les gants ??? S'il s'agit de pesticides et que la toxicité est telle simplement par contact dermique, j'imagine ce qu'il en est pour l'ingestion du riz !
    Si t'es encore là-bas, demande aux dames quand tu en croises, tu veux bien ?
    J'ai cherché sur internet, je n'ai rien trouvé. En Inde, je n'ai jamais vu de gants portés dans les rizières.
    Ohhh, ce mystère m'intrigue.
    Pourquoi le port des gants n'aurait-il pas la meme utilite que celui des bottes? Se proteger des serpents?

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    Message par geob Mar 20 Nov - 3:22

    Les arbres à fric sont offerts au temple. Le seau est attribué à chaque moine !

    A fait ? Pourquoi on vend des gants en plastique, en France, pour faire le ménage ou la vaisselle ?
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    Message par geob Mar 20 Nov - 3:43


    Un air révolutionnaire

    Ce matin, en me réveillant, cet air m'est venu sans crier gare. Il y avait longtemps que je n'avais écouté cette chanson révolutionnaire espagnole, reprise au Chili pendant Allende. Il faut dire que j'avais acheté l'album de Carla Bley (que j'ai vu deux fois sur scène) et Charlie Haden : "The ballad of the fallen".

    Après le coup d'état, béni par les étatsuniens, qui a renversé Allende, nous sommes allés, mon frère et moi, voir la manifestation qui s'est déroulée à Paris, en septembre 1973, pour protester contre Pinochet. C'est étonnant comme cela nous avait choqué, alors qu'aujourd'hui les ethnies peuvent se "génocider" à qui mieux mieux en Afrique, ça nous laisse de marbre : on va pas faire des manifs pour des évènements qui nous sont extérieurs ! Lorsque j'ai appris que les militaires chiliens avaient coupé les doigts du chanteur-guitariste Victor Jarra, dans le stade de Santiago du Chili, j'ai été guéri à jamais de l'idée de me rendre dans un stade ! Rien que le mot "stade" me faisait horreur, et me remettait en mémoire les images du documentaire nazi sur "les dieux du stade".



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    Message par Invité Mar 20 Nov - 7:48


    A fait ? Pourquoi on vend des gants en plastique, en France, pour faire le ménage ou la vaisselle ?


    Les paysannes sur la charrette ne semblent pas faire la vaisselle et nos paysannes ne mettent pas des gants en latex pour faire les foins.
    Ceci dit j'vais pas faire du foin pour ça.
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    Message par Dolma Mar 20 Nov - 8:41

    Si on se réfère à ce document, on peut facilement conclure à la nécessaire utilisation des gants pour le travail dans les champs. Enfin il me semble.

    www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/@ed_protect/@protrav/@safework/documents/publication/wcms_117459.pdf

    Et d'abord, en Thailande, on fait la vaisselle les mains nues ! La preuve langue

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    Message par Invité Mar 20 Nov - 10:37

    Hé Dolma, 24 pages le dossier et t'sais quoi, j'ai presque tout lu sauf les dernières pages qui ne sont que les conventions signées datant de 1969 pour la plus ancienne à 2000 pour la plus récente.Et chacun sait que même les pays signataires ne sont pas très regardants.

    Ceci dit ce dossier n'est finalement qu'un méga CHSCT international et l'on n'y parle pas du bon usage des gants langue

    Ce que j'en retiens c'est que 250 millions d'enfants de 5 à 14 ans (page 6) bossent. Affligeant.
    Z'ont pas de gants.
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    Message par geob Mar 20 Nov - 11:09


    Misogynie

    J'ai roulé toute la matinée, et ce début d'après midi, tout en sifflotant cet air révolutionnaire qui m'a saisi dès le réveil, et puis je me suis dit pourquoi ne pas en parler ? Dimanche dernier, j'ai mangé une troisième fois dans un temple ! Cette fois-ci c'était un temple dans un village, à une dizaine de kilomètres de Chiang Rai. J'ai garé la moto dans la cour, et je me suis dirigé vers le temple. Je suis passé d'abord devant un grand bâtiment moderne qui doit servir de lieu de réunion. Mon angle de vue m'a permis de voir trois femmes assises par terre. Elles m'ont repéré, une dame sort et m'interpelle pour m'inviter à manger. Bon, le repas de midi est réglé, me suis-je dis. Je suis entré, et, à ma grande stupéfaction, j'ai constaté qu'il y n'avait qu'une dizaine de dames assises sur des nattes, en train de manger. Une impression de vide, de tomber aussi sur une réunion entre amies du village. Bizarre, pas grand monde pour ce "tamboun" ! Comme d'habitude, j'ai été pris en charge. Sur les nattes, il y avait plusieurs plats, de quoi goûter à diverses saveurs, et je me suis attardé sur du porc au curry rouge - délicieux ! Une femme m'a apporté un verre rempli de glaçons, puis je lui ai ouvert la bouteille de coca cola en plastique sur laquelle elle tentait vainement de dévisser le bouchon. Et puis, elle a entamé cette conversation dont j'ai aussi l'habitude : d'où je viens, où je vais (quand je réponds : je me promène, les gens doivent se dire pourquoi dans la campagne, leur lieu de vie... une idée de farang !), tout seul ?(je réponds oui, et c'est le grand étonnement, alors on insiste...) pas de madame ? Toutes ces dames doivent trouver ce farang fort curieux, et à chaque la dernière remarque c'est pour me dire que je suis fort (dur, costaud). pour vadrouiller tout seul !

