26 étapes. 26 réponses à des questions parfois ignorées, au point qu´il ne nous viendrait pas à l´idée de les poser à notre pire ennemi.
Le choix de l´alphabet latin n´est pas innocent. Dans le registre cyrillique ou arabe, comme nous aurons l´occasion de le voir plus tard, il me reste quelques lacunes à combler.
Voici donc le plan de mon récit : ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ.
Allons-y car je juge inutile de prolonger l´introduction.
Azerbaïdjan
Evidemment un voyage commence toujours par un série de justifications sans queue ni tête donnant lieu parfois à quelques dialogues ubuesques. Dans le cas qui nous concerne, citons cet exemple caractéristique : il s´agit d´une brève séance, digne d´un interrogatoire, lors d´un café pris en terrasse avec une collègue de bureau.
- C´est où l´Azerbaïdjan et y a quoi à voir là-bas ?
- Au bord de la Mer Caspienne. Au dessus de l´Iran. En dessous de la Russie. Y a du pétrole et du caviar.
- Et ca vous suffit pas, l´Iran ?
- Faut croire que non.
- Tu peux pas aller en Italie ou en Espagne comme tout le monde !
Pardon de contredire ma chère collègue, mais je vais aussi en Italie et en Espagne, à l´occasion disons ! Pas comme tout le monde justement, parce que tout le monde n´a pas le budget nécessaire pour y aller, même si des kilomètres de RTT bouchonnent les comptes horaires des salariés. On ne va pas commencer à parler de porte-monaie troué parce que je vois revenir au galop la réaction épidermique, déjà que le rhume des foins à cette saison, c´est pas drôle... Je renvoie donc les amateurs de ce sujet tendance aux nombreux articles de presse qui font le tour de la question « crise » depuis des mois.
Reprenons notre route... de la soie. Avec pour première étape la Terre du Feu (l´Azerbaïdjan traduit en persan) et sa capitale Bakou, dont le nom signifierait la Ville du Vent. Tout un programme... inflammable au possible! et surtout idéal pour nous réchauffer au sortir de cet interminable hiver.
Pourquoi l´Azerbaïdjan ? Parce que, comme tout le monde ne le sait pas, Lufthansa proposait une promo alléchante en avril pour Bakou. Et surtout, étant donné les quatre heures et demie de vol depuis Francfort, bien vite passées, on aurait été idiots de s´entasser, une vingtaine d´heures durant, dans un véhicule diesel pour atteindre l´Andalousie ou la Calabre.
Côté malchance : il se trouve que le film montré dans l´avion était le seul que je voulais voir à aucun prix... Australia. Quand Nicole Kidman, toute barbouillée de suie, embrasse le virilissime Hugh Jackman, je me suis étonnée que tout l´avion n´éclate pas de rire comme moi devant les images de ce spectacle-guimauve-stéréotypé et larmoyant au possible.
Coté chance : le menu poisson-épinards, un régal de plat aérien, certes un peu gâché par l´odeur peu érotique, plutôt nauséabonde (et encore, je suis polie) des pieds de mon voisin de derrière qui a vicié l´air pressurisé de l´appareil dès lors qu´il a retiré ses baskets, c´est à dire du décollage à l´atterrissage. Malgré cet incident, Lufthansa remonte dans mon estime, d´autant que l´autre alternative était de voler avec Azerbaijan Airlines dont le tarif est inversement proportionnel au nombre de garanties en matière de sécurité (compagnie testée sur une ligne intérieure, comme on le verra à la lettre F comme Folie !).
Reprenons le chemin du Caucase parce qu´à ce rythme, on va y passer l´hiver 2009-2010, surtout si on espère franchir un jour la ligne d´arrivée du Z. Plus sérieuse que la raison invoquée ci-dessus, il y avait le réel désir de remettre les pieds sur le territoire iranien et, quitte à voir Tabriz et le versant iranien de l´Azerbaïdjan (Azerbaïdjan Charghi, dont Tabriz est la capitale), autant creuser un chouia et pousser jusqu´au territoire azéri.
Que dire encore ? Carrefour en l´Orient et l´Occident, ex-république soviétique, l´Azerbaïdjan est une terre de contrastes (on croirait l´intro d´un reportage GEO...). Contrastes culturels (on passe des salons de thé de village les plus déglingués aux boîtes de nuit les plus branchées de Bakou) ; géographiques (les champs de pétrole ne sont jamais très loin des plages de sable fin ou des volcans de boue) ; climatiques (climat alpin... voire arctique sur les hauteurs ou bien, humide et chaud, dans le sud du pays. 9 des 11 zones climatiques seraient représentées dans le pays. Chacun établit les records qui sont à sa portée).
On échappe rarement à un petit rappel historique quand on veut saisir le pourquoi et le comment d´un pays. Ne vous réjouissez pas trop vite, il sera question d´invasions et d´autres civilités dans un prochain casier. Devinez lequel !
Pour résumer, je dirais que la découverte de l´Azerbaïdjan a été une surprise de bout en bout, en complet décalage avec celle de l´Iran. Tant sur le plan social que culturel, architectural que culinaire, le pays tranche fortement avec le voisin perse. Il n´y a pourtant qu´un fleuve, l´Araz, qui sépare de façon concrète sur la carte, un même peuple (celui des Azéris, composés d´éléments turcs, iraniens et caucasiens). Mais il y a surtout un passé turbulent... entre autre, le joug soviétique qui a pesé durant des décennies sur ce pays, entravant en partie son développement et le rouleau compresseur communiste qui l´a marqué de traces indélébiles. Pour finir il y a cette douloureuse transition, encore inachevée, vers l´indépendance et l´économie de marché.
Quelques photos