Chiang Rai, mercredi 4 décembre 2024
Déjà deux semaines à Chiang Rai, avec cette impression de ne l'avoir jamais quittée, juste une impression car je n'étais pas présent (heureusement) quand il y a eu l'inondation invraisemblable, du jamais vu dans le quartier du Kholoï. Lorsque je suis parti en mars 2024, j'ai laissé quelques affaires dans un petit sac à dos, chez les Gentils. Comme chaque année. Mais cette année la planète s'est faite copieusement arrosée, de l'Europe en passant par l'Asie. Et Chiang Rai n'a pas échappé à une catastrophe imprévisible, en particulier dans le quartier du Kholoï près de la rivière Kok, le quartier de Chian House et du restaurant des Gentils.
Cet été, j'ai changé de smartphone et, après une erreur de manipulation, j'ai perdu l'application Line et donc tous les messages. Des lors, je n'ai pu prendre connaissance des messages et photos que m'avaient envoyé Madame Gentil. Ce n'est qu'au cours de ma première visite le 22 novembre que je me suis rendu compte à quel point ils avaient vécu un enfer liquide. Elle m'a montré les photos du quartier, l'intérieur de leur restaurant où il y avait encore 60 centimètres d'eau (à l'entrée du restaurant il y a la trace de jusqu'où était monté l'eau, un mètre soixante dix !), et son message où elle s'excusait pour mon sac à dos dans lequel plus rien n'était récupérable, ce qui m'a un peu gêné vu l'insignifiance des choses par rapport à ce qu'ils avaient vécu. Alors, devant eux, je leur ai assuré que mes bricoles n'avaient aucune importance, que l'essentiel c'étaient qu'ils aient sauvé leur peau. La situation les a contraint à dormir deux nuits dans un temple avant qu'ils ne puissent regagner leur restaurant où il y avait encore 50 centimètres d'eau, de constater tous les dégâts - les ferrailleurs ont récupéré des postes de télévisions, des frigidaires, des machines à laver, des ventilateurs... Mais comment l'eau a-t-elle aussi soudainement envahie tout le quartier? La nièce des Gentils m'a expliqué que les pluies diluviennes de septembre, la rivière Kok qui sort de son lit et ravage les rives, tout cela n'a pas occasionné une vague comme un tsunami : l'eau est sortie quasi en même temps par les égouts dans toutes les rues du quartier !
Un peu plus loin, madame Chian m'a raconté tous les dégâts dans sa guest house, montré d'innombrables photos : la piscine remplie d'eau marron, les chambres dégradées tout le moins d'octobre durant lequel il a fallu nettoyer, repeindre, refaire le circuit électrique, renouveler les literies, avant que de pouvoir proposer à nouveau des locations - c'est pas mal reparti ces dernières semaines mais quelques touristes ignorent ce qui s'était passé en septembre !
Dans le quartier du Kholoi, il n'y a peu eu de "cellule de soutien psychologie" ni de manifestation contre le gouvernement.
Et personne n'a une assurance contre les dégâts des eaux, et autres intempéries.
PS : Madame Gentil, habituée à Line, s'est mise sur WhatsApp pour pouvoir m'envoyer les photos que je n'ai pu récupéré sur Line, dont ce message d'excuses qui m'a un peu gêné.
(Le visage émacié de Mr Gentil montre bien l'épreuve à laquelle ils ont été confronté, depuis il a retrouvé sa rondeur habituelle)
En aval de la passerelle, la crue de la rivière Kok a soulevé le milieu du pont pour se rendre aux sources d'eau chaude de Ban Phasoet (fermées pour un an)
Maadadayo !