    J'ai quitté ces gentilles dames, et je suis entré dans le temple pour voir s'ils avaient reçu les buissons à fric. Eh bien oui, ils étaient par terre, renversés devrais-je dire, dépouillés, ils ressemblaient presque à des arêtes de poisson à la fin d'un repas ! Il y avait des messieurs assis sur des tapis qui comptaient la recette. Je me suis approché, et... mince alors ! ils étaient en train de manger, enfin ceux qui n'avaient pas encore fini ! Comme dans le bâtiment moderne, il y avait plusieurs plats par terre, des assiettes. Ainsi, seuls ces messieurs ont eu le droit de manger dans le temple ! Les dames, dans la remise !

    Mon étonnement fut bien léger, je sais très bien que le bouddhisme est une religion très misogyne, comme toutes les autres ! ( et dire que le bouddhisme a bonne presse en occident !) Bouddha lui même avait refusé l'entrée des femmes dans la communauté (sangha), son entourage lui a forcé la main, alors il a annoncé la disparition de la communauté. Et il n'a pas eu tort ! Le bouddhisme s'est éteint pendant 5 siècles avant qu'il ne renaisse !

    Sur la route du retour, je suis passé ici.

    Debriefing - Page 2 Thaino53

    Maadadayo !
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    Message par Dolma Mar 20 Nov - 11:47

    C'est pas gentil de critiquer le bouddhisme parce qu'il me semble que tu en "profites" bien en te faisant généreusement nourrir miam ! ! J'ai l'impression que ton repas du midi ne te coûte pas trop cher ces temps-ci rire . Sacré Geob va...

    @pondy : j'ai lu aussi toutes les pages sourire ... On n'y parle pas de l'usage des gants mais on peut supposer le bien-fondé de leur utilité non ? Et puis tu sais, les femmes de ce pays sont plutôt du genre chochotte (l'apparence est très importante), alors avec les gants, elles protègent leurs mains des agressions diverses et variées et les gardent jolies...

    C'est quoi la prochaine aventure la star ! ?

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    Message par geob Mer 21 Nov - 7:11


    Valeur d'usage, valeur différentielle.

    J'ai lu le livre de Jean Baudrillard, "La société de consommation", oh il y a plus de vingt ans, si ce n'est pas trente ! Cette lecture m'a passionné, dire qu'elle a changé ma vie serait peut être exagéré, mais cela n'en est pas loin. Les deux valeurs qui font le titre de mon élucubration sont les éléments fondamentaux pour comprendre un peu ce que c'est réellement la société de consommation. Oh bien sûr, en parler aujourd'hui c'est comme enfoncer une porte ouverte - quoique... -, seulement ça fait du bien de faire, de temps en temps, du courant d'air !

    Aujourd'hui, on sait très bien que dans la fabrication d'un objet on a programmé son obsolescence - techniquement, ou alors par l'apparition du même produit avec quelques changements ou améliorations pas très utiles. Ainsi, le dernier Iphone sorti. Les gens ne se sont pas précipités dessus pour sa valeur d'usage, mais pour sa valeur différentielle. Si je possède le nouveau, je ne me différencie pas en tant qu'individu seul, mais en tant qu'individu qui fait parti d'une "tribu", d'une "élite", différente de la masse consommatrice - entre gens du même monde, quoi. Cela ne veut pas dire que seuls les gens qui ont pouvoir d'achat conséquent l'ont acheté. Un employé ou une employée l'a sans doute acheté, ce nouvel Iphone, en zappant d'autres dépenses peut être plus utiles, mais cet achat lui apportera beaucoup sur le plan psychologique, et cela lui donnera l'illusion qu'il/elle est socialement différent/e des gens qui ne peuvent se le payer, qu'il/elle est comme les gens au dessus de la masse.

    Ce principe de valeur d'usage, valeur différentielle, peut s'appliquer à tous les achats, quelque qu'il soit. Si tous les gens s'interrogeaient sur la valeur d'usage de leur achat envisagé, il y aurait un gros problème dans notre mode de vie ! Je pense souvent à la valeur d'usage avant d'acheter quelque chose, et parfois cela débouche sur des situations cocasses. Ainsi, une fois j'ai acheté des draps de bonne qualité en solde, un prix fort agréable. La couleur : rose ! Mais ça, ça m'a laissé complètement indifférent, je m'en fichais pas mal de la couleur, ce qui m'importait c'était donc sa valeur d'usage. A l'époque, je n'avais de machine à laver, j'ai apporter les draps au "pressing". Quand j'ai voulu les récupérer, je me suis aperçu que j'avais perdu mon ticket. Derrière le comptoir, j'ai repérer mes draps, empaquetés dans du plastique, au milieu d'autres sur une étagère, à environ trois mètres de distance. Alors j'ai dit à la dame, en les désignant :
    - Je les vois d'ici !
    La dame s'est mis à chercher dans ce tas de draps, cherchant mon nom sur les paquets.
    - Je ne trouve pas, monsieur.
    - Enfin, madame, je les vois, moi. Ce sont les draps roses !
    - Mais ce n'est pas possible !
    Je suis resté bouche bée, puis :
    - Comment ça, pas possible ?
    - Mais enfin, monsieur, ce sont des draps pour femme !!!
    Il a fallu que j'insiste pour qu'elle aille constater que mon nom figurait sur le paquet.


