La baguette maléfique du Covid-19 a comme jeté un sort sur le pays pour le figer en son état (oui, je sais, c'est partout pareil dans le monde, mais là je suis en Thaïlande) : aller de ville en ville, ça vous ne le connaîtrez plus durant le mois d'avril, que ça soit par route ou par air. Les gens vont rester dans leur ville, dans leur village, ainsi le virus aura du mal à se répandre ailleurs d'où il a surgit.
Les Thaïlandais m'épatent par la façon dont ils ont pris le problème à bras le corps. On les devine, obéissants, consciencieux, méticuleux.
Dorénavant, toutes les boutiques des centres commerciaux Big C (Big C = Casino) sont fermées, rares sont celles qui restent ouvertes ; seul le supermarché en tant que tel l'est dans sa totalité.
A l'entrée d'un centre commercial, des portes condamnées vous conduisent vers une entrée dorénavant délimitée en deux files par un ruban en plastique. Coté gauche on entre, on sort à droite. Il y a même sur le sol des flèches rouges qui vous indiquent le sens de la marche. Comme d'habitude, une employée/employé du Big C vous accueille avec son pistolet thermique (36.9). Nouveauté, on vous colle sur vous un stick vert qui signale donc, soyons logique, que vous n'avez pas de fièvre. Mais, socialement, cela ne veut pas dire que vous pouvez enlever le masque ; en le gardant, votre attitude montre que ce n'est pas vous qui allez contaminer les autres et, encore et une dernière fois, ici on ne se serre pas la main, on ne se fait pas la bise. Et voir que tout le monde en porte, même les enfants en bas âge, c'est rassurant. Aux caisses, maintenant il y a des traits rouges espacés d'un mètre, et personne n'a l'idée de passer outre et de s'approcher du client qui le précède. En plus du masque, des caissières sont affublées d'une protection en plastique transparent devant le visage, tenu par un serre-tête, une sorte d'hygiaphone portatif, quoi.
Hier, j'ai voulu passer l'après-midi chez "Madame Hill Coffee". Mince ! Fermée ! Changement de programme, je suis retourné à "Ud Coffee", cette immense estrade posée sous les arbres (donc un espace ouvert aux quatre vents), en face du grand étang de l'université de Rajabat. C'était ouvert, d'ailleurs tous les jours jusqu'à 20 h !!! Et la patronne fort intelligente, sa famille charmante, vont me voir toutes les après-midi.
J'ai demandé à la patronne si elle avait eu la visite des flics. En effet, ils sont venus, ils ont vu les tables séparées de deux mètres, le site bien aéré, pas de confinement délétère, et voilà, elle reste ouverte alors que d'autres, moins débrouillards, en sont réduits à travailler en "take away".
Puis, nous avons abordé le problème du Covid 19. Elle m'a dit qu'il y a 8 personnes traitées pour cette maladie au grand hôpital public de Chiang Rai. Ils n'ont pas été contaminés à Chiang Rai. Ils viennent de Bangkok, Chiang Mai, un de Chine et un des U.S.A.
Gageons que les Thaïlandais coincés à l'étranger, désireux de rentrer dans leur pays, ne seront pas lâchés comme ça à leur retour : ils subiront une quarantaine !
La patronne de l"Ud Coffee" m'a affirmé qu'aucun cas ne s'est déclenché en ville et maintenant les villages se protègent. J'ai donc compris pourquoi, sur les petites routes de campagne, il peut arriver de se retrouver derrière quelques voitures, comme je venais de l'être avant d'arriver ici. J'ai cru que c'était un contrôle de police, en fait c'était un type, sans doute un fonctionnaire avec son polo plein d'inscriptions en thaï, qui prenait la température de chaque conducteur, et le tout avec le sourire. Quand il m'a vu, je roulais doucement, et j'ai continué le laissant avec son pistolet thermique en suspens.
Qu'on se rassure : après avoir quitté le "Ud Coffee", je me suis rendu au Big C Airport : j'affichais 36.6 ! (hier)
C'est quasiment tous les jours que je me fais prendre la température mais parfois je doute, je doute de la fiabilité de ce pistolet thermique.
Je continue à dîner au restaurant, comme hier soir. J'ai écrit plus haut que les tables étaient séparées d'au moins un mètre, en fait il y a plus que ça.

Revenons à aujourd'hui.
Ce soir, 1er avril, quartier de Meng Rai, la petite pharmacie est ouverte chaque soir. Changement : vous n'entrez plus dans la pharmacie, il y a une table qui vous en empêche et une grande protection en plastique au dessus, un paravent translucide, derrière laquelle officie l'apothicaire. Pour payer, vous mettez l'argent dans une corbeille, vous la glissez sous le paravent, et la monnaie vous vient de cette manière. Et sur la table, bien sûr, il y a un flacon de gel hydroalcoolique.
Quand je leur parle de la pollution, les Thaïs semblent s'en laver les mains... sans gel hydroalcoolique !