Dernières nouvelles de la Thaïlande.
Rien n'est immuable, tout change, tout se transforme, bref, toujours des nouveautés et ce n'est pas toujours pour améliorer la vie des gens.
En arrivant à l'aéroport de Bangkok, contrôle des passeports et... on vous tire le portrait. Une boule noire sur une tige métallique, comme un oeil sur patte, regardez sa lumière rouge, bougez pas, c'est bon vous êtes sur nos fichiers numériques ! Cela se passe dans tous les aéroports de Thaïlande, on vous photographie de même lorsque vous quittez le territoire, là, on ne comprend pas trop pourquoi, peut être pour vérifier si vous avez grossi ou pas, ou alors subit une opération esthétique? Vous êtes entré homme et vous partez femme? Au début, j'avais trouvé cela irritant, puis, comme tout le monde, j'ai fini par m'habituer et accorder à cette pratique une indifférence mesurée. Pour mon retour, voici une nouveauté : dorénavant, ils vous prennent vos empreintes digitales !!! Exactement comme vous l'avez fait en France pour votre passeport biométrique, chaque guichet à l'aéroport est muni d'un petit terminal pour le bout de vos petits doigts (le majeur a envie parfois de se révolter, et de se dresser fièrement), ah, ensuite ne pas oublier les pouces (je me suis fait rappeler à l'ordre par le flic thaïlandais). D'aucuns trouvent cela normal, et donc ils n'auront rien à redire le jour -bientôt proche?- où on nous prélèvera nos empreintes génétiques, notre ADN. Principe de précaution, on ne sait jamais, et puis je n'ai rien à me reprocher... et toc ! Voilà, on connait le discours : surveillance pour notre sécurité, et pour notre sécurité nous sommes prêts à abandonner même notre âme, nos pensées, nos rêves. Je vais peut être surprendre, tout cela me parait logique. En effet, le XXIe siècle sera le siècle des mouvements de population d'une ampleur jamais vue dans l'histoire, déclenchés par des catastrophes écologiques, des problèmes pour l'accès à l'eau, voir au... sable si important et si présent dans notre vie quotidienne et dont l’exploitation surabondante, voir le vol, finit et finira par provoquer des dégâts considérables, des raisons politiques bien sûr, les guerres, j'en passe et des pires ! Or, pour les gouvernements dans le monde, c'est un sujet qui fait peur, ils ne peuvent se permettre, de peur d'être déstabilisés, de ne pas maîtriser ces courants humains qui, croient-ils, dévasteront tout sur leur passage. Il faut donc une surveillance accrue, sophistiquée, à la chinoise, aux normes chinoises - pour ceux qui s'intéressent à ce qui se passe dans le Xinjiang.
Chouette, la mondialisation, c'est pour tout le monde.
Avant de retourner en France en avril, j'avais laissé un gros sac chez un couple de restaurateurs de mon quartier. Entre nous, nous les appelons les "Gentils". Pourquoi? Parce qu'ils le sont, et en plus chez eux ce n'est pas cher et c'est bon. Le lendemain matin de mon arrivée, je vais prendre mon petit déjeuner chez eux. A ma grande surprise, je vois ces deux motos devant chez eux...![Dernières nouvelles de la Thaïlande Thumbn14](https://i.servimg.com/u/f90/16/07/75/74/thumbn14.jpg)
... pas possible ! Même ici on livre la nourriture ! Même ici les gens veulent rester chez eux devant leur télévision ! Monsieur Gentil m'a dit que cela a commencé dès mon départ, mais je suis sûr que c'est madame Gentil qui a eu l'idée de travailler avec eux. Du coup, ils ont "boosté" leurs activités, et d'ailleurs je l'ai tout suite constaté à leur figure : je ne les avais jamais vus aussi fatigués ! D'après ce que j'ai lu, cette "uberisation" du monde se répand comme une épidémie, cela va devenir une pandémie car on trouve ce système, semble-t-il, même en Inde ! Là encore, je suis admiratif devant la capacité du capitalisme à se renouveler pour que le système perdure. En l’occurrence, individualisation du travail, l'auto-exploitation en faisant croire que tu deviens ton propre patron, permet au capitalisme de briser tous les liens de solidarité entre les salariés, enfin les derniers liens qui subsistent encore, de réaliser ainsi l'idéal d'un "monde parfait" : d'un côté le pouvoir économique, de l'autre des milliards d'individus en concurrence les uns avec les autres.
Il y a deux ans, j'avais acheté deux tee-shirts de la même marque en tissu... moderne, je veux dire par là qu'il n'ont pas besoin d'être repassé, c'est léger, agréable à porter même quand il fait très chaud. Ils étaient fabriqués en Thaïlande. L'année dernière, je suis dit, tiens, j'en reprendrais bien un autre. Ah... fabriqué en Birmanie cette fois-ci, main d'ouvre moins cher qu'en Thaïlande, c'est sur. Quant au tissu, hum, hum, on dirait de moins bonne qualité.
Cette année, je viens de les revoir dans un centre commercial...
... Dorénavant, ils sont fabriqués en Ethiopie !
Maadadayo !