    Monica Vitti

    C'était dans un film italien, à sketches. Le premier illustrait très bien ce que c'est la société de consommation.
    Monica Vitti rêve devant un magasin d'électro-ménager : elle veut acheter un réfrigérateur. Son mari n'est pas d'accord, mais elle va passer outre. Elle va faire un crédit, elle va être obligé de se prostituer pour payer une traite.
    Intérieur de chez Monica Vitti. Visiblement, un appartement de prolétaire, mais regardons attentivement. On sonne à sa porte. Elle va ouvrir, c'est sa voisine qui apparaît avec un saladier recouvert d'un torchon. Bonjour Monica, comme vous avez la chance d'avoir un frigidaire, vous pouvez me garder le rôti que je viens d'acheter, je viendrai le reprendre demain. Toute fière, Monica fait entrer la voisine.
    Prenez les patins ! Le carrelage de la cuisine est brillant ! La voisine met le saladier sur la table de la cuisine et s'assoit. Vous prendrez bien un verre d'eau fraîche, propose Monica. Alors elle ouvre l'objet de son désir : il est vide, il y a juste une bouteille d'eau qu'elle pose sur la table avec deux verres. J'aimerai bien être à votre place, dit la voisine, quelle chance vous avez, nous on a pas les moyens ! Monica se redresse, elle est heureuse. Le réfrigérateur étincelle de propreté, Monica passe même un chiffon de poussière dessus, puis elle s'assoit et son tour et verse à boire. La voisine s'extasie sur cette eau si fraîche dont elle semble se délecter. Monica se rengorge, elle se sent importante. La voisine va partir, Monica range la bouteille dans le réfrigérateur, ainsi que le saladier plein de viande...


    J'ai pensé que ce sketche illustrait parfaitement ce que c'est la société de consommation, en ce qui concerne la valeur d'usage ou différentielle d'un produit.




    Maadadayo !
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    Message par geob Ven 23 Nov - 4:49


    Le rire de Ndeye Djembery (Sénégal, 1982)

    J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,
    Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux.

    Baudelaire


    Je n'en reviens pas ! Je me rappelle toujours de son nom, et je crois que je ne ne l'oublierai jamais : Ndeye Djembery ! Depuis cette année là, je dis toujours que les femmes Oualof sont les plus belles du monde, et Ndeye Djembery était l'une d'entre elles, d'une classe folle, d'une élégance incomparable, une grande liane qui portait ses boubous magnifiques telle la reine d'un royaume mystérieux . Lorsque nous marchions à côté d'elle, nous ne savions jamais où nous mettre, quelle contenance prendre, comment accorder notre pas au sien, d'une lenteur savante et noble, bon sang, nous avions l'impression d'être les gnomes, oui, encore une fois, d'une reine qui nous tenait en laisse par sa beauté et son charme, sa douceur, et ses senteurs délicates de fraîcheur et de parfums subtils.

    Je ne me rappelle plus qui, de l'ami ou moi, a choisi, ou du moins eut l'idée de voyager au Sénégal.

    Après Dakar, nous arrivâmes à M'Bour où une odeur de poisson séché nous accueillit - on finit par s'habituer. Mais où dormir ? Ce fut le serveur d'un restaurant qui nous proposa une chambre, dont le prix nous parut correct. Il nous amena dans une rue non goudronnée, plutôt sablonneuse. Et nous voici devant chez Ndeye Djembery. Il y avait deux petits bâtiments de plein pied, disposé en L inversé, avec les toits en tôle ondulée, une cour où s'égayaient des volatiles. Sur la droite, à l'abri d'un auvent, elle était là, assise sur sommier, en train de lire un livre de poche. D'emblée, je fus intéressé, intrigué par cette grande et fine jeune femme qui lisait. Mais que lisait-elle ? " Le pull-over rouge" de Gilles Perrault ! Je m'attendais à tout, sauf à ce livre qui raconte l'affaire Ranucci - condamné à mort et exécuté à Marseille sous Giscard d'Estaing. Elle se leva, intimidée, parla en oualof avec le gars qui nous avait conduit chez elle, et nous montra la chambre : deux matelas posés sur le sol en ciment, vu direct sur le toit en tôle ondulée puisqu'il n'y avait pas de plafond. Nous acceptâmes, après quelques hésitations compréhensives, même le prix réitéré par le serveur et cela sembla gêner Ndeye. Elle ne mit pas longtemps à nous expliquer, à sa grande confusion, que nous étions les sous-locataires du gars : il lui payait la moitié de notre prix ! Nous la rassurâmes, bien que nous l'avions mauvaise, et nous décidâmes de rester pas plus d'une nuit ou deux.

    Et nous restâmes une semaine entière.

    Le matin, nous étions réveillés par l'activité de Ndeye et sa mère dans la cour, avec l'aide d'une gamine du quartier. Coups de balai, donner à manger à la volaille, laver le linge. Mais j'oublie de dire que sa mère, pour la décrire, rien de plus simple : elle ressemblait à Simone Signoret, enfin celle des dernières années.

    Nous passions la matinée à vadrouiller dans les environs, entre midi et treize heures nous étions de retour. Quelquefois, elles nous proposaient de manger avec elles, et souvent, les après-midi, Ndeye nous offrait le thé à la menthe, avec les trois services. Nous nous asseyions à côté d'elle, sur le sommier.

    Ndeye recevait de la visite, des hommes qui venait lui conter fleurette. Je me souviens d'un instituteur, il tentait sa chance mais je voyais bien l'indifférence de Ndeye. Une fois, ce fut un type grand, large d'épaule, vêtu d'une djellaba qui vint lui parler doucement et elle l'écoutait les deux mains derrière son dos, le pied appuyé contre le mur. Ah ! Ah ! C'était peut être le bon ! Ndeye me donnait l'impression d'être intimidé, elle minaudait, et moi je souriais car je trouvais cette scène bien charmante. Ensuite, vu que le type était plutôt bel homme, nous lui demandâmes si c'était son futur mari. Non, nous affima-t-elle, ce pêcheur était comme tous les autres, il lui réservait un rôle de première ou deuxième épouse, pas d'épouse unique, et Ndeye refusait absolument de ne pas être l'unique épouse d'un homme. Elle nous indiqua que la famille qui vivait dans la maison mitoyenne était tenue par trois femmes mariées au même homme, la marmaille était si nombreuse que les gens du quartier appelait cette famille la république de Chine !

    Ndeye Djembery ne voulait pas vivre ainsi, elle était vraiment différente, à part.

    Une après midi, elles sortirent des fauteuils et les installèrent dans la ruelle. Elles nous invitèrent à nous asseoir, tandis qu'elles prirent place sur des nattes étalées sur la terre. Le papotage commença, Ndeye traduisait pour sa mère, et puis survenait le silence qui nous permettait d'apprécier ces minutes qui passaient sans que nous nous sentions obligés de le meubler par des paroles inutiles. Nous vivions depuis quelques jours cette vie africaine, elle nous libérait de ces activités touristiques ennuyeuses - à voir, à faire, dit "Le routard"-, nous nous contentions de sentir, d'ouvrir nos yeux. Un monsieur qui tripotait son chapelet musulman s'arrêta devant nous, nous salua avec la formule arabe bien connue, nous répondîmes de même. Il dit quelque chose à Ndeye, un sourire lumineux se dessina sur son visage. Elle nous traduisit. Le type venait de lui dire que les gens du quartier nous appelaient "les fiancés de Ndeye". Ce serait mentir de ne pas dire que cela nous fit un énorme plaisir. Ensuite, il parla plus longtemps, soudain, Ndeye et sa mère éclatèrent de rire. Oh le rire de Ndeye ! Une merveille de rire ! Non pas comme les rires que j'entends autour de moi, genre moteur de voiture qui n'arrive pas à démarrer, ou un rire bruyant et vulgaire qui m'insupporte, et un rire qui ressemble au son d'une crécelle agité par un lépreux, l'horreur !, non, le rire de Ndeye sonnait à mes oreilles comme une musique cristalline, c'était un "rire de bon coeur", presque le rire d'une enfant, avec ce geste du buste qui s'inclinait vers le sol, et sa main qui s'abattait sur la natte pour souligner l'énormité de ce qu'elle venait d'entendre. (Après ce périple sénégalais, rentré en France, j'ai réalisé que sans m'en rendre compte, en ne pensant absolument pas à Ndeye, je riais comme elle, avec la même gestuelle !). L'homme s'éloigna enfin, et nous nous empressâmes d'interroger Ndeye. Elle nous raconta qu'il sortait de la mosquée ; pendant la prière, tout à coup, un vieil homme qu'elle connaissait s'était écroulé, terrassé par une crise cardiaque ! Stupeur de notre part ! Mince, l'islam c'était vraiment décontracté au Sénégal ! ...
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    Message par Invité Ven 23 Nov - 9:05

    J'adore top ! Cette dernière "Tranche de Vie", Geob ! sourire
    Qui se termine malheureusement en... "Tranche de Mort" ! surpris

    Mais pensif la Vie et la Mort...
    Ne sont-elles pas tout simplement ... Des soeurs jumelles ??? clin d'oeil
    geob
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    Message par geob Sam 24 Nov - 12:38


    Une lettre pour Ndeye. (Sénégal, 1982)

    ...Même à ses côtés, je transcendais la réalité, je la transformais par mon imagination parce que je savais bien qu'elle m'était inaccessible, alors tant qu'à faire je l'emmenais avec moi dans un monde qu'elle ignorait. Ainsi, il m'arrivait souvent de me prendre pour Corto Maltese, et elle devenait pour moi Bouche Dorée, cette amie mystérieuse, un peu magicienne. Magicienne ? Ndeye l'était déjà, il lui suffisait d'apparaître pour que tout devienne merveilleux. Une fin d'après midi, nous l'avions invité au seul endroit climatisé de M'Bour : la patisserie. Sa mère lui parla avec un visage sévère, comme si elle voulait l'empêcher de nous accompagner. Ndeye nous expliqua que sa mère avait peur des "djins", c'était leur heure, mais elle, elle ne craignait rien, et, comme pour nous en faire une démonstration éclatante, elle revêtit un boubou sublime, avec des fils d'or, au tissu visiblement de grande qualité ; elle s'était même légèrement maquillée ! Bon, je n'insisterais pas, mais qu'est-ce qu'on avait l'air ridicules à côté d'elle !

    Puisque nous voyagions à deux, il fallait tout de même continuer notre route. Pour nous dire adieu, Ndeye avait revêtu une robe occidentale, de couleur bordeaux. Bon sang ! Ndeye, tu la portais magnifiquement bien ! Les mannequins noirs n'étaient pas à la mode en 1982, mais je comprenais très bien pourquoi les couturiers les avaient beaucoup engagés les années suivantes. Mû par une soudaine inspiration, je m'étais retourné : Ndeye nous regardait partir avec une tristesse qui m'étonna, qui me toucha.

    Ensuite, au cours de notre périple, à chaque fois que nous rencontrions des Françaises, nous ne manquions jamais de leur parler de Ndeye Djembery, avec des propos si élogieux qu'elles finissaient par nous dire de ne pas exagérer. Je reconnais que nous forcions le trait, l'ami n'était pas le dernier là dessus, mais faut reconnaître aussi que nous avions le sentiment d'être redescendu sur terre et d'avoir repris contact avec une réalité psychologiquement plus confortable, plus accessible.

    T.E. Lawrence écrit dans "Les 7 piliers de la sagesse", et je cite de mémoire, peut être avec une erreur, mais je suis sûr des derniers mots : "Une émotion sentie était une émotion conquise, une expérience morte, que nous enterrions en l'exprimant". Alors, pour me libérer, j'écrivis une lettre à Ndeye. J'avais pris l'habitude de dire au tout venant que c'était les plus belle lettre que je n'avais jamais écrite. Trente ans plus tard, je suis bien content de n'avoir rien gardé de ces mots, couchés sur le coup d'une émotion esthétique. Aujourd'hui, ils me feraient peut être rire, en tout je me souviens d'une phrase, comme une tache d'huile sur une feuille de papier blanc, une véritable grenade dégoupillée, une phrase absurde, ridicule, et bien hypocrite : " Si j'avais été pour le mariage, tu es la seule femme que j'aurais épousée !" Comment avais-je pu écrire une pareille bêtise, ou alors je la considérais tellement au dessus de moi, tellement royale, que je n'imaginais pas qu'une femme pareille pût s'intéresser à moi, et je lui faisais ainsi part, par cette phrase alambiquée, à quel point elle m'avait épinglé par sa beauté, sa prestance et sa gentillesse.

    J'envoyai la lettre.

    La veille de partir du Sénégal, nous trouvâmes à Dakar un bon hôtel tenu par une dame française, assez âgée. Pas mal de photographies en noir et blanc, sous cadres, accrochées au mur derrière le guichet d'accueil. Intrigué par le portrait d'une beau jeune homme, je demandai à l'hôtelière si elle pouvait nous en dire quelque chose. Alors, avec un mélange de tristesse et de colère contenue, elle nous parla de son fils : il s'était suicidé parce qu'une femme oualof n'avait pas voulu l'épouser. Vlan ! Je reçus ça comme une gifle, et puis, quelque part, je pensais le comprendre, ce pauvre jeune homme mort par amour, mais je doutais fort d'en venir à ces extrémités.

    Et la routine reprit le dessus, rythmé par le travail obligatoire. M'Bour était si loin de Paris. Deux semaines après mon retour, j'ouvris une lettre en provenance du Sénégal : c'était Ndeye Djembery qui m'écrivait ! Je bondis de joie ! Je lus la lettre avec une avidité monstrueuse, puis je la relus plus calmement... et puis ces mots qui me plaçaient devant un choix à faire : " je veux bien t'épouser !". Un effet boomerang dont j'étais le responsable ! Je ne m'attendais vraiment pas à ça, en même temps ça me flattait. Alors je regardais autour de moi : bon sang, comme c'était petit, quel manque de place ! Accueillir ici Ndeye, se serait comme l'incarcérer dans une cellule. Démissionner, partir en Sénégal, et comment avoir des revenus ? Le choix pour moi ne fut pas cornélien, il fut même très rapide : je répondis qu'elle m'avait mal compris, et que je lui souhaitais de rencontrer quelqu'un qui ferait d'elle son unique épouse.

    Pendant longtemps, je me suis demandé : et si j'avais été seul au Sénégal, est-ce que cela aurait changé ma vie ? Ce dont je suis sûr, c'est que je serais resté à M'Bour, jusqu'au moment de reprendre l'avion. Car il est pour moi évident que j'aurais repris l'avion ! En 1996, je suis allé voir le film de Woody Allen : "Tout le monde dit I love you". Je me souviens de la scène où Woody tente de draguer Julia Roberts, d'une façon peu conventionnelle, en lui soufflant sur l'épaule - il me semble qu'il se mettait sur la pointe des pieds pour lui arriver à l'épaule. Dans les années 80 j'avais les cheveux longs comme Woody, et une monture de lunettes en plastique, alors, en le voyant avec Julia Roberts, je me suis vu avec Ndeye : le couple vraiment improbable !

    Je n'ai pas la nostalgie de Ndeye Djembery, je n'ai aucun regret, je suis tout simplement content de l'avoir rencontré. Et puis ç'aurait été bien dommage de rater tout ce que j'ai vécu par la suite, ces rencontres, ces moments forts, parfois dangereux. Mais je salue le destin qui a eu beaucoup d'humour à mon égard : j'ai souvent fait mes plus belles rencontres ou trop tôt, ou trop tard !






    Maadadayo !
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    Message par geob Dim 25 Nov - 15:26


    Et de quatre !

    Tout d'abord, je suis allé voir une nouvelle fois la cascade, Huay Khorn Waterfall, à 30 klm de Chiang Rai. La route monte petit à petit, ensuite, il faut laisser la moto, et prendre le sentier de 1klm 400 qui y grimpe, à travers la forêt

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    Je suis arrivé en nage ! Il y avait déjà des thais, la dame attendait ses amis.

    Ce ne sont pas des pièces de monnaie sur les arbres !
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    Debriefing - Page 2 06711


    Au retour, j'ai cherché des chemins de traverse, j'aime faire la Thailande, à la paresseuse.(1) Dès que je vois quelque part un drapeau thai et bouddhiste plantés, ils m'indiquent qu'il y a un temple dans le coin, alors j'ai pris ce petit pont de bois


    Debriefing - Page 2 07811


    Je suis arrivé dans un endroit, en pleine nature, pas l'ombre d'un chedi, mais des petites maisons de moines, un dais sous lequel, à l'abri d'un soleil ardent, des femmes étaient en train de manger, tandis que d'autres se penchaient sur des grosses marmittes. Je suis passé devant elles, j'ai parlé plus loin avec un type qui m'a indiqué qu'il n' y avait pas de temple, mais que... j'ai rien compris. Je suis repassé devant ces dames pour aller reprendre ma moto, seulement elles n'étaient pas d'accord. Venez manger ! Venez manger ! Je me suis approché, une chaise tout de suite, un bol devant moi dans lequel j'ai dégusté une soupe légèrement gluante, morceaux de viande, trois petits oeufs durs, peut être de caille. Comme elles étaient bien sympathiques, ces dames, j'ai sorti l'appareil photo


    Debriefing - Page 2 07310


    C'est alors qu'une autre, qui cuisinait, a placé devant moi un grand plat qui venait de cuire à la vapeur. J'ai indiqué en thai ce que c'était...








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    Message par geob Dim 25 Nov - 15:34

    .....

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    elles ont tous rigolé ! Ca alors ! Le farang sait parler le thai ! Un nouveau bol, avec les raviolis. (kiio). Puis elle met devant moi un récipient rempli de viande de porc rouge, finement tranché - une viande de grande qualité. Nouvelles exclamations de ces dames quand elles m'entendent dire : mou daeng ! (porc rouge). Aussitôt, la cuisinière me met dans morceaux dans mon bol de raviolis !

    C'était la quatrième fois que l'on m'ai nvité à manger, et j'ai bien mangé !
    Pas possible, la Thailande ne veut pas me lâcher !

    fabizan
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    Localisation : Sainte Enimie Lozère

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    Message par fabizan Dim 25 Nov - 23:59

    geob a écrit:.....

    Pas possible, la Thailande ne veut pas me lâcher !

    Ne compte pas sur moi pour te plaindre, je dirais plutôt tant mieux pour nous !


    _________________
    Fabienne
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    Message par geob Mar 27 Nov - 9:10


    Se sentir utile (Thailande, 1983)

    Au mois de mai 2013, cela fera trente ans que je viens en Thailande. Inutile de lister tous les changements que j'ai pu observer jusqu'à aujourd'hui, je n'en finirais pas, j'ai même vu construire le métro à Bangkok, Bangkok, où dans certains quartiers, un flic pouvait encore arrêter la circulation pour la diffusion de l'hymne national à 18 h. Mais c'était en 1983, et comme tous les pays la Thailande a considérablement changé, à une vitesse sidérante. Aller de ville en ville, c'était déjà facile, si ce n'était qu'il n'y avait pas encore toutes les offres qui rend ce pays si attractif, si commode pour se déplacer, qu'il n'ait nul besoin de s'informer sur les horaires des bus : il suffit d'arriver dans la gare routière, d'indiquer sa destination, et on vous désignera aussitôt le bus qui s'apprête à partir !

    En mai 1983, alors que je me trouvais à Hua Hin, je décidai de descendre vers les îles, Kho Samui en particulier. Un matin, je pris un bus, on dirait aujourd'hui un bus local. Un monde la dedans ! Pas une place de libre ! J'étais mal barré, j'allais passer toute la journée debout. Le contrôleur vint me vendre mon billet, puis, il tapota l'épaule d'un homme assis, et il lui fit signe de se lever pour me laisser sa place. Le type se leva prestement, et je pris sa place. Aujourd'hui, une scène pareille me paraît inimaginable : le thai ferait la gueule, aurait le sentiment de perdre la face, et d'ailleurs je pense qu'aucun contrôleur ne se risquerait à essayer !

    En début d'après midi, il y avait toujours du monde, et j'étais bien content d'être assis. A un arrêt dans une petite ville, une femme monta avec ses deux enfants en bas âge. Elle trouva une place de libre, à ma hauteur, de l'autre côté du couloir. Et sans me demander mon avis, elle installa d'office son gamin (pas plus de 5ans) sur mes genoux, tandis qu'elle gardait sa fille (à peu près le même âge) sur les siens. Vu la façon dont on s'était comporté avec moi, je n'allais tout de même pas râler ! L'enfant étonné me regarda, puis, comme on fait pour se nicher au creux d'un oreiller, il remua sa tête contre ma poitrine pour trouver la meilleure position, enfin satisfait il s'endormit aussitôt ! Je plaçais mes bras autour de lui afin que personne ne s'avisât de le déranger. Au bout d'un moment, la mère me jeta un coup d'oeil et resta stupéfaite : elle n'en revenait pas de voir son gamin dormir aussi facilement dans les bras d'un inconnu, "farang" de surcroît. Elle me fit comprendre qu'il n'était pas aussi tranquille habituellement.

    Pendant environ deux heures, je ne bougeais d'un pouce. De temps en temps, la mère du petit me regardait, visiblement épatée. Arriva l'instant où elle quitta le bus. Elle se leva, prit son gamin qui avait plutôt envie de continuer à dormir dans mes bras. Elle éclata de rire, l'empoigna, et descendit avec ses enfants après m'avoir remercié. Dehors, ils me firent tous un petit signe de la main quand le bus démarra.

    Ensuite... ensuite, je me suis senti très bien, habité par une grande sérénité. Rien à voir avec une émotion quelconque, puisque je n'étais ni heureux ni malheureux, encore moins triste de ne plus avoir le môme dans mes bras, ni soulagé d'ailleurs, aucune colère d'avoir été coincé pendant une partie de l'après midi sur mon siège : j'étais à l'aise, bien dans ma peau, mon état était lié à un sentiment qui m'était jusqu'alors inconnu.

    Ce jour là, j'ai eu le sentiment d'avoir été utile.


    Maadadayo !
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    Message par geob Mer 28 Nov - 15:10


    Combat de coqs



    Le but suprême du voyageur est d'ignorer où il va, nous dit Lie Tseu, alors j'ai pris ce chemin dans la campagne, le long des rizières. J'entends des exclamations, zut je vais tomber sur un match de foot entre équipes villageoises. Lorsque j'ai vu toutes ses motos agglutinés dans un espace restreint, puis un coq qui s'égosille, j'ai compris que j'allais assister à des combats de coqs.



    Les paris ne sont pas faramineux - on est à la campagne -, mais ils évoluent au cour du combat : de 200, ils sont passés à 800 baths ! Il y a deux ou trois personnes qui prennent les paris, ou plutôt les notent sur un carnet, ils semblent agir comme des bookmakers.

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    Message par geob Mer 28 Nov - 15:22


    suite...

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    La fin du combat, du round en fait, approche. Le propriétaire d'un coq attend le signal pour s'emparer de son volatile.

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    Puis, les soigneurs vont bichonner les combattants, soigner les blessures

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    Message par geob Jeu 29 Nov - 10:10


    Si la lecture de "La société de consommation" de Jean Baudrillard m'a beaucoup marqué, que dire alors de :

    La fin des terroirs (La modernisation de la France rurale -1870-1914), de Eugen Weber.

    Ouh là ! Voilà un titre bien sérieux qui annonce une lecture assommante, trop sérieuse ! Que je le dise tout de suite : "La fin des terroirs" se lit comme un roman ! Et des plus captivants ! Il nous ouvre les portes d'un monde que la plupart d'entre nous, sortis de l'école, ignorait, celui d'une France composée de multiple pays, et donc de multiple langues, avec chacun ses particularités et son riche vocabulaire pour les unités de distances et des poids, des traditions séculaires, des fêtes, des marchés. Sur le site de "Métrologie Française" on peut lire :


    Jusqu'au XVIIIème siècle il n'existait aucun système de mesure unifié. Malgré les tentatives de Charlemagne et de nombreux rois après lui, visant à réduire le nombre de mesures existantes, la France comptait parmi les pays les plus inventifs et les plus chaotiques dans ce domaine. En 1795, il existait en France plus de sept cents unités de mesure différentes.

    Weber nous montre que cette diversité a perduré jusqu'à la fin du XIXe, voir début XXe, dans pas mal de régions.

    En 1870, la France c'était la campagne, un monde pauvre, que l'on jugeait arriéré. Nous avons appris à l'école que la Prusse, cette année là, a envahi la France. Oui, mais quelle France ? Au sud de la Loire, les habitants de ce pays qu'on appelle France ne se sentaient pas concernés, pour eux c'était une affaire entre les "étrangers du nord" et les Prussiens !!! Une parenthèse : Napoléon III a beaucoup œuvré pour le désenclavement des régions, pour la modernisation du pays.

    A la fin du livre de Weber, il y a des documents officiels de l’Éducation Nationale datant de la deuxième moitié du XIXe (je ne me souviens plus de la date exacte), et donc pas si lointain que ça au regard de l'histoire. Alors, Oyez ! Oyez ! les champions de la France aux Français, à cette époque, je répète pas si lointaine que ça, la moitié des Français parlaient... Français ! Faut être naïf pour croire que Jules Ferry a rendu l'école obligatoire pour faire des êtres humains cultivés, capables de raisonner, discriminer, capables plus tard d'affronter la vie, non, le but était de mettre dans la tête de ces petits paysans qu'il fallait apprendre le français, et surtout leur assèner qu'ils vivaient dans un pays qui s'appelle "la république Française". Bref, une entreprise de normalisation forcée, forcenée !

    Weber relève que Alexandre Sanguinetti a dit : "La France s'est faite envers et contre les Français". Il fallu du temps pour... normaliser ! La nation Française s'est profondément enracinée dans les tranchées de 14/18. Au début, les régiments étaient constitués de gens de même "pays", mais les massacres ont vite fait de les disperser. Alors il a fallu créer des postes d'interprète pour permettre une meilleure intégration dans leurs nouveaux régiments. Il y a eu cette histoire tragique d'un Breton à qui son officier permit de rejoindre un camp militaire à l'arrière du front, en raison de sa blessure. Arrivé au camp, il provoqua la suspicion d'un officier, on l'interrogea, et, comme il ne parlait que le breton, il fut incapable de se faire entendre. L'interprète était en permission, il fut fusillé en tant que déserteur !

    Les rescapés de la grande boucherie savaient parler le français, ils avaient compris qu'ils possédaient un atout pour monter dans l'échelle sociale. En revenant dans leurs "pays", ils imposèrent le français dans leurs familles, surtout pour les enfants.

    Bien entendu, le livre de Eugen Weber ne parle pas que de la difficulté à imposer le français... aux Français. Il nous dépeint la vie des paysans de cette fin du XIXe siècle, leurs conditions de vie effarante, leurs buts, et aussi cette persistance des charivari dont on a pas idée aujourd'hui !
    Petit à petit la désertion des campagnes - des mondes qui faisaient peur aux gens des villes jusqu'alors - occasionna un "boum" immobilier formidable dans les villes - par exemple au dessus des immeubles bourgeois, l'étage des chambres de bonnes, à Paris, et sans doute ailleurs -, fit découvrir un autre mode de vie à ces paysans, leur niveau de vie améliora - ils partaient de si bas !

    Je me souviens que la lecture de ce livre, "La fin des terroirs", m'avait laissé pantois. Décidément, moi qui aime l'histoire, j'ai appris beaucoup de choses en sortant de l'école !







    Maadadayo !
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    Message par geob Ven 30 Nov - 15:39


    Loy Krathong

    Cette fête a duré deux jours, et, dans mon quartier, les pétérades, les explosions ont retenti jusqu'à tard dans la nuit, tandis que des lanternes prenaient leur envol.
    C'est une fête bien sympathique, beaucoup de jeunes y participent. A la nuit tombée, les gens allument et posent des bougies devant chez eux, cela crée une ambiance étonnante.
    Séjournant près de la rivière Kok, je n'ai pas besoin de marcher beaucoup pour aller observer et prendre quelques clichés. J'y suis allé d'abord en fin d'après midi, puis vers les 20h. Les "krathongs" étaient vendus 35/40 baths, et ceux des frimeurs je ne sais pas !

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    Elle a prié longtemps avant de poser son petit radeau sur l'eau. Et sa bougie ne s'est pas éteinte... comme toutes les autres !

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    Message par geob Ven 30 Nov - 16:01

    (je fais souvent dijoncter le village, et ça me déconnecte. Plouf ! Plouf ! Je recommence)

    Loy Krathong, la nuit

    Vous verrez sans doute ailleurs des photos spectaculaires, avec de milliers de petites lumières qui flottent sur l'eau, mais moi c'était dans mon quartier !

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    Message par geob Ven 30 Nov - 16:10


    Loy krathong, la nuit (suite)


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